Par Dr Mohamed Ali BOUHADIBA En sortant de l'aéroport, je me dirigeais vers la file de taxis. A ma grande surprise aucun d'eux n'accepta de me prendre arguant qu'il ne se déplacerait que pour me conduire à Hammamet ou à Sousse car les petites courses ne l'intéressait pas. Dépité je dus faire appel à un ami pour me dépanner. Les taxis sont, pour le voyageur qui débarque, la première image d'un pays et la nôtre n'est malheureusement pas reluisante. Nous voyons des voitures déglinguées, poussiéreuses, qui sentent mauvais et ne sont jamais climatisées même lorsqu'en été le métal est chauffé à blanc. Les chauffeurs ne sont jamais rasés, plutôt agressifs, laissant transparaître leurs affinités en vous provoquant politiquement. Que demande-t-on à un taxi? D'être disponible, cela n'est pas évident à Tunis car sorti du centre-ville, trouver un taxi devient problématique et on peut attendre longtemps avant d'en trouver un à condition bien sûr qu'il daigne s'arrêter. A Tunis il y a environ 7 à 8.000 taxis, c'est-à-dire autour d'un pour 300 habitants, ceci est à comparer à d'autres capitales, Londres 1/115, Dublin 1/60. Quant à Mexico qui a le plus grand nombre de taxis au monde, c'est 1/40 seulement. Soyons réalistes, ceux qui utilisent le plus les taxis sont en général ceux qui n'ont pas de voiture c'est à dire les pauvres gens et plus particulièrement les plus fragiles d'entre eux c'est à dire, les malades, les vieux et les femmes enceintes. Le prix de la course est fixé par les autorités mais il reste cher pour les gens modestes or les taxis sont un service comme un autre, pourquoi la concurrence ne jouerait-elle pas, là, un rôle pour diminuer les prix et améliorer les prestations ? Alors que d'autres capitales ont des taxis flambant neufs, climatisés conduits par des chauffeurs en uniforme, nous ne verrons jamais cela en Tunisie tant que chaque taxiste travaillera de façon indépendante avec de petits moyens. Un taxi doit être changé en moyenne tous les 3 ans pour la sécurité et pour la pollution, quel taxiste pourrait se le permettre chez nous? Les flottes de taxis sont aujourd'hui gérées par ordinateurs et les courses et consommations optimisées, même les Smartphones s'y mettent et ont une application taxis. La solution ce sont les grandes compagnies que l'on mettrait en concurrence en dérégulant le secteur, autrement dit en libérant les licences et les prix. Augmenter le nombre des taxis les pousserait à couvrir les quartiers défavorisés tandis que libérer les prix à la concurrence ferait baisser le prix de la course et permettrait aux pauvres d'en profiter. Une étude très complète de M. Feld en 2008 montra que le prix de la course pourrait baisser de 30%...De grandes compagnies réduiraient le prix de la maintenance du parc, amélioreraient le service et la sécurité et limiteraient la consommation de carburant que nous importons et subventionnons en Tunisie. De nombreux pays dont nous pourrions nous inspirer ont dérégulé le secteur, les USA, l'Irlande, le Japon, la Hollande ou la Nouvelle-Zélande pour n'en citer que quelques uns. Enfin la couleur jaune n'existe pas partout, ne devrions-nous pas retourner au blanc et rouge de nos vieux taxis bébés qui avaient un air si typiquement tunisien... Nostalgie !