Lundi soir, c'était l'émeute à l'Etoile du Nord, le théâtre qui accueillait Strip tease de Moez M'rabet... La pièce devait commencer à 20 heures. Bien avant 19 heures, déjà, un monde fou attendait l'ouverture des portes. Mais à l'heure « H », on apprend que la salle est déjà au complet. Un nombre important de personnes qui ont réservé leurs places et acheté des billets n'ont pas pu accéder à la salle de représentation. Quelques-uns d'entre eux, après avoir attendu assez longtemps dans l'espoir de voir enfin le spectacle, ont fini par rentrer chez eux en jurant de ne plus revenir. Mais une bonne majorité a choisi de rester au café de l'Etoile du Nord pour manifester sa colère, crier à l'injustice et à la mauvaise organisation, scandant même un des fameux slogans de la révolution : «la dignité». Que s'est-il passé ? A quoi était dû ce surnombre de spectateurs? Après deux heures de cris et de chahut, pendant que le spectacle se déroulait à l'intérieur, on nous apprend que la faute est à Voltaire. Une quarantaine de personnes étaient déjà dans la salle avant le coup d'envoi. Pour pallier cet incident, si grave, les organisateurs des journées théâtrales de Carthage sont intervenus pour négocier, avec le metteur en scène, une deuxième représentation. Malgré tout, ça fait plaisir, de voir tout ce monde se bousculer dans les théâtres. C'est même rassurant de savoir que malgré la vague de froid, et par ailleurs, toutes les menaces, l'état d'alerte, et le malaise grandissant de cette période de «dialogue de sourds», jeunes et moins jeunes sortent le soir et les pièces se jouent à guichets fermés. Mais où iront tous ces gens, quand la fête sera finie et quand les JTC baisseront leurs rideaux ? Pourquoi est-ce que le théâtre devient si populaire en période de festival ? Est-ce à cause du prix des billets qui devient accessible ou est-ce que le Tunisien, «par nature», ne daigne se déplacer qu'en période de soldes et pour les bonnes occasions ? En dehors des grandes manifestations, les professionnels du théâtre doivent faire un effort monstre de communication pour remplir leur salle. Et le Tunisien, qui redevient paresseux, prétexte le manque d'informations et renvoie la responsabilité aux médias. Vous allez voir que quand la vie culturelle reprendra son cours «normal», tout ce public disparaîtra. Il ne restera que les fidèles, ces mêmes têtes familières, qui donnent un sens à la sortie au théâtre.