6 romans en langues arabe et française ont été primés parmi plus d'une dizaine de romans participants (13 en français et 19 en arabe) dans le concours du prix littéraire du Comar d'or. Le rideau est tombé sur la dix-huitième édition des prix littéraires du Comar d'or, une compétition littéraire, organisée comme chaque année par les assurances Comar, œuvrant pour la promotion de la production littéraire en Tunisie. A cette occasion, vendredi dernier, a été organisée une rencontre avec les lauréats, en présence des membres du jury, dont le coordinateur, Béchir Garboug, également modérateur de la réunion, qui a souligné l'importance de cette action de soutien pour le livre et les productions romanesques, avant de donner la parole aux lauréats afin qu'ils présentent leurs œuvres au public. La lauréate du «Prix spécial Jury 2014», en langue française, Khaoula Hosni, pour D.A.B.D.A, a situé son roman dans la lignée des genres hybrides, mélangeant le romanesque, le fantastique et le surnaturel. «Il s'agit d'une histoire de famille un peu compliquée», a-t-elle dit. Le titre de l'œuvre est l'abréviation d'une théorie en psychologie : déni, colère, négociation, dépression et excitation. Interrogation sur les frontières entre la vie et la mort, la raison et la démence, ce livre est chargé de suspense et de rebondissements. Pour Samir Marzouki, juré du prix, : «C'est un texte inhabituel avec un rythme original. L'œuvre échappe à toute classification. C'est à la fois un roman policier, un roman d'amour et un roman psychologique». Lauréate en langue arabe, Emna Rmili Ouslati, «Prix spécial Jury 2014» pour Al baki, qualifie son texte de roman de la mémoire collective. L'action se déroule vers les années 2003-2004, dans les universités et les facultés tunisiennes, à une époque où la révolte grondait dans les milieux estudiantins. «L'œuvre, écrite en langue fluide, provoque le lecteur et l'invite à réfléchir», fait remarquer la jurée Najet Tnani. Le destin apprivoisé est le titre du roman qui a eu le prix «Découverte 2014». Il a été décerné à Néjib Turki. C'est l'histoire d'un couple installé à Kasserine. Le livre aborde la question de la bonté originelle, qui se manifeste dans les comportements des personnages. «Plusieurs thèmes parcourent le texte, on y trouve la psychologie, la politique, la société... C'est un voyage avec les mots dans les sentiers de la bonté», souligne l'auteur. Quant au «Comar d'or 2014» en langue française, il a été décerné à Saber Mansouri pour son roman intitulé Je suis né huit fois. Le héros, «Massir», vient au monde après la naissance de sept sœurs. L'auteur, spécialiste d'histoire grecque ancienne, évoque le triomphe des nouvelles générations dans la société tunisienne des années 70. «C'est mon cinquième livre après Athènes vue par ses métèques (V-IV siècle av J-C) sorti en 2000 et l'Islam confisqué. Manifeste pour un sujet libéré en 2001», indique l'auteur. Pour cause de mauvais temps, certains lauréats étaient absents. Les jurés ont présenté eux-mêmes le roman de Fathi Jamil, «prix de la découverte 2014», intitulé Beb Bhar, qui offre une galerie de portraits féminins actifs dans le milieu estudiantin tunisien. Quant à Diwan al mawajii, de Mohamed Bardi, «prix Comar d'or», c'est un roman qui relate l'histoire d'une famille du sud tunisien, de génération en génération, depuis l'indépendance jusqu'à la révolution. Les membres du jury ont déclaré, par ailleurs, que les productions de qualité en arabe et en français ne manquaient pas, mais qu'ils ont décelé certaines lacunes dans les œuvres participantes, tant au niveau de la syntaxe qu'au niveau de la thématique, à l'instar du thème de la «révolution», très récurrent, imbriqué dans les romans en compétition.