Parmi les objectifs visés, assurer la couverture sociale et les droits d'auteur pour l'ensemble de la discipline Sous le slogan « Art-réforme- solidarité », les rappeurs tunisiens se sont rassemblés autour du projet d'un syndicat qui les unit. Ils ont mis leurs différences et leurs différends de côté pour concrétiser ce projet qui a été annoncé lors d'une conférence de presse tenue au cours de la semaine dernière à la maison de la culture Ibn-Khaldoun. La conférence a démarré par une présentation des objectifs visés derrière la création du syndicat. Ensuite, les membres de la nouvelle organisation ont été présentés avec une brève description de leurs parcours. Il s'git de Wajdi Bouzaidi (alias XCAL I), secrétaire général, Mohamed Ali Ktari (alias Daly T-Men), secrétaire général adjoint, Riadh Ouertani (alias Art masta), trésorier, Saifallah Ben Abid (alias Blidogg), responsable de l'encadrement des membres, Abdelmonêm Karouri, responsable de l'action sociale, Skander Ben Abdessalem, responsable culturel et Aymen Fekki (alias MEN-A7), responsable de la communication et de la diffusion. Les forces de l'ordre ne sont pas des ennemis La répartition des tâches au sein du syndicat des rappeurs annonce les objectifs pour lesquels il est né. En tête de liste, se trouve la lutte contre la marginalisation du rap et des rappeurs. Ces derniers aspirent, en effet, à se réunir sous une institution autorisée qui permette d'organiser le secteur, de protéger ses adhérents et de faire évoluer le rap, un genre à succès en Tunisie. Les rappeurs sont, entre autres, devant l'enjeu de se rassembler sous un même drapeau, chose qu'ils ont l'air d'avoir accomplie avec ce syndicat. Ils sont, notamment, devant l'enjeu d'améliorer leurs rapports avec les forces de l'ordre et d'améliorer leur image dans les médias comme parmi le public. Nombreux sont les incidents de désaccord entre rappeurs et policiers, suite à quoi ces derniers ont, à maintes reprises, refusé d'assurer la sécurité des spectacles de rap. Dans ce sens, le syndicat s'attache à la liberté d'expression tout en proposant de négocier avec les forces de l'ordre et d'arriver à des accords avant le recours aux arrestations et aux jugements. Des témoignages sont venus, lors de la conférence, appuyer ce point de vue. Il y a eu, entre autres, l'intervention de Fethi Haddaoui, le directeur du festival international de Hammamet, où l'arrestation du rappeur Klay BBJ -aujourd'hui purgeant une peine de six mois « pour outrage à des fonctionnaires, atteinte aux bonnes mœurs et diffamation »- a eu lieu. Un représentant des forces de l'ordre était d'ailleurs présent, mais a quitté les lieux avant le moment de son intervention prévue dans le programme de la conférence. Pourtant, les membres du syndicat des rappeurs affirment avoir trouvé un accord avec les forces de l'ordre, à propos de la sécurisation des spectacles de rap. D'autres objectifs sont dans la ligne de mire du syndicat des rappeurs. Son rôle sera, également, d'assurer le lien entre les artistes et le ministère de la Culture afin de revoir les conditions d'octroi de la carte professionnelle et d'obtenir des subventions pour leurs albums et spectacles. Parmi les droits qui seront défendus par le syndicat, celui de la couverture sociale pour ses membres ainsi que les droits d'auteur. Côté social, le syndicat prévoit d'organiser des formations et des campagnes de sensibilisation pour améliorer l'image des rappeurs, vu leur influence sur les jeunes Tunisiens. Toutes les actions du syndicat tournent donc autour de l'organisation du métier de rappeur. L'une des grandes failles du secteur est l'absence de producteurs et de distributeurs, ce qui le fragilise et entrave la bonne commercialisation des albums. Le syndicat songe à créer une institution qui remédie à ce manque. En attendant, il y a déjà le projet d'un festival annuel de rap, des rap awards et même un média spécialisé, afin de donner de la visibilité à ce genre musical.