La tenue de ces journées vient s'inscrire dans la logique d'envisager les stratégies et les réformes fondamentales qui devraient êtres mises en œuvre pour donner corps aux alternatives souhaitées A moins d'une semaine du dialogue économique national annoncé au cours du mois écoulé par le gouvernement Jomâa, le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES) a pris l'initiative de mobiliser la société civile nationale pour mieux se préparer au rendez-vous attendu. Il organisera, à partir de ce vendredi 23 mai jusqu'au 25 courant, au campus universitaire Farhat Hached d'El Manar à Tunis, des journées de réflexion intitulées « Quelles visions de la société civile à propos des principales problématiques économiques actuelles ? ». Une tentative associative visant à repenser l'actuel modèle de développement qui a échoué à tous égards. Autant dire, se pencher sur un autre modèle alternatif qui répond au mieux aux exigences du nouveau contexte socioéconomique, où la répartition des fruits de la croissance devrait se faire à bon escient. Certes, la justice sociale, le développement régional équitable et la promotion de l'emploi constituent, au demeurant, les objectifs primordiaux de la révolution. Ces mérites, axes majeurs de toute œuvre de réforme économique, valent tant de peine que d'aboutissement, sur fond de consentement et d'accords à l'arraché. Le tout pour l'intérêt du pays, afin qu'il puisse sortir d'une crise financière redoutable. S'y ajoute un climat d'investissement affligeant, marqué surtout par des procédures juridiques liberticides, aussi arbitraires soient-elles, interdisant à une cinquantaine d'hommes d'affaires de voyager. En quête d'un modèle alternatif Cependant, réaliser un modèle de développement parfait relève d'un miracle céleste. Car, la perfection humaine n'existe jamais. A moins que l'union fasse la force des choses. Seulement le fait d'avoir une vision commune d'idées et des projets, résultant d'échange interactif, semble être de mise, afin de braver les conflits et les divergences. Et pour cause, un tel dialogue économique national ne peut nullement aboutir sans la participation massive de toutes les parties prenantes. D'où l'importance de voir tous les acteurs et les organisations s'y impliquer volontiers, dans l'objectif d'asseoir les bases solides d'un nouveau modèle de développement productif et solidaire. Ugtt, Ltdh, réseau Euromed, Doustourna, femmes démocrates (Atfd) et bien d'autres ONG seront là, trois jours durant, aux côtés du Ftdes, pour en discuter et donner leurs points de vue, sans pour autant manquer d'y proposer les alternatives possibles. En ouverture, les séances plénières auront à recentrer le débat sur les raisons d'une alternative au modèle de développement actuel, à l'aune du capitalisme sauvage, sous l'impérialisme de la mondialisation, tel qu'évoquera, à l'occasion, M. Abdeljelil Bedoui, expert en la matière. Mme Aminata Traoré, militante altermondialiste malienne s'intéresse, quant à elle, aux défis et avenir du développement africain. Et comme l'intégration maghrébine est un choix stratégique pour mieux se repositionner dans la sphère économique européenne et mondiale, M. Ghazi Hidouci, ex-ministre algérien de l'Economie et des Finances et ancien président de la BAD, interviendra sur les perspectives de l'UMA à la lumière du partenariat nord-sud. La problématique de l'égalité sociale dans les systèmes économiques répressifs fera l'objet de la communication de M. Samir Aita, consultant international en matière d'économie. Un tel débat sur des principes et choix stratégiques ne peut que susciter l'adhésion et l'encouragement. Le diagnostic tout d'abord ! Mais, peut-on procéder à la définition d'un nouveau modèle sans élaborer un diagnostic de la situation actuelle? Tant il est vrai que les enseignements du passé s'apprennent souvent dans le présent, d'autant plus que demain se fait aujourd'hui. De l'avis du Ftdes, partie prenante de ce dialogue, le recours à un travail critique et d'évaluation de l'actuel modèle de développement aurait toutes ses raisons. Bref, reculer pour mieux sauter. Il considère que, pour diverses raisons dont ce contexte politique exceptionnel et le manque d'intérêt pour les questions du régime fiscal, justice et solidarité, environnement et énergie renouvelables, « un dialogue national sur les choix stratégiques pour un modèle économique alternatif reste un exercice prématuré et difficile à réaliser dans une période aussi courte». C'est pourquoi, ajoute-t-il, la tenue de ces journées vient s'inscrire dans la logique d'envisager les stratégies et les réformes fondamentales qui devraient êtres mises en œuvre pour donner corps aux alternatives souhaitées. De ce fait, la deuxième journée sera consacrée, dans le cadre du travail d'ateliers, à la discussion des thématiques suivantes : diagnostic du modèle actuel et les contours futurs de son alternatif, le tissu productif national et ses défaillances (secteur informel, entreprises publiques et privées, investissement local, compétitivité..), l'économie et ses ressources de financement limitées, système de compensation et déficit commercial, la difficile équation emploi-développement, les inégalités sociales et régionales, les services sociaux et les perspectives de leur promotion. Il sera également question de partenariat euro-méditerranéen, son bilan et les mécanismes de son renforcement. Et les travaux d'atelier se poursuivront, dimanche matin. Ils vont déboucher sur une série de recommandations, pouvant servir de document d'appui au prochain débat autour du dialogue économique national prévu à la fin de ce mois.