Le projet signerait l'arrêt de mort de Nida Tounès, selon les fronts populaire et du salut Le projet d'un gouvernement d'union nationale fondé sur un deal entre Ennahdha et Nida Tounès, bien que les responsables de ces deux partis crient à longueur de journée à qui veut les entendre qu'il n'en est rien, rencontre une vive opposition et un rejet catégorique auprès des militants du Front du salut national, plus particulièrement auprès des représentants du Front populaire. «Si Nida Tounès œuvre dans ce sens, il va signer sa mort prochaine. En effet, ceux qui l'ont rejoint pour faire l'équilibre face à Ennahdha et ses alliés ne lui pardonneront jamais une telle erreur stratégique», estime Mounir Kachchoukh, membre du Front populaire. Ce dernier ajoute ajoute : «Cette manœuvre, qui est parrainée par certains hommes d'affaires, a pour objectif principal de faire imploser le Front du statut national. Cela ne passera pas puisque tout le monde sait aujourd'hui qu'un gouvernement, d'union nationale revient à dire simplement qu'on cherche à se partager le gâteau au détriment du peuple qui se morfond dans une crise dont l'issue menace l'existence même de notre pays». Quelle réaction à attendre de la part de l'Ugtt et de l'Utica, initiatrices du Dialogue national qui risque de voir sa crédibilité et son image mises à mal au cas où les concepteurs du gouvernement d'union nationale arriveraient à leurs fins ? A cette question, Mounir Kachchoukh répond clairement : «La Centrale syndicale a l'impératif de dévoiler au peuple l'identité de ceux qui ont tout fait pour faire échouer le Dialogue national. Elle s'en sortira beaucoup plus forte et plus crédible aux yeux de l ‘opinion publique nationale. Pour nous, au Front populaire, ce projet ne passera pas. Et même s'ils y réussissent, ce gouvernement d'union nationale sera une Troïka III avec cette fois Ennahdha, Nida Tounès et Al Joumrouhi. Or, les Tunisiens en ont ras-le-bol des troïkas. Quant à Béji Caïd Essebsi, je considère que son intelligence et son pragmatisme lui permettront au final d'échapper au piège que certains lui tendent. Aujourd'hui, il n'est plus un simple ministre comme à l'époque de Bourguiba. Maintenant, il est le maître à bord de Nida Tounès et les échecs, c'est bien lui qui en payera, en premier lieu, les frais». Personne n'a proposé l'idée De son côté, Jilani Hammami, porte-parole du Parti des travailleurs et membre du Front populaire et du Front du salut est catégorique : «Personne n'a avancé au sein du Front du salut national, lors de notre dernière réunion, le projet d'un gouvernement d'union nationale. Ni Nida Tounès ni l'Union pour la Tunisie n'ont évoqué cette idée». Il réaffirme que le Front du salut national est toujours pour un gouvernement de compétences nationales, présidé par une personnalité indépendante, comme le prévoit la feuille de route du Quartet, parrain du Dialogue, «lequel Quartet n'a pas changé de position et œuvre toujours en vue de la reprise du Dialogue national». Jilani Hammami se pose la question suivante : «A admettre qu'il y ait un gouvernement d'union nationale formé de ministres appartenant aux partis présents sur la scène nationale, quel programme va-t-il appliquer? Les ministres vont retourner à leurs partis et le chef du gouvernement, personnalité indépendante selon les architectes du projet, n'aura aucune autorité sur eux dans la mesure où ce sont leurs partis qui vont les choisir». Maintenant que le Front populaire et le Front du salut ont mis les points sur les i, l'on se demande si les partisans de la ligne opposée vont avancer une nouvelle suggestion. Un vrai imbroglio pour les analystes et même pour les politiques, qui sont réduits aux supputations et aux pronostics, en l'absence de déclarations claires des vrais acteurs de la scène. En tout cas et à l'évidence, la feuille de route est en train de voguer au gré des dessous de table, des non-dits et des tractations «occultes».