Par Moncef KAMOUN(*) L'Ugtt fera partie des 47 organisations mondiales en lice pour le prestigieux Prix Nobel de la paix 2014. La candidature a été présentée par les quatre présidents des grandes universités tunisiennes, Tunis, Carthage, La Manouba et Jendouba. C'est une reconnaissance du rôle que l'Ugtt a assumé pour sauver la Tunisie du chaos en imposant son initiative à toutes les différentes forces politiques, à savoir le dialogue national qui nous a permis de mettre fin à la crise politique et parvenir au consensus ayant favorisé la formation d'un gouvernement compétent et indépendant. La centrale syndicale pourrait bien accéder par la grande porte à la course du Nobel de la paix 2014 grâce à son rôle joué à un moment où tout était fort complexe où rien n'était clair, une période caractérisée par un double discours, des manœuvres de coulisses et des coups tordus des uns et des autres, des nominations d'incapables dans des postes clés, tout pour garder ou avoir le pouvoir. Aucune action pour l'intérêt du peuple et du pays. Une période où la désespérance gagnait de plus en plus les Tunisiens qui ne voyaient rien venir, tout indiquait que la crise était là et pour toujours. L'Ugtt pourrait alors amplement mériter ce prix qui viendrait consacrer son rôle déterminant, voire décisif, dans l'organisation du dialogue national, lequel a sauvegardé la paix civile dans le pays lui évitant un dérapage vers la violence qui aurait pu avoir des conséquences désastreuses mais... L'essentiel du travail commence maintenant Aujourd'hui, les associations et organisations de la société civile ainsi que les partis politiques qui se respectent doivent se mobiliser pour que notre organisation syndicale remporte ce Prix Nobel de la Paix 2014. En réalité, gagner ce prix va au-delà de la centrale syndicale ouvrière et ce que va récolter notre pays au cas où l'Ugtt serait Prix Nobel de la paix n'est pas à démontrer. Ce serait une première dans l'histoire de notre pays ou plutôt de notre région. Nous devons tous être derrière cette centrale syndicale forte par son passé, par son organisation à travers tout le pays et par ses initiatives, toujours pour l'unique intérêt du pays. C'est un signal fort dénotant la place qu'occupe l'Ugtt sur la scène nationale, son poids et sa crédibilité. Aujourd'hui, notre pays sauvé du chaos, notre centrale syndicale candidate au Prix Nobel de la paix, ceci nous donne un deuxième souffle et de la force pour une mission, celle de tout faire pour que notre pays sorte indemne de la crise économique et sociale qu'il traverse à l'heure actuelle. L'Ugtt, l'autre pouvoir tunisien Au départ, lors de sa création, l'Ugtt était un organisme fondé pour que les travailleurs participent à la lutte anticolonialiste. Après l'indépendance, l'Ugtt a toujours joué un rôle crucial dans les moments difficiles. Elle est la force nationale au service du peuple et un vrai contrepoids au pouvoir politique. Phénomène purement tunisien qui fait de la centrale aujourd'hui l'unique interlocuteur incontournable de la transition démocratique. Créé le 20 janvier 1946 pour regrouper dans le temps les syndicats autonomes du Nord et du Sud et la confédération générale tunisienne du travail fondée en 1936 et Hached est élu à l'unanimité à l'âge de trente-deux ans comme premier secrétaire général de la nouvelle centrale. En réalité, le premier noyau syndical autonome de Tunisie était la Confédération générale des travailleurs tunisiens qui a été créé par El Hammi en janvier 1925 à la suite d'une série de grèves et de protestations ouvrières, les autorités du Protectorat français procèdent en 1925 à l'arrestation d'El Hammi et de ses camarades accusés de perturbation de l'ordre public, il est condamné à 20 ans de prison. L'Ugtt mena le combat pour l'indépendance nationale pendant les années sombres où la violence coloniale se déchaînait contre le peuple et les militants. Apres l'indépendance l'Ugtt était l'unique organisme qui a osé tenir tête à Bourguiba pour défendre les intérêts des travailleurs et qui le payait par l'arrestation et l'exil de ses dirigeants. L'Ugtt a joué un rôle primordial dans le déclenchement, l'encadrement des mouvements et la radicalisation des revendications populaires et a joué un rôle central dans la politisation de la révolution qui était au départ une protestation populaire, mais les structures régionales et locales de l'Ugtt ont en effet non seulement encadré et organisé cette contestation sociale, mais elles ont organisé la manifestation du vendredi 14 janvier. Aujourd'hui, avec plus d'un demi-million d'adhérents, l'Union générale tunisienne du travail, la puissante centrale syndicale, est un acteur incontournable de la scène politique tunisienne. Elle est au centre des négociations pour trouver une issue à la crise que traverse le pays depuis l'assassinat de Mohamed Brahmi. Dialogue national, négociations syndicales, grèves générales... l'Ugtt mène le bal et impose sa cadence. L'Ugtt a réussi là où les partis politiques ont échoué En l'absence de partis politiques d'opposition indispensables pour la démarche démocratique, c'est l'Ugtt qui a toujours été appelée à jouer ce rôle. La centrale syndicale de Tunisie est historiquement un acteur politique de premier plan. Elle se place comme un contre-pouvoir mais avec un esprit constructif où uniquement l'intérêt du pays et non des personnes qui comptent et c'est ce qui a fait notre réussite vers la marche démocratique (*)Architecte