Ceux qui croient que les années impaires leur portent bonheur attendent le nouvel an avec impatience. Les autres s'apitoient sur leur sort. Mais tout le monde, ou presque, a tendance à prendre les mêmes grandes décisions pour l'année qui s'annonce. Du coup, la santé devient importante et l'on se promet d'arrêter de fumer, de faire de la marche tous les jours et de faire, sans faute, son check-up tous les six mois. On décide surtout de consacrer ses loisirs à la culture. On se met, à partir du mois de janvier, à chasser les nouvelles culturelles et à poser des tas de questions : «Y aura-t-il une pièce importante ? Que fait Jaïbi cette année ? Et Jebali ? Ça fait si longtemps qu'on ne l'a pas vu sur scène ! Les JCC, c'est pour quand ? Dommage qu'il n'existe pas de théâtre en banlieue ! Ah bon ? Mad'Art ? Je ne savais pas qu'il avait déjà réouvert ses portes. C'est bien !» Ce genre de personnes dépassées par les événements, vous sortent toujours les mêmes arguments : «On manque d'informations…Les Tunisiens ont beaucoup à apprendre en matière de communication, etc.» Et ils accusent les journaux qu'ils ne lisent même pas — ou qu'ils jettent après avoir fini les mots croisés — de ne pas faire leur boulot. Ces mêmes gens intriguent, s'évertuent à faire les ouvertures des festivals et se plaignent toute l'année des embouteillages de la programmation. Il existe, notamment, un autre genre de personnes qui font partie de tel terrain ou de tel autre de la profession et qu'on ne voit presque jamais dans les salles de spectacle. Ces derniers prétextent toujours un voyage quand l'un des leurs fait sa première. Et, ils jouent la belle indifférence quand ils ratent un succès. Il y a également ceux qui fonctionnent avec le bouche-à-oreille. Dès qu'un film ou une pièce de théâtre fait jaser les radios et suscite les commentaires des chauffeurs de taxi, ils se bousculent pour prendre leurs billets. Heureusement qu'il y a les abonnés qui ont leur rond de serviette dans les théâtres et qui, ne serait-ce que pour sauver les apparences, collectionnent les carnets culturels et marquent leur présence dans les invitations du type «facebook». A tous ces «bancs» publics, nous disons tout simplement, que demain est un autre jour et que le 1er janvier 2011 n'est que le début du restant de leur vie. Mais de grâce, si vous leur donnez cet article à lire, s'ils trouvent que mon « humeur » a du bon, s'ils prennent la ferme décision d'aller au théâtre, au cinéma ou dans n'importe quel autre espace de spectacle, dites-leur d'éteindre leurs portables avant d'entrer en salle… Bonne année, quand même !