Pendant que nous fêtions l'Indépendance nationale, jeudi 20 mars, une autre fête était célébrée, dans de nombreux pays : elle évoque le passé de l'Iran préislamique, celui de la tradition zarathoustrienne... A Paris, la diaspora iranienne était au rendez-vous ! Pour Taha Moghani, la nouvelle année persane débutera très exactement à 17h57 et 7 secondes, l'heure de l'équinoxe vernal. «Norouz, c'est le nouveau jour. Pour moi, c'est la lumière. Quand je vois une photographie avec beaucoup de lumière, pour moi, c'est Norouz !» Fondateur du très branché rendez-vous artistique avec la galerie «Café 78» à Téhéran, cet artiste photographe vit depuis des années à Paris. Pour cela, il a décidé d'embarquer son concept artistique du Norouz sur un bateau amarré en quai de Seine, dans le 19e arrondissement de la capitale française : «C'est une sorte de souvenir au Café 78 à Téhéran, avec des amis qui avaient déjà fêté Norouz avec nous en Iran». La coutume du Haft sin La Péniche Anako ressuscitera l'ambiance du Norouz avec l'intervention de plusieurs artistes de langue persane. Jouer de la musique live, c'est devenu un plaisir rare à Téhéran, rappelle Taha Moghani... Quant aux traditions, Taha Moghani avoue de ne pas suivre tout à la lettre : «Personnellement, c'est autre chose, mais dans la famille, oui, on respecte les traditions. Si Norouz tombe à 3h02 le matin, toute la famille est réveillée, habillée très chic et se rassemble devant le Haft Sin». Les traditions autour du Norouz (« nouveau jour ») sont aussi diverses que les peuples qui le pratiquent : on achète des poissons rouges, met des habits neufs, prépare des plats spéciaux, accroche des chapeaux sur les portes ou un tissu rouge au fronton des maisons, saute par-dessus les feux, pratique des courses de chevaux... une fête fortement imprégnée par les coutumes locales. La liste des pays où des familles sont en liesse pour fêter le Nouvel An persan est longue : Afghanistan, Azerbaïdjan, Inde, Kirghizistan, Pakistan, Tadjikistan, Turquie, Ouzbékistan et même dans la province de Qinghai, en Chine. Dès 2009, l'Unesco avait inscrit cette tradition sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité, avant que l'ONU reconnaisse en 2010 le 23 mars comme la Journée internationale du Norouz. Même en Iran, après l'avènement de la République islamique, le nouveau régime n'avait pas réussi à écarter cette fête non-musulmane. Pour Taha Moghani, Norouz reste surtout une fête de paix et d'amitié qui se pratique en famille ou sur scène.