Tout en transférant son QG en Libye, le mouvement d'Abou Iyadh semble résolu à remonter la pente en Tunisie, avec le soutien de groupes terroristes libyens et algériens à la solde d'Aqmi... Aujourd'hui, Ansar Echaria ne compte plus les revers. Il est désormais dans le pétrin, et sa marge de manœuvre s'est rétrécie comme peau de chagrin. En attestent les derniers coups de filet policiers (Raoued-Plage, Cité Ennassim, Jendouba, Kasserine, Monastir...) et les nombreuses arrestations enregistrées dans ses rangs. Et comme un... malheur n'arrive jamais seul, voilà que des mosquées qui constituaient jusqu'ici son épine dorsale et son terrain de prédilection passent aux mains des autorités. En matière de criminalité, une telle série noire a de quoi ébranler et décourager les aventuriers les plus téméraires, et de quoi torpiller les bases des gangs les plus dangereux. Or, dans l'histoire sanguinaire du terrorisme, c'est-à-dire depuis la montée en flèche d'un certain Oussama Ben Laden, on a «appris» à encaisser des coups, à déplorer des pertes humaines et même à perdre des batailles, sans pour autant baisser les bras ou s'assagir. Et c'est d'autant plus vrai qu'Ansar Echaria, de l'avis d'experts en matière de sécurité, est resté étonnamment «compétitif» et potentiellement menaçant, en dépit de ses dernières déroutes et de la disparition mystérieuse de son patron Abou Iyadh. Reculer pour mieux rebondir En effet, des sources sécuritaires bien informées s'accordent à affirmer que «ce mouvement terroriste n'a pas encore dit son dernier mot et qu'il est actuellement en train de resserrer ses rangs, de modifier sa stratégie globale, à la lumière de son récent bilan, il est vrai tout ce qu'il y a de plus catastrophique». Aux dernières nouvelles, et d'après des indiscrétions dignes de foi, Ansar Echaria a transféré son QG en Libye. Les raisons ? D'abord, pour éviter les effets indésirables du réveil tonitruant des forces de sécurité et de l'armée en Tunisie qui ne laissent désormais plus rien passer. Ensuite, parce que la Libye, on le sait, est devenue le refuge «douillet» des terroristes de tous bords qui continuent allègrement d'y affluer et d'y sévir, aidés en cela par le chaos qui y règne et par l'incapacité du pouvoir d'asseoir son autorité. Et puis, c'est dans ce pays que Abou Iyadh a achevé sa cavale, à la recherche d'un soutien, généralement sûr, auprès des innombrables groupes de jihadistes réunis...pour le meilleur et pour le pire. Ces groupes, qui comptent des milliers de combattants redoutablement armés, constituent désormais l'atout majeur d'Ansar Echaria et, sans doute, son ultime carte à jouer. De surcroît, la Libye, qui...dispute aujourd'hui «le vedettariat terroriste» à l'Afghanistan, est devenue le cœur battant et le centre névralgique par excellence d'Aqmi (Al Qaïda au Maghreb islamique) dont l'homme fort Abdelmalek Droukdel, on le sait, a été chargé, depuis deux ans, par le number one d'Al Qaïda Aymen Al-Dhawahri, d'une sale besogne, à savoir l'établissement d'émirats islamiques en Afrique du Nord. Ansar Echaria qui a, il y a trois ans, prêté allégeance à cette organisation terroriste, fera évidemment partie des escadrons de la mort devant être lancés dans cette croisade tramée par Al Qaïda. S.O.S. frontières Autant dire que le danger, le grand danger d'Ansar Echaria, viendra de Libye. D'où l'obligation de maintenir la mobilisation à notre frontière avec ce pays, et cela en redoublant de vigilance, d'omniprésence et d'agressivité, tout en renforçant la coopération sur le terrain avec les Algériens et les services de renseignements européens et surtout américains dont la présence est désormais plus imposante à nos frontières avec la Libye et l'Algérie. Entretemps, pas question de perdre, non plus, de vue ces innombrables cellules dormantes d'Abou Iyadh qui hibernent encore dans le pays.