Une convention de coopération bilatérale a été signée avec l'association espagnole «Barcelona Global»... Les temps ont changé, les villes aussi. Les plus anciennes, elles, continuent de survivre au rythme intensif de l'époque moderne. Mais qu'en reste-il, aujourd'hui ? Seulement des traces, celles d'un patrimoine culturel et architectural intra muros... Les médinas sont en quête de leur parfum d'antan. De Tunis à Sfax, en passant par Kairouan, Sousse, Testour, Le Kef et bien d'autres villes séculaires, la mémoire des lieux évoque les us et coutumes de nos ancêtres. Leurs remparts protecteurs, leurs imposantes zaouias et autres mausolées, les grandes mosquées dont elles s'enorgueillissent et les dédales tortueux débouchant parfois sur des impasses, tout est encore là, mais témoin d'un certain abandon. Les exemples de médinas menaçant ruine ne manquent pas. N'est-il pas temps de redonner à ces villes anciennes leur vitalité quotidienne d'antan ? Une action de réhabilitation intégrale n'est pourtant pas si facile. Et bien que soit fin prête la récente étude effectuée par le ministère de l'Intérieur, aidé en cela par d'autres parties, en vue d'entamer les travaux d'aménagement, il n'en demeure pas moins que le financement reste le nerf de la guerre pour pareille initiative. La recherche d'argent et de bailleurs de fonds relève d'une mission de longue haleine, notamment en ces temps de crise économique persistante. La situation financière du pays, qui ne supporte plus d'autres dépenses colossales, pourrait freiner toute œuvre de réforme. C'est là que tout risquerait de tomber à l'eau. Le ministère de l'Intérieur, maître du projet aux côtés de ses partenaires locaux (Institut du patrimoine et Agence d'aménagement urbaine), se voit engagé dans ce grand chantier. La visite que nous avons effectuée à Kairouan, puis à Sousse, destination touristique prisée, a montré que le savoir-faire en est la clé de voûte. La coopération matérielle et immatérielle en est aussi un pilier essentiel. Et pour cause, l'accompagnement sur le terrain d'une association espagnole d'architectes et d'investisseurs n'a pas été sans importance. La Caisse de soutien aux collectivités locales, sous la tutelle du ministère de l'Intérieur, ainsi que les présidents des associations des médinas de Kairouan et de Sousse, ont montré leur pleine volonté de tirer profit de l'expérience espagnole en la matière. «Barcelona Global» est l'association avec laquelle ladite Caisse a établi une nouvelle relation de partenariat. Les deux parties ont signé, vendredi dernier à l'Hôtel de Ville de Tunis, une convention de coopération bilatérale. Ainsi va la médina ! A Kairouan, dans le dédale de rues d'une médina s'étendant sur quelque 52 hectares, les principales rues se terminent souvent en impasses. Les coupoles des vieilles maisons, les minarets des grandes mosquées de la place, ainsi que les lieux de culte ne manquent pas de relater l'histoire d'époques se succédant au fil des siècles. Tout cet entremêlement culturel a failli, aujourd'hui, se brouiller. Bien que certains petits chantiers soient constatés au cœur de la médina, la restauration a du mal à respecter le cachet architectural initial. Et l'environnement dans son ensemble social, écologique et patrimonial, a beaucoup souffert de défaillances et de négligences. Il en est de même pour la médina de Sousse, présentée par son maire comme l'une des cités les plus coquettes du pays. Mais le charme de l'ancienne ville et sa dimension historique n'ont pas occulté ses traits assombris. Seuls son souk et ses échoppes d'artisanat sont susceptibles, aujourd'hui, de briser le silence régnant dans les palais beylicaux et les sites archéologiques dont elle se prévaut depuis la nuit des temps... Ou son musée, bâti sur les ruines d'une ancienne prison bourguibienne, qui garde dans son sous-sol une jolie collection de mosaïques : son esplanade supérieure sert d'espace d'animation estivale. La coopération avec la partie espagnole s'inscrit dans une logique de mariage des temps. Selon «Barcelona Global», «les villes se comportent comme des organismes vivants, constamment en échange avec leur environnement». Car, lit-on également dans son exposé, « leur continuité dépend de leur vitalité, c'est-à-dire de leur capacité de régénération permanente.. ». Adoptant une approche de réhabilitation globale et intégrée, cette association citoyenne prône une régénération à caractère social, économique et environnemental. Une sorte de modèle d'amélioration et de gestion urbaine de la qualité de vie des villes. C'est ainsi que nos médinas pourraient retrouver âme et vie.