18 longs-métrages de 12 pays sont en lice pour la Palme d'or de la 67e édition du Festival international de Cannes, qui se déroulera du 14 au 25 mai En se focalisant sur la compétition officielle, on constate le retour de quelques habitués du festival : les frères Dardenne qui reviennent sur la croisette avec Deux jours, une nuit, interprété par Marion Cotillard, Fabrizio Rongione et Olivier Gourmet, qui a obtenu une double Palme d'or pour Rosetta, en 1999 et L'enfant en 2005. Ce film belge du genre social suit une employée, Sandra, qui essaye de convaincre, le temps d'un week-end, ses collègues de renoncer à leur prime afin de garder leur emploi. Ken Loach, le réalisateur britannique, détenteur de la Palme d'or avec Le vent se lève en 2006, est également de retour pour la 12e fois avec Jimmy's Hall : une adaptation de l'histoire vraie d'un communiste irlandais émigré aux Etats-Unis en 1909 mais qui, de retour au bercail, est déclaré indésirable en raison de son activisme politique et est déporté aux USA en 1933. Mike Leigh, autre réalisateur anglais, Palme d'or en 1996 pour Secrets et mensonges, revient à Cannes avec Mr Turner, un film biographique sur le peintre paysagiste J.M.William Turner, précurseur de l'impressionnisme, interprété par Timothy Spall. David Cronenberg qui, avec le sulfureux Crash, avait raflé en 1996 le prix spécial du jury, est de retour avec Maps to the Stars. Campé par John Cusack et Julianne Moore, le film du réalisateur canadien propose une saga de la famille Weiss, dynastie hollywoodienne, obsédée par la célébrité. Captive d'Atom Egoyan, second opus canadien en compétition, est un film à suspense qui raconte la disparition d'une fillette, alors que les indices semblent prouver qu'elle est toujours en vie, 8 ans plus tard. Une enquête policière avec, dans les rôles principaux, Ryan Renoylds et Mireille Enos. Un Godard en 3D Le cinéma français est représenté par 4 films : Adieu au langage, de Jean-Luc Godard, qui n'a jamais obtenu de distinction à Cannes bien qu'il ait participé six fois à cette manifestation. Ce film en 3D, dont le sujet est gardé secret, est interprété par une pléiade de jeunes acteurs dont Héloïse Godet, Kamel Abdelli et Zoé Bruneau. Sils Maria, d'Olivier Assayas, se focalise sur le personnage d'une comédienne qui, arrivée au sommet de sa carrière internationale, reprend le rôle qu'elle a joué 20 ans auparavant et qui a fait d'elle une star. En incarnant ce rôle en tant que femme mûre, elle ne peut s'empêcher de s'interroger sur l'âge, la carrière et autres. L'opus est campé par le trio Juliette Binoche, Kristen Stewart et Chloë Grace Moretz. Saint Laurent, signé Bertrand Bonello, qui est pour la troisième fois en compétition officielle, est un biopic du grand créateur de mode retraçant dix années seulement de la vie du célèbre couturier, les plus importantes et prolifiques, celles entre 1965 et 1976. Gaspard Ulliel joue le rôle de YSL, Jérémie Renier interprète son compagnon Pierre Bergé, outre William Dafoe et Louis Garrel. The Search, de Michel Hazanavicius, auteur du célèbre The Artist, prix d'interprétation pour Jean Dujardin au Festival de Cannes-2011. Dans ce nouvel opus s'entrecroisent quatre destins lors de la guerre opposant les Russes aux Tchétchènes, entre 1999 et 2000. Carole, infirmière et membre d'une Organisation Non Gouvernementale, recueille un jeune enfant tchétchène. En parallèle, on suit un jeune soldat russe sur le terrain du combat. Au casting : Bérénice Béjot, Annette Béning et Nika Kipshizde. Le cinéma asiatique sera, de son côté, représenté par deux longs-métrages : Sommeil d'hiver, du Turc Nuri Bilge Ceylan, est un drame truffé de rancœurs entre un ancien comédien devenu hôtelier, sa femme dont il s'est sentimentalement éloigné et sa belle-sœur. L'auteur de Uzak et de l'excellentissime Les trois singes, tous deux primés à Cannes respectivement par le Grand prix et le prix de la mise en scène, est connu pour sa capacité à peindre la difficulté de vivre dans la société moderne avec une touche esthétisante et un tempo qui s'inscrit dans la durée. D'où la longueur de ses films. A preuve, son dernier-né dure 3h15. Deux fenêtres, de la Japonaise Naomi Kawase, laquelle revient sur la croisette après avoir obtenu le Grand prix en 2007 pour La forêt de Mogari, et la Caméra d'or pour Suzaku en 1997. La réalisatrice poursuit de plus belle dans sa thématique écologique, en traitant du cycle de la vie, la mort et la reproduction à travers l'histoire de Ten, un ado de 14 ans et de son amie Kyoko. Les Etats-Unis sont représentés par deux films : Foxcatcher, de Bennet Miller, un drame autour de la lutte, et The Homesman, de et avec Tommy Lee Jones. Situé en 1855, le film évoque la rudesse et les dangers qui sévissent dans les vastes étendues de la frontière américaine. L'Amérique du Sud est également représentée avec le film argentin de Damian Szifron Relatos Savajes, produit par Pedro Almodovar. Un film à sketches, où se mêlent comédie, thriller et fantastique. L'Afrique quasi absente Cette année, le cinéma africain est quasiment absent. Ne parlons pas du cinéma maghrébin et particulièrement tunisien, totalement absent de la sélection officielle, et a fortiori de la compétition. C'est le réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako, Prix du jury Un Certain Regard en 1993, pour Octobre et premier prix dans la même sélection pour En attendant le bonheur en 2002, qui représentera l'Afrique avec Timbuktu, le chagrin des oiseaux, avec, dans l'un des rôles principaux, la chanteuse touarègue Toulou Kiki, mais seulement en tant que réalisateur, car cette production est, en fait, franco-turque. Timbuktu, le chagrin des oiseaux se focalise sur le conflit ethnique au Mali à travers l'histoire de la ville de Tombouctou, surnommée la ville aux 333 saints ou la perle du désert, un lieu de rencontres et de brassage, jadis symbole de tolérance et de symbiose entre les communautés qui y vivaient. Le cinéma russe est représenté, lui, par Léviathan, d'Andrei Zvyagintsev, un huis clos en bord de mer, où est évoquée la condition humaine avec Vladimir Vdovichenkov, Elena Lyadova et Leksey Serebryakov. Tous ces films seront appréciés et primés par un jury présidé, pour la première fois, par une femme, la réalisatrice néo-zélandaise Jane Campion, détentrice de la Palme d'or pour La leçon de piano en 1993. Le maître de cérémonie n'est autre que l'acteur français, aux multiples talents, Lambert Wilson. Enfin, l'ouverture de la 67e édition du plus prestigieux festival au monde se fera avec Grace de Monaco, un biopic de la célèbre princesse, signé Olivier Dahan, et dont le personnage de Grace Kelly est incarné par Nicole Kidman.