Le Parti républicain encourage les Tunisiens à soutenir l'opération de souscription à l'emprunt obligataire national et réaffirme son soutien au gouvernement Jomâa à condition qu'il respecte les directives de la feuille de route du Dialogue national Le Parti républicain (Al Joumhouri) a tenu hier, au siège de son journal Al Mawqef (La Position), un point de presse pour donner sa position officielle sur les derniers événements qui ont émaillé la scène politique tunisienne : le retrait de la motion de censure qui a visé deux ministres du gouvernement Jomâa (Mme Amel Karboul, ministre du Tourisme, et M. Ridha Sfar, ministre délégué auprès du ministre de l'Intérieur chargé de la Sûreté), le dialogue national économique ainsi que d'autres points. L'audition des deux ministres a porté ses fruits Issam Chebbi, membre du bureau politique du parti Al Joumhouri, a précisé que sa formation politique a atteint les objectifs visés suite à l'audition de Mme Amel Karboul et de son collègue au gouvernement M. Ridha Sfar par l'Assemblée nationale constituante (ANC). «L'audition des deux ministres fait partie des mécanismes démocratiques. Primo, nous pensons que cette procédure va immuniser ces deux ministres contre d'autres interpellations de ce genre. Secundo, nous avons voulu éviter que cet incident soit mal interprété en ce qui concerne la position de l'ANC vis-à-vis de la question de la normalisation. En effet, il y avait un consensus général à l'échelle nationale qui s'est traduit par un refus catégorique de la normalisation avec l'entité sioniste comme en témoignent les réactions des députés au cours des travaux de l'Assemblée nationale constituante», a-t-il déclaré. En ce qui concerne les voix qui ont appelé à mettre fin aux travaux de l'ANC, M. Chebbi pense que ces déclarations ne sont pas fondées. «Aujourd'hui, le parti Al Joumhouri réfute catégoriquement ce genre d'appels car ça va à l'encontre des directives de la feuille de route du Dialogue national et du consensus national. L'appel pour geler les travaux de la Constituante est anticonstitutionnel et contraire aux dispositions transitoires de la nouvelle Constitution qui stipule que l'Assemblée nationale constituante doit poursuivre ses travaux jusqu'à la tenue des prochaines élections mais avec des objectifs bien précis. Ces appels sont une menace pour tout le processus de transition démocratique et la tenue des prochaines élections», a-t-il ajouté. Pour une séparation entre la présidentielle et les législatives Le membre du bureau politique du Parti républicain a toutefois réitéré le soutien de son parti au gouvernement Jomâa à condition que ce dernier puisse respecter les directives de la feuille de route du Dialogue national en révisant les désignations de la Troïka à travers une administration tunisienne totalement neutre, assurer tous les moyens nécessaires pour le bon fonctionnement de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) et surtout la dissolution des Ligues de protection de la révolution (LPR). «Tous les partis politiques doivent trancher et accélérer le dialogue sur la question de séparer ou non la présidentielle des législatives. Pour ce qui est de la position de notre parti, contrairement à Ennahdha, le seul parti qui est pour la tenue des deux scrutins en simultané, nous sommes parmi ceux qui croient qu'il faut séparer les deux échéances électorales car chaque campagne électorale à sa propre logique. De plus, entre les législatives et la présidentielle, les programmes diffèrent», renchérit-il. Rejet des positions politiques dans le dialogue économique Pour ce qui est du volet économique, M. Issam Chebbi a jugé qu'il est nécessaire que dans le cadre du dialogue national économique, qui se tiendra le 28 mai, les différents acteurs doivent aboutir à des décisions économiques «appropriées». «Pour garantir le succès de cet événement, les efforts se poursuivent actuellement au sein des commissions sectorielles créées qui s'inscrivent dans le cadre des préparatifs du dialogue économique et nous espérons que tous les participants ne se serviront pas de cet événement pour faire passer des positions politiques», a fait savoir le représentant d'Al Joumhouri. En revanche, M. Chebbi a appelé tous les Tunisiens à soutenir l'opération de souscription à l'emprunt obligataire national qui a été lancée officiellement, hier, en vue de mobiliser 500 millions de dinars pour couvrir une partie des besoins du budget de l'Etat pour l'exercice 2014. Il a confirmé aussi l'intention des différents leaders de son parti, à titre individuel, de participer à cet élan participatif. L'utilisation du «Viber» sous conditions Enfin, en réponse à l'opposition d'Al Joumhouri au principe de la normalisation avec Israël, La Presse a voulu savoir si M. Issam Chebbi était parmi les Tunisiens qui utilisent l'application « Viber » pour smartphones (une application développée par une entreprise israélienne et qui permet de passer des coups de fil gratuitement via Internet). Sa réponse était la suivante : «Oui, j'ai l'application "Viber" sur mon téléphone et je l'ai déjà utilisée. Vous allez me dire qu'il s'agit d'une application sioniste. Je suis bien vacciné contre ce sujet. Je vous rappelle que lors de l'attaque israélienne contre la bande de Gaza, en soutien au peuple palestinien, les Tunisiens étaient nombreux à boycotter non seulement les produits israéliens mais aussi les produits américains à travers une campagne nationale de boycott. D'ailleurs, plusieurs études démontrent que la Tunisie figure parmi les pays qui ont contribué au boycott des produits américains. Aujourd'hui, s'il est avéré que cette application est de nature à promouvoir la politique colonialiste d'Israël, nous serons parmi ceux qui soutiendront son boycott», a-t-il conclu. Drôle de réponse d'un représentant du bureau politique d'un parti qui a toujours exprimé son opposition à la normalisation et son soutien au boycott du made in Israël !