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D'Ibn Al Mokaffâ à Boukornine et à Ennasr
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 11 - 11 - 2013


Par Hatem KAROUI
A la récente foire du livre, j'ai trouvé un stand irakien qui vendait « Kalila wa Dimna ». Il coûtait seulement 7,5 DT. Je l'ai acheté. Cela m'avait plongé au-delà d'un nombre respectable d'années, probablement à temps où j'étais élève dans une classe du premier cycle scolaire en cours d'arabe. Tout m'est revenu tout de suite ! Le roi Dabchalim et Baidaba le philosophe ! Je commence à le lire et c'est passionnant.
Une fois, Ibn Al Moukaffaâ, un Perse qui avait traduit «Kalila wa Dimna» de l'Indou puis l'avait retraduit en arabe avait insulté un lieutenant du calife abbasside de Bagdad Jaâfar Al Mansour. Il lui avait dit : «Bonjour à vous deux» Il le visait lui-même et son gros nez (cela me rappelle quelqu'un de proche qu'on appelait «gros nez»). Il aurait pu dire : «un groin». Le lieutenant lui en avait tellement voulu que lorsqu'Al Mansour, qui ne souffrait pas la franchise d'Ibn Al Mokaffaâ, lui avait ordonné de le tuer, il l'avait fait avec une grande joie, et il n'avait pas manqué de le martyriser auparavant. L'écrivain était mort jeune, quelques années au-delà de la trentaine...
«Kalila» avait été traduit au milieu du 8ème siècle après J.C. et Jean de La Fontaine s'en était inspiré au 17e siècle... Et pendant que j'en poursuivais la lecture, une information à la radio tunisienne avait attiré mon attention.
Un troupeau de sangliers avait investi le dépôt d'ordures du quartier d'Ennasr, maintenant une banlieue chic et huppée de Tunis. C'était une première, car d'habitude on ne voyait les sangliers qu'aux abords du Mont Boukornine à Hammam-Lif, une ville populaire de la banlieue sud de la capitale. De plus en plus curieux d'en apprendre davantage, j'avais entendu le responsable de l'administration des forêts dire alors que la journaliste qui l'interviewait s'esclaffait de rire : «Les ordures d'Ennasr, c'est comme des millefeuilles pour les sangliers, et ils sont de plus en plus hardis à s'en approcher».
«Sangliers» ! «Hardis» ! «Millefeuilles» ! Je n'avais pas alors manqué de penser à Ibn Al Mokaffaâ et à Kalila.
Dans certaines contrées assez proches, on voyait une nouvelle race de porcs sauvages arriver et en plus ils devenaient de plus en plus hardis à s'accaparer des détritus qu'ils confondaient avec des biens précieux, même en le recherchant dans les poubelles. Ils avaient des troubles de la vision, c'étaient des sangliers à moitié myopes et à moitié presbytes ! C'était sûrement des animaux voraces qui, après avoir été longtemps sevrés, mangeaient tout et ne lâchaient plus rien par réflexe. Ces sangliers avaient été longtemps affamés dans les terres ingrates et improductives qu'ils avaient l'habitude d'occuper et avaient voulu rattraper le temps perdu. Ils s'étaient résolus à entreprendre l'exode. Ils avaient quitté leur monde appauvri et entrepris un périple vers un nouvel eldorado ! Sans doute qu'ils étaient guidés par un vieux sanglier, à leurs yeux sage et avisé, qui allait les conduire à bon port ! Ils étaient disciplinés et obéissaient à tout ce qu'il leur commandait de faire et le suivaient en file indienne.
Vaquant les poubelles vides et misérables du Boukornine asséché et crevassé qu'ils avaient l'habitude de farfouiller sans grand succès avec leur groin, ils avaient à présent devant eux les somptueuses poubelles d'Ennasr qui, pour eux, représentaient le trésor d'Ali Baba, que dis-je ! Peut-être aussi les Jardins suspendus de Babylone.
Le rapprochement étant fait dans ma tête, je m'étais mis à écouter la suite des explications du responsable des forêts. A la question qui lui avait été posée : «Y-a-t-il pour eux autant de chasseurs qu'avant ?», il avait répondu : «Non. Les conditions précaires de sécurité ont diminué le nombre de chasseurs étrangers, et comme les chasseurs musulmans répugnent à consommer le porc sauvage, ils avaient vite proliféré». Il était vrai que la viande de ces porcs sauvages était douteuse ! On pouvait y trouver n'importe quelle saloperie, même de la poudre à canon !
La journaliste ajouté : «Et que faites-vous quand vous les attrapez ?». Le responsable poursuit : «On les anesthésie, puis on les relâche». Ainsi, ils sont toujours dans la nature. Ils sont comme les chats à sept têtes, même si on en coupe quelques-unes, les fonctions vitales ne sont pas touchées. Il ne manquait plus que de leur offrir des séjours dans des cliniques pour animaux.
Peut-on alors dire que ces sangliers sont les enfants chéris de ces porcs qui les ont lâchés dans la nature avec l'espoir insensé de les amender et de les réintroduire dans le cycle de production pour leur faire aspirer à commettre davantage de méfaits ? On peut à première vue penser que les porcs sont moins sauvages que les sangliers et qu'ils peuvent les ramener à la raison ... Ou leur faire quitter Ennasr pour les ramener au Boukornine ? Pas question ! Ils avaient goûté à l'opulence. En fait, on avait finalement compris qu'il importait peu que les porcs soient les cousins des sangliers ou vice-versa. L'atavisme ne se corrige pas.


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