Poursuivre ses études à l'étranger est un rêve qui peut se transformer en cauchemar, vu le grand nombre de cabinets d'intermédiation non autorisés. «Nous nous portons garants pour l'obtention du visa et l'inscription dans les facultés étrangères dans les plus brefs délais grâce à notre réseau de plus d'une centaine d'instituts supérieurs dans toute l'Europe». C'est ainsi que les cabinets d'intermédiation attirent les jeunes bacheliers tunisiens qui songent à continuer leurs études supérieures ailleurs qu'en Tunisie. Un message prometteur certes, mais mensonger également. Je suis venu, j'ai vu, je me suis fait arnaquer ! Les cabinets d'intermédiation autorisés par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (ils sont de l'ordre de douze) touchent des commissions pour les services qu'ils offrent (inscription dans une faculté à l'étranger et obtention du visa). La somme totale de cette opération est de mille dinars, dont 500 dinars lors du dépôt du dossier par le bachelier et le reste après l'obtention du visa. Jusque-là rien d'étonnant. Mais là où le bât blesse, c'est du côté de certains cabinets non autorisés qui en ont fait leur business. En effet, ce genre de cabinet lance périodiquement de courtes campagnes (de deux semaines généralement) pour offrir leurs services. Après avoir touché les 500 dinars lors du dépôt des dossiers, ils disparaissent complètement de la circulation. D'autres cabinets d'intermédiation ont recours à une autre technique d'arnaque, plus rusée et moins risquée. Ils informent les bacheliers dès le début que l'obtention du visa n'est pas garantie à 100% mais s'abstiennent de les prévenir qu'ils sont dans l'illégalité et que, par conséquent, ils n'ont aucun poids auprès des ambassades étrangères. Et comme dans toute transaction similaire, l'avance reçue (500 dinars lors du dépôt du dossier) est irrécupérable. Dans ce cas, le bachelier ne peut même pas porter plainte vu que le cabinet n'a jamais garanti l'obtention du visa. Et alors que les parents dénoncent une arnaque pure et dure, les propriétaires de cabinets affirment qu'ils répondent à toutes les questions des intéressés et qu'ils ne garantissent jamais rien. La faute à qui? Aux parents et aux bacheliers qui se jettent dans la gueule du loup pour poursuivre leurs rêves, ou aux propriétaires de cabinets qui attestent que leur démarche est légale et qu'ils mettent toujours en garde les intéressés contre la possibilité de non-obtention du visa? Le ministère essaie tant bien que mal Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique nous a affirmé qu'il suit ces affaires de près, mais qu'il ne peut rien y faire concrètement. Et pour cause, plus d'une cinquantaine de cabinets d'intermédiation exerce sur le territoire tunisien. Des cabinets qui changent souvent de noms et de locaux, ce qui rend leur traque quasi impossible. Cependant, le ministère publie, chaque année, la liste des cabinets autorisés et qui travaillent en collaboration avec lui. Le ministère multiplie également les campagnes de sensibilisation auprès des bacheliers désirant poursuivre leurs études à l'étranger tout en effectuant des visites de contrôle fréquentes aux cabinets d'intermédiation. Le ministère a déjà fermé quelques cabinets, même autorisés, pour abus et non-respect des clauses des contrats signés entre les différents protagonistes (ministère, bacheliers et ambassades étrangères). Afin d'éviter les arnaques, il vaut mieux avoir recours aux cabinets d'intermédiation autorisés, sinon s'adresser directement aux centres culturels relevant des ambassades. Le coût sera certainement un peu plus élevé, mais le bachelier est sûr d'obtenir le visa, sinon d'être remboursé. Cependant, le ministère est appelé à gérer ce secteur anarchique et désordonné, qui a fortement contribué à la propagation des pratiques louches et des arnaques.