Si des aveux arrachés aux terroristes du mouvement ont été exploités à bon escient, il n'en est pas encore de même pour d'autres qui attendent d'être mis à profit. Et le plus tôt serait le mieux, vu leur gravité Tant dans les locaux de la BAT (brigade antiterrorisme) que dans les bureaux des juges d'instruction du Tribunal de Tunis, c'est dans une course contre la montre que sont embarqués aujourd'hui les enquêteurs, à coups d'interminables séances d'interrogatoires auxquelles sont soumis les activistes d'Ansar Echaria arrêtés récemment. Pourquoi cette course contre la montre? «Tout simplement parce que les aveux arrachés jusqu'ici sont tellement précieux qu'ils nous ont permis d'étouffer dans l'œuf plusieurs attentats qui allaient être perpétrés», nous répond une source sécuritaire qui met l'accent sur «la nécessité d'arracher, dans les plus brefs délais d'autres aveux, à titre de prévention». Projets explosifs Il est vrai que, selon notre interlocuteur, «les desseins des terroristes sont beaucoup plus sombres et terrifiants qu'on ne le pensait». En effet, il s'est avéré que, outre leurs caches d'armes éparpillées un peu partout dans le pays et pas uniquement dans les mosquées et dans leurs traditionnels fiefs de cités populaires, ce qui constitue un vrai casse-tête, outre donc la chasse aux armes et munitions, les derniers aveux ont révélé l'existence d'escadrons de la mort composés de plusieurs dizaines de jihadistes qui courent hélàs encore, en dépit de la gravité des «expéditions punitives» dont ils sont chargés. Celles-ci, souligne l'enquête, vont des attentats à la voiture piégée à la liquidation physique d'hommes politiques, d'avocats, de journalistes et d'artistes, en passant par l'atteinte aux intérêts occidentaux en Tunisie. Autres révélations non moins explosives : des attentats à la bombe allaient être commis simultanément aussi bien contre les cibles dites classiques (édifices publics, hôtels, grandes surfaces) que contre des prisons et des postes de police et de la Garde nationale ! Attente dans l'anxiété Mais, pour les enquêteurs, le verre n'est qu'à moitié plein, dans la mesure où des terroristes cités dans les aveux de leurs «compères» sont jusqu'à présent en fuite avec, de surcroît, cette double crainte, à savoir que les détenus n'ont pas tout dit, et que ceux qui sont encore en cavale sont flanqués d'activistes portant d'autres nationalités à la solde d'Aqmi (Al Qaïda au Maghreb islamique). D'où l'intensification, ces jours-ci, des descentes policières et des échanges de données avec les services de renseignements algériens et occidentaux. En attendant des jours meilleurs, bonjour anxiété !