Ibn Khaldoun évoquait la question de la violence à l'égard des enfants en la rattachant à certaines formes de pratiques éducatives. Il dit : «Le comportement autoritaire dans l'éducation est à la source de paresse et handicap mental dans l'acquisition des valeurs du savoir» et ajoute que le sujet éduqué par la violence «perd le sens créatif, perd toute activité d'esprit et s'enfonce dans le mensonge et la délinquance». C'est autour de ce thème autrefois tabou qu'a eu lieu récemment à Tunis un colloque intitulé «La maltraitance des enfants : préciser, comprendre et prévenir», et ce, à l'initiative du ministère des Affaires de la femme. Ce colloque s'inscrit dans une thématique plus large qui englobe la violence à l'encontre des femmes et des personnes âgées. Le débat s'est voulu une opportunité pour réfléchir et répondre aux besoins de l'enfant, en présence de tous les corps intéressés, responsables et spécialistes, en l'occurrence des psychologues, médecins, inspecteurs de la jeunesse et de l'enfance, éducateurs… Ainsi, la maltraitance est une façon d'agir sans parole, de faire taire l'autre par la violence psychique ou physique pour imposer son propre discours. «La maltraitance est une forme de dictature», ont indiqué les spécialistes présents à ce débat, ajoutant que ce concept difficilement définissable, parce que généralement rapporté à un ensemble de valeurs et normes, reste tabou. Maltraiter quelqu'un correspond toujours à un abus de pouvoir, apparent ou moins apparent. Par ailleurs, il n'existe pas une seule forme de maltraitance mais plusieurs, à savoir la violence physique, la violence psychique ou morale, sexuelle, matérielle ou financière, médicale ou médicamenteuse ou encore celles d'une privation ou violation de droits. Ce débat s'est voulu une plateforme de réflexions et de solutions afin de mieux protéger les maltraités. Il s'est articulé autour des axes de droits de l'enfant et son bien-être, l'éthique éducative et la violence et la prévention et la stratégie d'intervention. «Les enfants réfugiés à Ras Jedir entre menaces et protection» Mme Wafa Ammar, psychologue clinicienne, a abordé un thème d'actualité qui est la guerre comme moment de rupture sociale et qui met en péril la socialisation de l'enfant. Elle est reconnue parmi les formes de maltraitance auxquelles peut être exposé un enfant. Il s'agit d'une maltraitance qui menace le physique et le psychique. L'enfant représente une population vulnérable du fait de son immaturité psycho-physiologique. Le séjour au camp de Ras Jedir et la guerre ont amené les politiques à décider de prendre en charge ces enfants par une équipe de spécialistes qui a pour objectif la réduction des risques de survenue ultérieure d'état de stress post-traumatique. Il s'agit de proposer aussi bien à l'enfant qu'à ses parents un accueil rassurant, une écoute, un soutien et repérer les sujets fragiles. La prise en charge a porté également sur la réparation des interactions mère-enfant et des échanges corporels. Une autre communication a évoqué la violence dans les institutions de la petite enfance. Les enfants victimes de mauvais traitement présentent toute une gamme de troubles physiques, affectifs et de développement qui peuvent les empêcher de mener une vie saine. Outre des problèmes de santé, ces enfants auront des difficultés scolaires, seront des délinquants (toxicomanie et démêlés avec la justice). Ainsi, il s'agit d'un problème de santé publique d'une importance capitale. La violence en crèche s'articule autour de l'abandon affectif, de l'environnement des bébés et enfants, de la télévision et les enfants, outre la maltraitance dans les jardins d'enfants sous forme de violences physiques, psychiques, négligences et sévices sexuels. D'autres communications ont évoqué la maltraitance de l'enfant et l'outil thérapeutique.