Mustapha Ben Jaâfar : «Je m'engage à respecter les compromis» C'est dans une sérénité bien réelle et en présence des membres de la Commission des compromis que Mustapha Ben Jaâfar, président de l'ANC, a annoncé hier en grande pompe, l'aboutissement à une série de compromis sur le texte du projet de Constitution qui sera présenté en séance plénière à partir du 3 janvier 2014. Le consensus, qui porte sur plus de 40 articles, est en effet arrivé à son terme dans la nuit de vendredi à samedi, et, plus généralement, grâce aux 36 réunions de la commission en question. Dans son allocution, Mustapha Ben Jaâfar, reconnaît cette fois «la difficile équation qui contenait une légitimité électorale et l'émanation, au fil du temps, de nouveaux équilibres». «Au bout du compte, dit-il, nous sommes parvenus à une légitimité consensuelle». A la fin de son discours, pourtant, il tente de rassurer les membres de l'Assemblée nationale constituante, en prononçant une phrase bien faite, mais qui manque de clarté : «Le Dialogue national, dit-il, est là pour soutenir les travaux de l'ANC et pas pour s'y substituer». Des compromis bien réels Au cours du point de presse, le président de l'ANC a cité quelques exemples, où les membres de l'ANC, de différentes sensibilités, sont parvenus à des compromis conformes aux «aspirations de la classe politique». «Un des principaux points de discorde était l'équilibre entre les deux têtes de l'exécutif, présidence de la République et présidence du gouvernement. A ce titre, la commission des compromis a accordé plus de prérogatives au chef de l'Etat, qui sera élu au suffrage universel. Celui-ci aura notamment le pouvoir de dissoudre l'assemblée du peuple», affirme le président de l'ANC, qui cité également «des consensus satisfaisants relatifs à la Cour constitutionnelle, l'indépendance de la justice et les dispositions transitoires». Retour de la confiance Mustapha Ben Jaâfar a noté, au cours de son speech, «le retour d'une partie de la confiance entre les différents acteurs politiques de tous bords». Il souligne que la série de compromis marque une étape importante dans l'histoire. «Malgré des réticences d'un nombre non négligeable de constituants, je dois féliciter les principaux partis politiques du pays, qui ont accepté de faire des concessions. Des concessions qui ne sont dans l'intérêt d'aucune partie en particulier, mais dans l'intérêt du pays tout entier», a-t-il déclaré. La Tunisie qui, selon lui, constitue « la dernière bougie du printemps arabe». Au terme de son discours, le président de l'ANC affirme de façon solennelle son «engagement envers les compromis convenus». Reste à savoir si les blocs parlementaires sauront être harmonieux et disciplinés. Sourire aux lèvres et échangeant d'ores et déjà les félicitations, les constituants présents (majorité et opposition)», semblaient très confiants à la fin de l'intervention du président de l'ANC. «I see it through» (je le vois maintenant), lance Noômane Fehri à quelques journalistes. D'autres, cependant, prônent la prudence. «Ce sont de beaux discours, dit-on, encore faut-il concrétiser tout cela dans les délais».