Un public de toutes les tranches d'âge s'est déplacé en nombre au théâtre municipal de la ville pour assister à la soirée d'ouverture du festival. Le coup d'envoi de la douzième édition des Nuits des solistes a été donné vendredi à Sousse, avec un concert de musique classique assuré en deux parties par deux grands. Vers 19h30, il n'y avait presque plus de place dans la bonbonnière du théâtre. Sur scène, on voyait déjà le grand violoniste tunisien Béchir Selmi. Il était accompagné par des instruments sur CD mais a offert à l'assistance, pendant la première partie de la soirée, des airs célèbres de musique classique. Cet artiste, qui jouait avec justesse, a charmé le public pendant un long moment et l'a transporté dans un univers féerique. Ses coups d'archet, en alternance avec le son des instruments à cordes, à vent et à percussion, ont été appréciés par l'auditoire qui l'a applaudi longuement. Il nous a offert au début de la soirée le long morceau instrumental du célèbre Mohamed Abdelwaheb, intitulé Annahr al khalid (la rivière éternelle) : «Je commence toujours ma prestation avec ce morceau, à chaque fois que je présente un concert, et j'ai choisi pour ce concert de substituer l'ensemble orchestral par une musique enregistrée sur un CD», a-t-il révélé aux spectateurs. Le deuxième morceau proposé par notre musicien se penchait sur le thème du téléphone : un thème qui a marqué l'époque romantique des films et chansons égyptiens. Selmi a eu l'idée de brasser et d'alterner en musique instrumentale la chanson de l'Egyptienne Chadia, titrée Mikhasimni, et celle de la Tunisienne Naâma, Kallamni, une chanson composée dans les années soixante, en invitant ainsi l'assistance à une petite ballade romantique. Changement de registre ensuite avec un air de saiqua, suivi d'un autre air liturgique, joué avec beaucoup de justesse. Béchir Selmi, ancien élève de la prestigieuse Rachidia, a clôturé sa partie avec un medley puisé dans le répertoire de la chanteuse libanaise Feyrouz. Dans une atmosphère joyeuse et romantique, le violoniste a excellé dans Zourouni kol sana marra, Aatini ennaya wa ghanni et autres. La seconde partie de la soirée a laissé la place à la prestation de l'Egyptien Majed Sourour au qanun, qui a été accompagné par l'ensemble orchestral tunisien dirigé par le maestro Aymen Guediri. Majed Sourour, considéré aujourd'hui comme l'un des grands maÎtres du qanun dans le monde arabe, a entamé sa prestation par un hommage à Warda, dans un long morceau à rythme suivi par un cocktail du musicien Mohammed Adou Salah (un musicien égyptien). En toute complicité avec la troupe tunisienne, Majed Sourour nous a offert un bouquet des plus beaux chefs-d'œuvre de la musique arabe, rendant hommage à la musique classique orientale de Najet Saghira, Feyrouz et Abdelhalim Hafedh.