Les déplacements de la ministre de la Femme et de la Famille ne cessent de créer la polémique. La dernière visite en date n'a pas fait exception Tout enfant a droit à la dignité, à l'éducation, à la santé et à la prise en charge par ses parents. L'Etat doit assurer sa protection physique, morale et le prémunir contre toutes sortes de discrimination. On parle ici des droits de l'enfant à une vie saine et épanouie. Mais les conditions réelles montrent que de nombreux enfants tunisiens sont privés de leurs droits fondamentaux. Sihem Badi, ministre de la Femme et de la Famille, a déclaré lors d'une conférence organisée par l'association Communication et créativité, qu'en Tunisie, plusieurs enfants sont dans la rue au lieu d'être scolarisés, d'autres sont victimes de violences morales, physiques et sexuelles. D'après une étude réalisée par le ministère de Développement, 93 % des enfants tunisiens subissent des sévices. La pauvreté touche environ 25% des familles tunisiennes dont la situation des enfants est critique. Selon la ministre, de nombreux enfants souffrent de malnutrition. Les conditions difficiles ont poussé certains parents à abandonner leurs enfants aux centres spéciaux du ministère de la Femme et de la Famille. Faute de conditions matérielles décentes, plusieurs versent dans la délinquance, d'autres intègrent le marché du travail où ils sont, souvent, exploités de différentes manières. La ministre a souligné que les textes juridiques existent mais c'est leur application qui fait défaut. La Tunisie a signé plusieurs conventions et protocoles internationaux qui protègent l'enfance, mais la réalité a montré que plusieurs de nos enfants sont privés de leurs droits élémentaires, de la bonne nutrition et de l'éducation. « Tous les intervenants dans le domaine de l'enfance, notamment l'Etat et la société civile, sont appelés à coopérer ensemble pour protéger l'enfant de toutes sortes de discrimination. Des problèmes comme l'abandon scolaire, la violence, la délinquance infantile doivent être bien étudiés pour trouver des solutions. Tous, en plus des parents, sont tenus de faire bénéficier l'enfant tunisien de ses droits. Aujourd'hui, nous n'avons rein à cacher. Les statistiques réelles sur la situation de l'enfance dans notre pays doivent être données pour diagnostiquer les points faibles et identifier les causes. Il faut dire que pour aider de nombreux enfants à améliorer leurs conditions de vie, nous devons penser, sérieusement, à un développement durable et à l'égalité des chances entre les différentes régions. Un enfant dont les parents connaissent des difficultés quotidiennes pour gagner leur pain ne peut pas bénéficier de ses droits fondamentaux », a expliqué la ministre. Elle a ajouté, dans ce même registre, que les médias doivent respecter les droits de l'enfant et ne pas les instrumentaliser dans la propagande politique. La visite de la ministre n'est pas passée inaperçue. Elle a soulevé des protestations de la part de plusieurs composantes de la société civile. Venus nombreux devant la salle de conférences, des dizaines de protestataires ont crié « dégage ». Ils ont fait savoir que Mme Badi est une ministre sans pouvoir et qu'au lieu d'améliorer les conditions de l'enfance en Tunisie, elle ne s'intéresse, en revanche, qu'à la promotion de son image politique.