Les constituants opposés au Dialogue national s'accrochent bec et ongles à la légitimité de la Constituante Comme prévu, la séance plénière, tenue hier après-midi par l'ANC et consacrée à la révision du règlement intérieur de la Constituante, a donné lieu à une grande empoignade entre les constituants dits légalistes et leurs collègues dissidents désormais retournés à l'ANC à la suite du démarrage, le 23 octobre dernier, du Dialogue national. Il était clair dès les premiers échanges que les constituants opposés au Dialogue national, qu'ils appartiennent à Ennahdha ou aux autres partis alignés sur ses positions, étaient déterminés à répéter le même discours : «L'ANC ne fonctionnera jamais sous la tutelle ou les ordres de ceux qui dialoguent au siège du ministère des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle. Les compromis issus du Dialogue national ne seront pas imposés à la Constituante». Même la réunion des chefs des groupes parlementaires qui a précédé le démarrage tardif de la séance plénière (programmée à 14h30 mais qui a commencé à 18h00) a révélé que beaucoup de points de désaccord persistent encore entre les partis représentés au sein de l'ANC, y compris ceux qui ont signé la feuille de route du Quartet et qui continuent à développer chacun sa propre lecture des dispositions que cette feuille contient. Sahbi Attig, chef du groupe parlementaire d'Ennahdha, est aussi clair que concis : «Nous avons accepté la feuille de route du Quartet. Toutefois, nous considérons qu'il n'y a point de légitimité en dehors de l'ANC à laquelle reviendra le dernier mot pour avaliser ou rejeter les décisions du Dialogue national». Quant à Abderraouf Ayadi, président du mouvement Wafa, il va plus loin en déclarant : «Ce sont les constituants qui décident. Le Dialogue national ne bénéficie d'aucune légitimité». Son fidèle lieutenant, Azad Badi, est encore plus menaçant : «Nous refusons que l'ANC se transforme en une instance qui adopte ce qu'on lui passe. Non à ce que la Constituante tombe sous la coupe du Dialogue national». Il dénonce ce qu'il appelle «les manœuvres des constituants du Dialogue national qui essayent d'imposer les orientations de leurs partis». La légitimité consensuelle complémentaire de la légitimité électorale Essayant tant bien que mal d'orienter le débat sur la voie de l'apaisement et de faire triompher la voix de la raison, le constituant Fadhel Moussa (Al Massar) souligne : «Personne ne peut mettre en doute la légitimité de l'ANC. Mais cette légitimité est à renforcer par la légitimité consensuelle. Les participants au Dialogue n'ont pas l'intention de se substituer à la Constituante. Leur objectif est de parvenir à une solution consensuelle qui évitera au pays de tomber dans l'inconnu ou de sombrer dans l'anarchie». Pour ce qui est des principales modifications qui seront introduites dans le règlement intérieur de l'ANC, on note la décision selon laquelle les constituants ne pourront pas proposer d'autres articles au texte de la Constitution lors de sa discussion générale. D'autre part, le temps de parole réservé à chaque constituant ne dépassera pas les trois minutes. Quant aux points d'ordre, ils seront limités au maximum.