Ennahdha continue de souffler le chaud et le froid, alors que l'opposition semble avoir fait son choix Enième report de l'annonce du nom du futur chef du gouvernement. Hier, on s'attendait à ce que la rencontre Abassi-Ghannouchi qui a duré quelque trois heures débouchât sur la révélation du nom attendu et, par conséquent, le retour à la table des négociations. Malheureusement, il n'en fut rien. Hassine Abassi a dû se contenter d'une déclaration dans laquelle il a précisé que le nom du futur chef du gouvernement serait révélé aujourd'hui mardi 3 décembre, ou au plus tard demain. Quant à Rached Ghannouchi, président d'Ennahdha, il a précisé à l'adresse des journalistes : «Nous nous approchons sérieusement du consensus». Une déclaration qui laisse la porte ouverte à toutes les interprétations possibles dans la mesure où il n'a pas indiqué expressément qu'Ennahdha s'accroche toujours à la candidature de Ahmed Mestiri, comme l'a affirmé le jour même Fethi Ayadi, président du Conseil de la choura sur Mosaïque FM. Certains observateurs pensent qu'Ennahdha n'a pas encore pris de décision finale quant au candidat qu'il va cautionner lors de la reprise du Dialogue national. D'autres, parmi ceux qui participent au Dialogue, estiment que «les nahdhaouis veulent être édifiés sur les dernières positions des partis de l'opposition, qui ont décidé, presque tous, à l'exception d'Al Joumhouri, de déléguer le choix du futur chef du gouvernement au Quartet». Les atermoiements du dernier quart d'heure Ennahdha sera-t-il amené à accepter la candidature de Me Chaouki Tabib dont les chances sont en hausse depuis qu'il a rencontré, au cours de la semaine écoulée, Rached Ghannouchi, président d'Ennahdha, et Béji Caïd Essebsi, président de Nida Tounès. Bien que les deux dirigeants n'aient pas exprimé clairement leur soutien à Me Tabib, les échos de ces deux rencontres étaient prometteurs, selon plusieurs sources. «Je pense, fait remarquer l'un des spécialistes interrogés par La Presse, qu'Ennahdha est en train d'observer l'évolution de la situation explosive régnant dans quelques régions, plus particulièrement dans le gouvernorat du Kef, pour se prononcer définitivement sur la réponse à livrer au Quartet». Et cette attente, qui semble interminable, ne peut profiter, en fin de compte, qu'à la Troïka qui se trouve dans une grave crise devant aboutir logiquement à son implosion. Une source informée auprès du Dialogue national confie : «Avec ses ultimatums qui n'en finissent pas et ses concertations qui se sont transformées en un feuilleton mexicain, le Quartet est en train, peut-être sans le savoir, de sauver la Troïka ou au moins de lui tendre la perche de salut». Une approche que partage, dans une certaine mesure, Hichem Hosni, président du Parti populaire progressiste (PPP). Il relève : «J'ai l'impression que le Quartet se sent dans l'obligation de parvenir à une solution et d'éviter que tant d'efforts et d'énergie aboutissent à un échec cuisant». «Pour le moment, nous attendons que le Quartet nous contacte et nous informe des résultats des pourparlers Ghannouchi-Abbassi». Mohamed Hamdi, secrétaire général de l'Alliance démocratique, a, de son côté, réaffirmé, hier, sur Nesma TV que son parti soutient la candidature de Jalloul Ayed, ancien ministre des Finances. Al Joumhouri soutient un gouvernement à une direction collégiale composée de quatre superministres. Issam Chebbi, porte-parole du parti, a tenu à préciser, sur la même chaîne, que le Quartet n'a pas à choisir le futur chef du gouvernement. «Cette mission est du ressort des partis politiques, comme le prévoit la feuille de route», a-t-il souligné. Il est à préciser que le Quartet se trouvait, hier soir, jusqu'à une heure tardive, dans une réunion d'évaluation de l'ensemble du processus, au siège de l'Utica. Et le suspense de continuer, à moins qu'un revirement de dernière minute d'une partie quelconque ne vienne tout remettre en cause.