Les derniers coups de filet réalisés récemment aux frontières communes témoignent du plus apporté par les deux pays à leur lutte concertée contre les terroristes. Pourvu que cela dure pour faire échouer les nouvelles menaces d'Aqmi... Alors que la Tunisie continue de ratisser large aux quatre coins du pays à la recherche de terroristes en cavale et de leurs cellules dormantes, l'Algérie a choisi d'axer sa stratégie préventive sur ses frontières avec ses voisins, afin de faire barrage aux infiltrations des jihadistes, dans son territoire caractérisé, il est vrai, par sa très vaste étendue. Ayant sans doute retenu la leçon d'un long drame qui leur a coûté, dans les années 1990, plus de 200.000 tués, les Algériens, désireux de protéger leurs arrières, ont tôt compris que le danger, le grand danger, vient de leurs frontières avec la Libye et la Tunisie. Depuis, les coups de filet qu'ils y ont réussis ne se comptent plus. Le dernier en date remonte à mercredi, lorsqu'une patrouille de soldats algériens, appuyée par des avions de reconnaissance, a réussi à capturer une bande de quatre terroristes qui s'apprêtaient, à bord d'un 4x4, à passer de l'autre côté de la frontière, à deux pas de la localité tunisienne de Hezoua. Selon les premiers éléments de l'enquête, le quatuor conduit par le dénommé Mohamed Al-Adhri, 44 ans, originaire de la ville rebelle de Sebha (Libye) et ex-lieutenant du tristement célèbre terroriste Mokhtar Belmokhtar (alias «Le Borgne»), projetait de gagner...Jebel Chaâmbi, pour aller prêter main-forte aux insurgés qui s'y cachent encore. Cette opération, qui s'est soldée également par la saisie d'armes et de munitions auprès de la bande des 4, a été menée, selon plusieurs sources sécuritaires concordantes, en étroite collaboration avec les services de renseignements tunisiens qui, soit dit en passant, n'ont jamais été aussi présents et actifs aux frontières avec la Libye et l'Algérie qu'ils le sont ces jours-ci. C'est aussi grâce à cette collaboration que des soldats algériens sont parvenus, récemment, dans le même triangle reliant les trois pays, à saisir un...petit arsenal composé notamment de quelque 47 fusées (excusez du peu) qui provenaient de Libye et qui étaient destinées aux groupes jihadistes sévissant en Tunisie et en Algérie. Il va sans dire que cette impressionnante série de coups de filet qui a étouffé dans l'œuf des attentats terroristes qu'on dit de grande ampleur, témoigne de l'embellie certaine et rassurante qu'a connue la coopération tuniso-algérienne en matière de lutte contre l'islamisme radical. Coopération qui marquait le pas depuis deux ans, et qui a été boostée par la visite entreprise le mois dernier en Algérie par le nouveau chef du gouvernement Mehdi Jomâa. C'est d'autant plus vrai que l'une des répercussions positives de cette visite a permis de réactiver le projet de creusement, le long de la frontière entre les deux pays, d'un tunnel long de plusieurs dizaines de kilomètres et d'une profondeur de trois mètres. Ce projet dont «La Presse» a annoncé, depuis 2012 en exclusivité, l'élaboration a vu ses travaux arrêtés précipitamment, l'année dernière, pour des raisons techniques et financières. Nul doute que son redémarrage portera ses fruits, et cela en mettant fin aussi bien aux infiltrations des jihadistes qu'à la circulation des armes et des contrebandiers de tous bords. Droukdel persiste et signe Par ailleurs, il est réconfortant de constater qu'en passant à la vitesse supérieure, la coopération sécuritaire entre la Tunisie et l'Algérie pourrait contrer le...retour en force amorcé, ces jours-ci, par l'organisation terroriste d'Aqmi (Al Qaïda au Mahgreb islamique) dont le patron Abdelmalek Droukdel, à en croire des services de renseignements algériens et occidentaux, a donné des ordres à ses dizaines de troupes de jihadistes éparpillées en Afrique du Nord mais aussi au Niger, au Tchad et au Mali, pour passer au redoutable «plan C» qui consiste à transformer ces pays en théâtres d'attentats à la voiture piégée et de rapts, dans la sombre perspective de l'établissement d'émirats islamiques dans ces régions. Le pire est-il vraiment à venir ? That's the question.