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Mafia, terrorisme et islamisme politique
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 25 - 03 - 2014


Par Salah HADJI
Au départ de cette contribution, un article lumineux de Hella Lahbib paru dans La Presse du 20 mars 2014 sous le titre : «Halte, trop c'est trop !».
Il s'agit pour ma part de reprendre un certain nombre de questions et d'avertissements rencontrés au gré de mes lectures et réflexions en rapport avec la situation qui prévaut dans le pays à l'ombre du pouvoir d'Ennahdha depuis les élections du 23 octobre 2011.
1- Le fait dominant qui traverse cette situation est celui de la récurrence des effets pervers d'un certain «ordre» sociétal qui fonctionne hors et au-dedans du droit étatique. Ce qui est constaté ne relève guère d'un simple dédoublement du discours, comme il est souvent répété à l'endroit de la pratique politique des islamistes, mais d'une double posture qui fracture la citoyenneté et fait que l'Etat se trouve à la fois reconnu et dénigré. La solution aux problèmes de l'emploi, des revenus, de la disparité régionale, de la précarité sociale... se change en commerce de la drogue et des armes, en appui aux lyncheurs et en alliance avec les escadrons de la mort sous forme de terrorisme et d'assassinat politique.
2- Tout se passe comme si le pouvoir répressif d'Etat qui avait imposé précédemment son ordre économique au profit de ses propres sphères dominantes avait cédé la place à un ordre mafieux qui n'a fait, depuis les élections d'octobre 2011, qu'exploiter la marginalité, les zones d'invasion et l'attrait du gain facile. Ainsi nous semble se résumer pour l'essentiel la pratique «politique» des islamistes «du côté de chez nous» en Tunisie. En supplantant l'ancien pouvoir, «nos» islamistes se sont ingéniés à accaparer les appareils d'Etat et à exploiter une citoyenneté en mal d'unité en s'investissant dans des milieux instables et des rapports sociaux gélatineux captifs des slogans miroitants. C'est sur une pareille instabilité structurelle sur le plan économique et social que jouent les islamistes en misant sur la collusion entre clientélisme et attrait de l'argent facile.
A l'intérieur de micro-espaces aussi démunis que fragiles et où la règle se mue facilement en non-respect du droit moyennant corruption, allégeance, accords privés, corporatisme...il se produit un transfert de la gestion de la chose publique à une mouvance sociale aliénée à des circonstances d'alliances sourdes qui jouent sur le clavier chaotique des rapports immédiats d'exclusion et de récupération où tout est négociable à court terme et à n'importe quel prix.
3– A cet état socioéconomique fragmenté, fragile et fragilisant s'ajoutent un soubassement démographique où règnent bien des formes de tribalisme et une urbanisation non-intégrante, notamment à la périphérie des grandes villes et particulièrement la capitale. Il y a là autant de facteurs qui incitent à jouer «petit» et à bas palier en donnant aux éléments hétérogènes la configuration du gain facile sur le marché douteux des rapports de force. En effet, dans un pays à économie non encore suffisamment développée et, de surcroît, dominée par un nouveau pouvoir de nature mafieuse, l'argent qui circule se trouve le plus souvent associé à de multiples pratiques parallèles selon des rapports qui alternent le visible et l'invisible.
C'est dans une telle hétérogénéité structurelle qui tend à devenir endémique que s'expriment sous formes de revers les résultats pervers d'une «politique» qui fonctionne le plus souvent à l'invisible. Le résultat le plus patent d'une telle politique est de faire basculer des pans entiers des activités économiques, sociales et politiques hors du contrôle étatique régulier et les livrer ainsi à l'informel. C'est dire que loin de se réduire aux notions de pauvreté et de marginalité, l'informel englobe les liens pervers de l'argent et la contrebande, allant jusqu'à favoriser le terrorisme et alimenter les marchés frauduleux des allégeances politiques et le phénomène du pouvoir totalitaire.
4– N'est-ce pas cela même qui se trame aujourd'hui dans notre pays à l'ombre d'un discours religieux manœuvrier qui n'emprunte le raccourci de la détresse humaine que pour l'ordonner à une «autorité» destituante de l'humain en tant que tel en dévoyant sa vocation proprement politique ? Il y a là une transduction religieuse du politique où s'opère la montée du fascisme à visage théocratique et qui n'emprunte l'humain que pour le désapproprier absolument de lui-même. N'est pas à une pareille visée qui conduit l'«Islam politique» ? Si la politique (polis dans son sens grec) a pour vocation d'instituer un rapport «juste» (Aristote) de «vie universelle dans la cité» (Hegel), n'est-ce pas l'échec de cette vocation vécu dans la détresse et jeté comme tel en plein visage du citoyen qui induit le retour de cette même détresse tout en exaspérant, à coups de manipulation, ses multiples motifs historiques ?
C'est dire combien l'opposition de nature malade, passionnelle et mercantile à un pouvoir des politiques conduit avec l'Islam politique à en reproduire les mêmes effets, mais en pire, c'est-à-dire sous forme de totalitarisme d'autant plus aveugle que son image réelle ne se projette que de l'autre côté du miroir.
5 — Cet autre côté du miroir n'est autre, soulignons-le, que le côté inconscient où convulsent la haine rentrée et l'appétit de loup par le pouvoir. En effet, l'inconscient n'est-il pas «structuré comme une dictature» ? (Ph. Lacoue-Labarthe et J. L. Nancy, Rejouer le politique). Cette structure inconsciente est hautement caractéristique du totalitarisme islamiste: ce qu'elle a ici de singulier, c'est qu'elle recouvre sur un mode pulsionnel des effets multiples diversement localisés et prenant des configurations mobiles à l'intérieur de foyers de micropouvoirs dont la fonction est d'occulter au niveau du discours et des pratiques violentes l'effectivité réelle des foyers classiques du pouvoir (états, classes sociales, monopoles).
Nous ne faisons là que relancer sans nouveaux frais la question de la tentation inconsciente du pouvoir totalitaire, c'est-à-dire à partir d'autres lieux cachés du même lieu morbide ou même lien passionnel (aveugle) fonctionnant comme angle mort ou nébuleuse instable où se nichent les foyers de la violence terroriste et se meurent les disposifs mafieux. Mafia, terrorisme et islamisme politique ont en commun d'entretenir des relations complexes, faites de connivence et de concurrence, sur fond de subversion et de violence, d'alliances et de ruptures, mais visant en dernière analyse l'adhésion de l'ensemble de la société, à la manière d'une éponge, à un ordre idéologique érigé en absolu théocratique et élevé en ciel religieux.
6 — Dans le jeu ou enjeu macabre de ce type d'alliances morbides face à ce qui est estimé comme étant leur ennemi commun, à savoir l'Etat de droit les franges qui composent le trio «M.T.I.» (mafia, terrorisme et islamisme) mêlent leurs territoires d'intervention, conjuguent leurs activités et ramifient leurs clientèles respectives jusqu'au jour où plusieurs d'entre eux se contestent un même marché et un même objectif, ou se heurtent à un certain rapport de force qui les met dans un «conflit à la Faust» en mettant en cause le principe même de leur existence. C'est alors que, pour éviter sa propre ruine, le modèle mafieux/terroriste/islamiste met en avant l'autorité du chef suprême pour rappeler aux uns et aux autres la place qui leur est assignée dans le cadre de la «bousculade sociale» (le fameux «Tadafou el ijtimaï de R. Ghannouchi» au vu de l'accumulation politique, allant jusqu'à renoncer provisoirement à un certain gouvernement des choses pour mieux garder en vue la visée totalitaire du pouvoir. Aussi le personnage mafieux, «nomade» comme il est, est-il le contraire d'un Hapagon (Molière) ou d'un Gobsek (Balzac). Dans l'univers mafieux islamiste, le tout s'ordonne conformément aux implications du rapport de force fait d'instabilité, de redistribution des cartes, de variété d'agencement, d'élargissement et de rappel strict à la règle.
7 - C'est ici que prend place la récurrence du thème du «complot» dans le discours mafieux islamiste. A revenir aux déclarations tonitruantes de certains dirigeants islamistes (notamment Lotfi Zitoun) aux lendemains des élections d'octobre 2011, mettant en avant ce thème du «complot», on ne pourrait guère comprendre de prime abord un tel leitmotiv. On peut, certes, y retrouver comme un écho historique du jacobinisme du temps de la révolution française. Il y a déjà le fait d'une minorité qui prend le pouvoir pour servir ses intérêts «avec la neutralité étroite et mesquine de tous ceux qui tendent à des fins particularistes (...) C'est un régime autoritaire qui se substitue à un autre régime autoritaire» (A. Gramsci, Ecrits politiques I).
Mais le phénomène du «jacobinisme» prend aujourd'hui chez nous une autre signification dans le cadre du phénomène mafieux islamiste. Si le thème du «complot» plane constamment sur le discours du pouvoir mafieux, c'est qu'il est «nécessaire à ses dirigeants pour se maintenir (...) Il renouvelle l'inimitié fondatrice du modèle mafieux en fabriquant du danger dans l'imaginaire collectif» (Alain Morice, «Les maîtres de l'informel», in L'Etat et l'informel). Il y a tout lieu de parler plutôt de «complots» (au pluriel) ou de foisonnement besogneux et fébrile de complots dès lors qu'il s'agit d'un jeu d'alliances qui se nouent et se dénouent en fonction des rapports de force externes et internes au modèle mafieux dans sa volonté de sabordage des fondements de l'Etat républicain.
Les comploteurs jouent sur plusieurs claviers souterrains où alternent valeurs, blanchisseurs d'argent, passeurs en-dessous et au-dessous des institutions de l'Etat, prédateurs pour détourner à leur avantage l'ensemble du système social.
Nous tenons à porter haut ce propos pour dénoncer de la manière la plus ferme et la plus claire les manœuvres islamistes de nature mafieuse et terroriste, au risque de paraître, comme le prétend leur chef, «vouloir pourrir la vie politique en Tunisie» (entretien avec R. Ghannouchi paru dans La Presse du 21/03/2014). Pour terminer, nous n'hésitons pas à ajouter à l'adresse de ce même chef, ce vieil adage bien connu : «Qui se sent morveux, se mouche» !


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