En marge des Assises de la société civile, dans leur deuxième édition 2013 tenue à Djerba du 25 au 28 de ce mois, le souci d'organisation des élections et la mobilisation massive pour réussir ce rendez-vous crucial tant attendu demeurent, sans conteste, le cheval de bataille de tout un réseau associatif assez large et hétérogène. Jawhar Ben Mbarek, président du «Réseau Doustourna», partie prenante de ces assises, a bien voulu répondre aux trois questions de La Presse. Peut-on dire, aujourd'hui, que la société civile est prête aux prochaines élections ? D'abord, la société civile a une première responsabilité, celle de donner des impulsions réelles pour pousser les forces politiques à fixer une date aux élections. Ce qui est essentiel. Il fallait tout d'abord discuter de cette question qui semble être le grand absent du débat général aujourd'hui. Car fixer une date, c'est ouvrir de nouveaux horizons à toute négociation politique. La crise du Dialogue national c'est qu'il est sans horizons. Mais est-ce que la Tunisie a besoin des élections au cours de l'année prochaine ? La réponse est oui. Je pense que la crise politique ne va pas être résolue sans passer par les urnes. Après et même avant la révolution, la société civile a montré qu'elle a une capacité d'anticipation et de programmation. Comment? Justement, nous avons organisé ces assises sur le thème des élections particulièrement pour une raison pragmatique pour en dégager un plan d'action, et ce afin de conjuguer et synchroniser les actions de toutes les organisations et des associations participantes. L'objectif est de garantir des élections libres et démocratiques. C'est-à-dire surmonter les difficultés qu'on a rencontrées pendant les élections du 23 octobre 2011. De quelles difficultés parlez-vous ? Principalement l'éparpillement des ressources et des actions, faute d'organisation et de coordination. Ce qui fait que certaines thématiques électorales ont été doublement, voire triplement couvertes par plusieurs associations, alors que d'autres sont restées sans couverture. En clair, plusieurs coins du territoire ont été couverts aux dépens d'autres zones complètement négligées. Cet éparpillement a engendré des lacunes d'un côté et de double emploi de l'autre qu'il faut éviter, tout en essayant d'impliquer toutes les composantes de la société civile dans un plan d'action synchronisé pour qu'elles puissent couvrir tout le territoire. Cela exige qu'elles fassent preuve d'engagement sérieux à respecter cette démarche. Que pensez-vous des capacités réelles dont dispose la société civile en prélude à un rendez-vous aussi important? Dans la déclaration finale de nos assises, nous annonçons la création de l'Alliance associative pour les élections. Cette alliance compte mettre en réseau les 300 associations participantes. Malgré certaines réticences constatées ici et là, nous avons abouti, au terme de nos travaux, à un engagement ferme et sérieux de la part de toutes les associations à aller dans ce sens. Et là, je pense que cet aboutissement est en soi une réussite. Cet engagement devrait se traduire dans les faits, en toute harmonie. Je vous donne un exemple : pendant les élections précédentes, l'Association tunisienne des femmes démocrates (Atfd) avait organisé le monotoring des médias, mais elle n'a pas pu le faire sur tout le territoire. Là, on aurait dû mettre à contribution toutes les ressources des associations pour que l'action menée par l'Atfd soit généralisée à tout le pays. Cela dit, faire le monotoring des médias nationaux, mais aussi locaux et régionaux à travers la mutualisation des efforts. A titre indicatif, «Doustourna» peut mettre ses ressources à la disposition de l'Atfd. C'est ainsi qu'on mutualise nos efforts associatifs. Et l'alliance qu'on envisage de créer compte agir dans ce sens. Son rôle est précis: organiser, synchroniser et orienter, tout en respectant le travail indépendant de chaque association. Aujourd'hui, quoi qu'il en soit, on doit organiser les élections, même s'il y a des conditions difficiles reconnues dont l'impact est négatif sur les préparatifs des élections et le taux de participation au processus électoral. Et pourtant, on se trouve dans l'obligation d'aller aux élections pour que les citoyens, après une crise aussi longue et pénible, puissent s'exprimer librement et trancher ce conflit politique de manière décisive.