Le 8 juillet 2025, lors d'une intervention sur les ondes de la radio Diwan FM dans l'émission « Nes Diwan », l'avocat Abderrahmen Kefi a affirmé que « le juge en Grande-Bretagne ne perçoit pas de salaire » et que, « s'il a besoin d'argent, il peut en prendre directement dans la caisse de l'Etat », ce qui, selon lui, garantirait son intégrité et son immunité à la corruption. Il a utilisé cet exemple pour souligner l'importance de la probité des juges et la nécessité pour le citoyen de faire confiance au système judiciaire. Cependant, cette affirmation repose sur des faits erronés. Contrairement à ce qui a été avancé, les juges britanniques perçoivent bel et bien un salaire, fixé et encadré par l'Etat.
Selon les documents officiels publiés sur le site du gouvernement britannique et du pouvoir judiciaire, la rémunération des juges en Angleterre et au pays de Galles est clairement définie. Par exemple, un juge de la Haute Cour perçoit un salaire annuel avoisinant les 225.000 livres sterling, tandis que président de la Cour suprême (Lord Chief Justice) peut dépasser les 310.000 livres par an. Ces rémunérations sont publiques et sont revues régulièrement par la Senior Salaries Review Body, un organe indépendant chargé d'évaluer les salaires des hauts fonctionnaires, dont les juges.
Source : GOV.uk
De plus, il est totalement faux d'affirmer que les juges peuvent se servir librement dans les finances publiques. Comme tout fonctionnaire, ils sont soumis à des règles strictes en matière de remboursement de frais (déplacements, hébergements, etc.), avec des plafonds bien définis. Le cadre éthique qui encadre la fonction judiciaire au Royaume-Uni est l'un des plus rigoureux au monde. Les juges ne peuvent pas exercer d'activités annexes rémunérées, sauf autorisation exceptionnelle, afin de préserver leur impartialité. Toute violation des règles de conduite peut entraîner des sanctions disciplinaires, allant jusqu'à la révocation. L'exemple donné par Me Kefi, bien qu'il semble vouloir souligner l'importance de l'indépendance judiciaire, s'appuie donc sur des informations inexactes. L'intégrité des juges britanniques ne réside pas dans une prétendue liberté d'accès aux fonds publics, mais dans un système institutionnel solide fondé sur une rémunération stable, des mécanismes de contrôle stricts et une éthique professionnelle rigoureuse. C'est ce système qui limite les risques de corruption et qui, effectivement, vise à maintenir la confiance du public dans la justice. Ainsi, les propos tenus lors de cette émission relèvent d'une représentation erronée du fonctionnement de la justice britannique.