Les rançonneurs de tout acabit envahissent nos espaces et nous arnaquent par la force. Un phénomène à enrayer rapidement Il n'a pas fallu beaucoup de temps après la «révolution» pour découvrir la face cachée d'une bonne partie de notre société. Une face qui ne fait malheureusement pas honneur à notre pays et à son peuple. Les prémices des phénomènes de société étaient là, depuis des années, mais jamais on n'avait imaginé l'ampleur et la profondeur des maux qui les rongeaient. Ils étaient sans doute à l'état latent et n'attendaient que «l'opportunité» pour éclater au grand jour avec toute la laideur du monde. Et c'est assurément le climat de liberté — entendez bien anarchie — qui règne dans nos contrées qui a favorisé l'émergence d'une catégorie de gens qui ne peuvent exister qu'en tant que parasites. Ils sont de tous les âges, mais ils ont ceci de commun : la rapine et l'usage de la violence si la nécessité se fait sentir. Où que vous allez, vous les croisez sur votre chemin, surtout dans les grandes villes. Ils occupent les espaces publics où ils font la loi pour vous extorquer votre argent pour de soi-disant services rendus et que vous n'avez jamais demandés. Si vous n'obtempérez pas et ne payez pas, la facture sera des plus salées. Pour de soi-disant services rendus ! Aux environs des espaces réservés aux marchés hebdomadaires, des bandes de jeunes et moins jeunes organisées sont là pour accueillir les conducteurs de voitures. Ce sont eux qui gèrent ces «parkings» qui ne sont au fait que des rues ou des bas-côtés de chaussées. Munis de leurs gourdins et aux visages souvent balafrés, ils intimident les plus téméraires et obligent tout récalcitrant à payer la rançon qui ne peut être inférieure à un dinar! Ils agissent au vu et au su de tout le monde, usant d'un langage bien particulier à eux, accompagné de gestes qui en disent long sur leur promptitude de faire du mal. Avant 2011, on en trouvait l'été sur quelques plages isolées. Mais ceux-là rendaient vraiment service eu égard à l'absence de gardiens municipaux. Aujourd'hui, une autre race les a supplantés; elle est faite de brigands aux capacités de nuisance sûres. La première enseigne touristique du pays, qui est Hammamet, est infestée depuis trois années par ces rançonneurs qui ont élu domicile aux abords de la plage en s'improvisant gardiens de parkings, et par la force, si cela ne vous plaît pas. L'insulte et les obscénités, auxquelles s'expose celui qui rechigne à payer ne sont rien devant ce qui pourrait arriver à votre voiture, si par chance, vous parvenez à préserver votre corps de violences physiques souvent, d'autant que la plupart d'entre eux sont souvent en état d'ébriété totale. Il y en a même parmi cette nouvelle espèce de bandits qui se sont appropriés les parasols des villas privées se trouvant sur front de mer pour les louer aux baigneurs occasionnels. Les propriétaires, eux, font mine de ne rien voir et adoptent un profil des plus bas, sachant que les risques qu'ils encourent sont grands et pour eux, et pour leurs demeures. Dans la capitale, ces gardiens de rue sont partout et personne ne daigne lever le doigt d'autant que les autorités voient et ferment l'œil! Pour une autre catégorie de bandits, ce sont les centres de visite technique pour véhicules qui constituent les lieux de prédilection pour une arnaque encore plus substantielle. Du côté des centres de visite technique! Le marché de ce côté-là est très juteux, surtout ces derniers temps. Il doit y avoir une raison pour cela? Sans doute, parce que, de tout temps, la visite technique a constitué un vrai calvaire pour le propriétaire d'un véhicule, car on ne sait quelle mauvaise surprise vous attend ou quel défaut mécanique pourrait être révélé. Et malheur à celui qui se retrouve obligé d'aller changer une pièce ou régler un défaut technique. Toute la bande d'intermédiaires et de rançonneurs est là pour vous proposer ses services et ses interventions s'il le faut auprès des services concernés. Cela date depuis la nuit des temps, mais ce qui est nouveau, c'est cette loi existante, mais dépoussiérée il y a quelques mois et qui stipule que l'on doit changer les plaques d'immatriculation. Il semble que les dimensions en usage ne permettent pas aux radars de flasher les numéros en entier ! Il faut donc changer ces fameuses plaques par d'autres mieux adaptées aux capacités de détection de nos radars ! Les dispositions de cette loi sont actuellement affichées dans tous les centres, mais la plupart des Tunisiens ne connaissent même pas l'existence d'une telle réglementation. Mais une fois sur place, la surprise est au rendez-vous. Et c'est à partir de cet instant-là que le grand manège commence avec une nuée de personnes toutes présentables les unes que les autres et aux traits on ne peut plus aimables, qui vous imposent leurs services. Je dis bien vous imposent, parce que c'est bien le cas. C'est eux qui vous dirigent vers le calligraphe de leur choix, avec qui ils ont passé un accord pour faire l'intermédiaire en contrepartie d'un pourcentage sur la recette. Si on refuse, c'est à vos risques et périls. Car de ce côté-là et dans ces lieux, on ne plaisante pas. Quant à la police, sa réponse est toujours la même : «On n'intervient que lorsqu'on dépose une plainte». Enfin, et à titre indicatif pour nos compatriotes, une plaque d'immatriculation du côté de Ben Arous pourra vous être confectionnée à 7d,000, comme on pourra vous la plaquer à 16d,000. L'arnaque est partout. Il faut savoir la déjouer, ni plus ni moins.