Evoquant la «situation difficile» des tribunaux et le manque de moyens, Ben Ammou fait entendre que la réforme du système judiciaire n'est pas pour demain... Le ministre de la Justice, Nadhir Ben Ammou, a insisté à plusieurs reprises, hier lors d'une conférence de presse qu'il a tenue au siège de son département, sur l'indépendance du système judiciaire. «La justice est indépendante et nous n'intervenons pas dans son travail. Il en est de même pour le travail du ministère public. L'arrestation des gens et leur libération n'entrent pas dans nos prérogatives. C'est au juge que revient le premier et le dernier mot», a-t-il déclaré. La conférence de presse du ministre de la Justice intervient en une période caractérisée par l'abondance des critiques relatives à la dépendance du ministère public et du système judiciaire, notamment en ce qui concerne les affaires relatives aux journalistes. Des affaires qui font couler beaucoup d'encre mais qui ont aussi poussé les journalistes et la société civile, outre l'opposition, à protester pour défendre la liberté de presse et d'expression... Nadhir Ben Ammou, évitant de s'expliquer sur les questions qui lui ont été posées concernant l'intervention de son ministère dans le travail de l'appareil judiciaire, a surtout insisté sur l'indépendance des magistrats sans pour autant entrer dans les détails. De même, il a nié l'intervention de Noureddine B'hiri, ancien ministre de la Justice et actuel ministre conseiller auprès du chef du gouvernement, dans la magistrature et les procédures du ministère. Dans ce sens, il a appelé à «faire attention à ce genre de rumeurs» qui, selon lui, pourraient déformer la réalité alors que «le contexte nécessite davantage de prudence». «Si quelqu'un dispose d'une quelconque preuve au sujet de cette prétendue intervention, qu'il la présente!», a-t-il conclu sur ce chapitre. Nominations annulées D'après le ministre de la Justice, quatorze des dix-huit dernières nominations au sein du ministère ont été annulées, et ce, après le parachèvement de l'étude de leurs dossiers. Il s'est avéré que ces quatorze personnes avaient des antécédents judiciaires. Abordant le thème de la réforme du système judiciaire, Ben Ammou a relaté les difficultés rencontrées dans ce processus. « On ne peut pas compter uniquement sur les aides internationales. Les tribunaux, qui ont besoin d'une réforme structurelle, sont dans une situation difficile», a-t-il expliqué. Prenant la parole, le directeur général des établissements pénitentiaires, Habib Sbouï, a indiqué de son côté que, depuis la révolution, on a enregistré un déficit de moyens d'intervention dans les prisons. Il a nié que des leçons de prêche auraient été données par des hommes politiques (faisant allusion à ce qui a été rapporté à propos des leçons données par Habib Ellouz). Dans ce sens, Habib Sbouï a souligné que c'est le ministère des Affaires religieuses qui s'occupe de ce dossier et que ces leçons font l'objet d'enregistrements vidéo et de suivi. Nadhir Ben ammou a critiqué par ailleurs la prédominance de l'indépendance de l'Instance provisoire de la justice judiciaire. Et ce, aux dépens du ministère de la Justice. La loi régissant cette instance a été élaborée, dit-il, dans un contexte d'émotivité et non dans une vision globale des prérogatives du ministre de la Justice... Quant à l'affaire de l'ambassade américaine, le ministre a indiqué que les vingt accusés ont fait appel de leur jugement. Enfin, Ben Ammou a appelé à former des journalistes spécialisés dans les affaires de justice, de manière à mieux cerner le contexte judiciaire et ses péripéties... Un bémol, après le ton que l'on a perçu ces derniers jours vis-à-vis des journalistes, à l'instar de ce qui a visé notre collègue Zied El Héni...