Mylène Peyreton a choisi la Tunisie pour étaler ses œuvres «Infiniment Carré» au profit du public tunisien, à partir du 19 avril et jusqu' au 10 mai au centre d'art contemporain B'chira Art Center. C'est bien clair, pour l'artiste Mylène Peyreton, le carré, qu'elle démultiplie à l'infini sous différentes matières et dans les thématiques de sa prédilection — la nature, l'univers, l'origine du monde, la lumière, la trace —, est la forme parfaite. « Stabilité, ancrage, enracinement », résume-t-elle en trois mots les atouts du carré. Mylène Peyreton, native de la région de Franche-Comté, en France, expose depuis samedi dernier et jusqu'au 10 mai ses sculptures, ses œuvres tressées, ses techniques mixtes et ses acryliques sur toile au B'chira Art Center, à Sabbalet Ben Ammar, sur la route de Sidi Thabet. Etonnant comme le travail de la plasticienne- « Infiniment Carré » s'intitule l'exposition - épouse les formes géométriques, épurées et d'une « zénitude » parfaite, des murs blancs du centre d'art contemporain B'chira Art Center. On dirait que les œuvres ont été créées in situ, alors qu'en vérité elles sont nées à des milliers de kilomètres de là, dans l'atelier de Mylène, situé au pied des montagnes du Jura «où trônent des sculptures en terre cuite. Le lieu ressemble à un antre plein de fragments géologiques. Le visiteur-explorateur pourrait faire un voyage à travers les strates terrestres... », écrit et décrit dans le catalogue de l'exposition Faouzia Sahly, grande connaisseuse de l'artiste et ancienne présidente de la commission d'achat des œuvres d'art au ministère de la Culture. Autre certitude, Mylène Peyreton aime la démarche sérielle, aussi bien pour ce qui se rapporte à ses installations au sol qu'aux œuvres murales. Probablement pour le rythme, cette petite musique de fond, que peut provoquer la répétition. Ensuite, la multiplication à souhait de ses carrés lui permet de s'adonner à son jeu préféré, dont elle ne peut se départir malgré l'âge adulte: construction, déconstruction, reconstruction. Ici, la maturation de l'idée qui préside à la composition de la toile ou de l'installation peut prendre jusqu'à huit mois de réflexion, mais le geste de la créatrice est rapide, direct, libre de toute contrainte, juste. Et de ses toiles en acrylique aux tons voguant dans les différentes tonalités du gris, du blanc et du noir, à la base découpés dans de petits carrés puis assemblés tels des tissages artisanaux, émergent des paysages de villes embrumées, des silhouettes furtives, des ombres portées, d'imperceptibles sourires de femmes... Les transparences et les reflets que Mylène sait si bien produire dans ses tableaux inspirent l'imaginaire du visiteur. Sur le sol, par contre, la matière domine de tout son poids, de toute sa gravité. « Vestige », exposé à l'entrée du B'chira Art Center, représente une série de 48 cubes en terre cuite, troués à l'intérieur, technique pratiquement impossible à maîtriser, rappelant un site archéologique phénicien avant la destruction de Carthage. Mylène Peyreton, parce qu'elle vise l'essentiel dans une démarche d'une sobriété constante, va toujours, pourtant sans prédétermination aucune, à la rencontre de l'histoire des uns et des visions des autres...