Pour une réglementation rigoureuse qui rendrait au taxi la confiance perdue à cause d'une certaine catégorie de taxistes, auteurs de tous les dépassements sur la route comme à l'égard de leurs clients. Usager de la route, le taxiste est surtout prestataire de service. Un double attribut qui exige un certain nombre de qualités qu'il n'est pas besoin de retrouver chez le commun des conducteurs. Son métier de transporteur d'hommes et de femmes de tous âges diffère de celui du transporteur de bétail ou de marchandises. Le taxiste, c'est aussi l'image d'un pays quel qu'il soit. Un visiteur commence par connaître un pays à travers le taxiste qui le prend de l'aéroport vers son lieu d'hébergement. Et c'est souvent la première impression qui marque l'étranger pour ensuite modeler son comportement partant de l'idée qu'il s'est faite en parcourant le trajet menant de l'aéroport à l'hôtel. Partant de ce fait, ne peut être taxiste qui veut. Mais dans la réalité, c'est tout le contraire qui s'observe et n'importe qui peut se voir attribuer le permis de place pour exercer le métier, aujourd'hui, décrié par tout le monde en raison du comportement de la majorité écrasante des conducteurs des fameuses voitures jaunes qui sillonnent nos villes. Avec la disparition d'une génération qui faisait honneur à ce métier et l'avénement d'une autre dont le trait commun est l'incorrection sous toutes ses formes, allant du vestimentaire à l'obscénité des gestes et propos envers les autres usagers de la route et même à l'adresse de leur clientèle, c'est tout le paysage du transport qui a changé. A cela, il faudrait aussi ajouter cette sorte d'arnaque dont sont victimes les étrangers à leurs arrivées aux aéroports. Le prix d'une course de l'aéroport Tunis-Carthage vers le centre-ville ne peut être inférieur à 50 dinars. Et souvent, on exige d'être payé en euro ! Incorrection et arnaque ! Outre ces manifestations d'incivilité criardes, un taxiste croit être au-dessus de toutes les lois et se comporte en véritable bandit de la route, enfreignant toutes les règles, surtout au cours des trois dernières années avec l'octroi de milliers d'autorisations, à des gens dont l'apparence à elle seule vous rend méfiant de héler un taxi. Ils sont de toutes les infractions possibles et imaginables : feux grillés, sens interdits bravés, priorités et arrêts obligatoires non respectés... L'intérieur même de la plupart des véhicules, surtout ceux des taxis collectifs, est souvent rebutant : sièges crasseux, tapis poussiéreux, odeurs nauséabondes aux relents d'alcool, de tabac, en passant, par ceux des chaussures des chauffeurs, souvent des espadrilles ou des baskets, surtout en période de grosses chaleurs. C'est cela le taxi en Tunisie. C'est navrant de le dire, mais c'est une réalité qu'on ne peut escamoter, d'autant qu'il s'agit d'un service, certes, privé mais à portée publique et qui est correctement monnayé. Sous d'autres cieux, un taxiste a l'allure d'un chef de cabine ou d'un steward, tellement il est impec dans sa tenue bien distinguée, avec souvent des mains gantées, sans parler des chaussures scintillantes. Quant à l'abord, il est des plus courtois et délicat. Le véhicule, il est — cela va sans dire — à l'image de son conducteur. Ce n'est pas spécifique aux pays du Nord, dans plusieurs pays du Sud, c'est presque identique à tout point de vue. Pourquoi ce n'est plus le cas chez nous en Tunisie où cette race de taxistes a existé, mais qui a complètement disparu? Comment y remédier, même si par les temps qui courent où le populisme bat son plein, toute mesure visant l'amélioration de tel ou tel service ou la réorganisation d'un secteur donné peut soulever un tollé et susciter des débats déplacés, mais dont les auteurs n'ont de soucis que de se faire une certaine image qui les fait passer pour les défenseurs du pauvre peuple, au détriment de l'intérêt général et de tout bon sens. Il faut des remèdes ! En dépit de tous ces aléas, il n'est plus tolérable que pareil secteur à l'utilité insoupçonnable reste livré à lui-même, sans le moindre contrôle ni mesures à même de permettre sa mise à niveau. Cette tâche incombe, bien sûr, aux pouvoirs publics en premier lieu, mais aussi au syndicat du métier. Ce dernier, qui ne se manifeste que pour faire des revendications ou pour décréter une grève, devra assumer son rôle dans l'encadrement et l'accompagnement de ses affiliés. Par ailleurs, de par ses rapports de tous les jours avec les clients, un taxiste auquel on octroie l'autorisation pour l'exercice de ce métier ne peut être n'importe qui. Il ne suffit pas d'avoir le permis indiqué pour se faire prévaloir d'un tel droit. D'autres critères bien établis et rigoureux doivent faire l'objet de concertations entre le ministère du Transport et les représentants de la corporation pour figurer dans les conditions de l'octroi du permis de place. Entre autres critères que l'on se doit de prendre en compte, celui du casier judiciaire, outre le niveau d'instruction et un test psychotechnique bien approfondi où plusieurs sujets y seront exposés aux candidats. Etre au contact du public n'est pas une mince affaire et cela n'est nullement une affaire de sentiment. Une réglementation ferme devra mettre fin au laisser-aller qui prévaut actuellement. Elle devra toucher à l'état du véhicule, comme aux aspects touchant au conducteur, à commencer par le côté vestimentaire qui est d'une grande importance. Les agents de la circulation et les citoyens usagers doivent veiller à ce que le respect soit de rigueur. Cela fait partie d'un droit citoyen que chacun exige pour son bien et pour la bonne image de la Tunisie.