Les consultations se poursuivent à un rythme soutenu. Chacun distille ses petites phrases et attend les réactions des autres Le CPR a beau refuser de signer la feuille de route du Quartet parrain du Dialogue national et décider de ne pas participer aux négociations ayant élu domicile au siège du ministère des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle, en dépit des appels qui lui ont été lancés, il demeure que son ombre plane sur les couloirs et les étages du ministère en question et que sa voix est écoutée et ses opinions sont sollicitées, au gré du déroulement des négociations, via Ennahdha dont le président s'est retiré samedi soir du dialogue, avant l'annonce de sa suspension, pour téléphoner à Marzouki lui demandant son avis sur la candidature, de dernière minute, de Fadhel Khelil, candidature finalement rejetée. Moncef Marzouki, président de la République provisoire, participe, lui aussi, à sa manière, aux assises du Dialogue national, à travers des déclarations qu'il distille, selon les circonstances, la dernière étant sa neutralité. Au départ, Marzouki était comme une personnalité neutre n'assumant en définitive que le rôle de charger (à caractère formel) le futur chef de gouvernement choisi par le dialogue de former la prochaine équipe ministérielle. En vérité, il est le partenaire incontournable dont les ordres sont exécutés à la lettre. Plus encore, son déplacement à Paris pour assister à l'actuelle session de l'Unesco pourrait faire durer la pause qu'observe le Dialogue national à la suite de sa suspension par Hassine Abbassi, S.G. de l'Ugtt. Une déduction qu'on pourrait extraire de l'ensemble des déclarations de plusieurs participants au dialogue qui s'accordent à confier à La Presse que «le retour à la table des négociations n'interviendra pas avant demain». Attachés à Mestiri, mais... En attendant le retour du Dr qui s'est trouvé obligé de publier, dimanche, un communiqué dans lequel il souligne qu'il n'appuie aucun candidat, les consultations et les concertations se sont poursuivies, hier, entre les différents participants au Dialogue national, en vue d'examiner les meilleurs moyens pour la reprise du Dialogue national le plus tôt possible mais aussi sur de nouvelles bases et, pourquoi pas, avec une nouvelle liste de postulants au palais de La Kasbah. Hier matin, Rached Ghannouchi, président d'Ennahdha, et Néjib Chebbi, président de l'Instance politique d'Al-Joumhouri, ont eu une rencontre de plus de trois heures. Au menu, la poursuite de la coordination des positions entre les deux partis devenus alliés par la grâce du Dialogue national et de ses rebondissements à couper le souffle aux athlètes les plus talentueux. Rien n'a filtré de ce sommet, sauf une petite phrase distillée par Ghannouchi qui aurait déclaré : «Nous sommes toujours attachés à Mestiri que nous considérons comme le meilleur candidat du consensus. Mais nous pouvons pencher pour un autre candidat au cas où l'intérêt du pays l'imposerait». Pour dire les choses plus clairement, Ennahdha, ses alliés et Al-Joumhouri, dont les nouvelles positions surprennent jusqu'à ses propres militants, seraient arrivés — selon certains observateurs — «à la conclusion que la carte Mestiri a vécu puisque la semaine de prolongation du débat sur le choix du prochain chef de gouvernement est acquise mathématiquement». Toute feuille de route peut changer D'autres participants au Dialogue national, contactés par La Presse, soulignent qu'ils attendent d'être touchés par le Quartet pour savoir quand redémarrera la deuxième manche du Dialogue dans sa partie réservée au choix du futur chef de gouvernement. «C'est bien le Quartet qui décidera de la date de notre retour au ministère des Droits de l'Homme. Seulement, il subsiste une énigme pour nous tous : y aura-t-il la même liste de candidats (Mestiri et Ennaceur) ou de nouveaux noms que chacun de nous aura la latitude de proposer», révèle l'un des participants. «Toute feuille de route peut changer. Pourquoi pas un conseil de gouvernement à trois têtes avec un Premier ministres et deux vice-Premiers ministres», soutient un autre participant. Il ne cache pas le soutien de son parti à la nomination de Mme Wided Bouchamaoui, présidente de l'Utica, au poste de chef du gouvernement de compétences : «Je sais qu'elle a déclaré qu'elle n'est pas intéressée. A mes yeux, son choix reflétera une image positive de la révolution et je suis convaincu qu'elle acceptera si l'on accentue la pression sur elle», ajoute-t-il. Il est à préciser que le Quartet parrain du Dialogue a tenu, hier soir, une réunion pour définir un programme d'action devant garantir la réussite de la reprise des travaux du Dialogue. Dans une déclaration aux médias avant le démarrage de la réunion, Mouldi Jendoubi, S.G. adjoint de l'Ugtt, a précisé : «Les concertations se poursuivent sur les quatre noms déjà retenus et il n'y aura pas d'autres candidats à la présidence du gouvernement». A l'heure où nous mettions sous presse, la réunion se poursuivait encore.