Qualifiant la situation politique de «très grave», le porte-parole de Nida Tounès, Lazhar Akremi, affirme que son parti se lance dans une logique de pression populaire... Alors que l'entame du dialogue, initié par le Quartet, se fait attendre et pourrait ne pas avoir lieu vu que la centrale syndicale, l'Ugtt, est passée à la logique de protestation contre ce qu'elle a appelé «demi-acceptation de la part d'Ennahdha de la feuille de route du Quartet», d'autres réactions pourront aggraver le blocage. C'est que même si le secrétaire général de l'Ugtt avait donné un ultimatum de «quelques jours» pour qu'Ennahdha révise sa position, cette dernière avait publié samedi soir un communiqué étayant sa position qui prône un dialogue «sans conditions préalables». Mais le Quartet s'est déjà engagé dans une série de manifestations régionales prévues pour cette semaine. Et voilà qu'hier, suite à la tenue de la réunion de son Conseil national, Nida Tounès a accusé le mouvement Ennahdha d'avoir refusé l'initiative du Quartet et de s'agripper au pouvoir en dépit de son échec dans la gestion des affaires du pays. D'après Lazhar Akremi, porte-parole de Nida, la situation politique et économique est très grave et le devoir de sauver le pays s'impose dans l'urgence. «La période à venir est celle de la pression populaire, notamment à travers les régions, et ce, en vue de pousser le gouvernement vers le départ, passage obligé pour faire sortir le pays du gouffre», a ajouté Akremi. L'urgence de se rattraper Pour sa part, le président de Nida Tounès, Béji Caïed Essebsi, a souligné que ce changement doit toucher la présidence de la République indiquant que le maintien de Marzouki à son poste de président de la République, alors qu'il fait partie du pouvoir exécutif, «fera échouer les efforts visant à trouver des consensus pour faire sortir le pays de la crise. Essebsi a, aussi, invité Ennahdha à réviser ses positions et à cesser de multiplier déclarations et discours tant qu'il est temps de se rattraper. Caïed Essebsi a insisté sur la nécessité de modifier l'initiative du Quartet sur le dialogue national, et ce, pour englober la révision de la loi régissant les pouvoirs publics afin de garantir l'indépendance du pouvoir exécutif. C'est que Nida Tounès avait manifesté son refus de la participation du président de la République à ce dialogue. Il a précisé que le Front du salut avait accepté la feuille de route du Quartet alors qu'il a renoncé à la dissolution de l'ANC. «Le gouvernement et le président de la République doivent partir», a déclaré Akremi. Et d'ajouter : «De même, il faudra délimiter les tâches de l'Assemblée nationale constituante avec un agenda bien précis, notamment en matière de timing. Il est impératif de mobiliser la société civile, les partis et les forces démocratiques afin d'aboutir à ce changement». Indicateurs négatifs, à quand la reprise? Dans son évaluation de la situation économique, Nida Tounès et son président ont accusé Ennahdha d'être impliqué dans le terrorisme qui est à l'origine du déclin économique et de la dégradation des différents indicateurs. Béji Caïed Essebsi a tenu le gouvernement pour responsable de l'introduction des armes dans le pays tout en l'accusant d'être impliqué dans le terrorisme et d'avoir causé des tensions avec des pays voisins en raison de son laisser-aller et de l'ouverture des portes du «Jihad en Syrie» devant les jeunes Tunisiens et ce qu'on appelle «Jihad du Niqah» pour les jeunes filles avec ce que cette tendance a engendré de malheur pour les familles tunisiennes concernées. «La dévaluation du dinar à hauteur de 15% et la dégradation du taux d'inflation à plus de 6%, alors que les exportations sont restées leur niveaau le plus bas, tout ça ne peut que faire empirer la situation et réduire les chances d'un rebond économique. Le pays ne supportera plus davantage de dégâts alors que les investisseurs sont réticents à venir en Tunisie et que nous ne pourrons plus compter sur les aides et les crédits vu le manque de confiance des instances financières internationales et les autres pays dans un gouvernement pareil...», a expliqué Akremi avec un ton plutôt de désespoir. Akremi a, par ailleurs, insisté sur l'importance du rôle de l'Ugtt en tant que partenaire dans ces efforts de sauvetage et non pas en tant qu'intermédiaire.