L'Assemblée a «veillé à rester fidèle à la révolution et aux martyrs, mais il y a des règles à l'ANC et on doit les respecter». Il espérait apporter avec lui la liste des 15 membres consensuels de l'Instance «Vérité et Dignité», mais même le report de deux heures de sa conférence de presse n'y a rien fait. Mustapha Ben Jaâfar a dû se rendre à l'évidence : les membres de la commission de tri peinent à s'entendre. «Nous devons impérativement établir aujourd'hui une liste de 15 candidats. Si nous n'y arrivons pas, la séance plénière de l'ANC prendra la relève», a prévenu le président de l'ANC qui reste convaincu qu'un accord est toujours possible. Des airs de campagne D'habitude réservé sur ses positions personnelles lorsqu'il parle au nom de la présidence de l'Assemblée nationale constituante, Mustapha Ben Jaâfar ne manque pas cette fois de flirter avec de véritables thèmes de campagne, en insistant sur ce qu'il appelle des «priorités sociales». «Il est nécessaire de donner la priorité au chômage, au modèle de développement et à la question des disparités entre les régions», a-t-il déclaré. D'un autre côté, Mustapha Ben Jaâfar a tenté de lisser l'image de l'ANC ternie par plusieurs incidents. Ainsi, pour lui, l'ANC a «veillé à rester fidèle à la révolution et aux martyrs». Selon lui, celle-ci veut en finir avec le système de corruption de l'ancien régime», mais il impute la responsabilité des récentes décisions impopulaires aux «règles qui régissent l'ANC». «Au final, c'est le vote qui détermine tout et nous devons l'accepter», a-t-il martelé. Pour alléger la pression sur l'ANC, Mustapha Ben Jaâfar interpelle aussi le gouvernement, dont c'est en partie la responsabilité, selon lui, de créer des chambres judiciaires spéciales pour traiter les affaires des martyrs et blessés de la révolution. Prochaines étapes Dans un autre registre, le président de l'ANC a jugé intolérables les déclarations en pleine séance du député Ibrahim Gassas. Jeudi, celui-ci s'en était violemment pris au statut des femmes en clamant que leur place était «à la maison» La présidence de l'ANC a confirmé la signature, hier, de la loi électorale votée jeudi, et a estimé que «c'est un pas important», même si «certains ne sont pas contents». Clin d'œil à certains partis dont Al-Kotb, qui voit dans la nouvelle loi électorale «une conspiration contre les voix des électeurs». Mais il reste d'autres pas, dont le plus important est le choix entre simultanéité ou séparation des échéances législatives et présidentielles. Mustapha Ben Jaâfar l'admet: «C'est un choix politique qui revient à l'ANC». Une fois cette étape franchie, les regards devront se tourner vers l'Instance supérieure indépendante pour les élections, qui prendra la relève pour un sprint vers les élections. Des élections qui devront se dérouler avant la fin de l'année en cours, conformément aux dispositions de la nouvelle Constitution. Visite à Washington Le président de l'Assemblée nationale constituante, Mustapha Ben Jaâfar, effectuera une visite à Washington du 5 au 8 mai. Il aura des entretiens avec des responsables de l'exécutif et du Congrès américains, ainsi qu'avec la directrice générale du FMI, Christine Lagarde. Au cours de cette visite, Ben Jaâfar donnera, également, une conférence, à l'Université Johns-Hopkins, sur la transition démocratique en Tunisie et aura une rencontre avec un certain nombre de personnalités américaines à l'International Republican Institut.