«... On s'aperçoit alors que Louis XV a un goût profond pour les laques d'Extrême-Orient, pour les porcelaines de Chine, pour les papiers peints chinois... » Pour célébrer ses relations avec la Chine, la France refait le parcours de son passé avec l'empire du Milieu. Le Château de Versailles organise ainsi une exposition : La Chine à Versailles. Tout a commencé sous le roi Louis XIV. En 1688, il envoie six scientifiques jésuites à la Cour de Pékin. «Louis XIV veut prendre pied en Asie, remarque Marie-Laure de Rochebrune, conservateur au Château de Versailles. Il veut accroître l'influence du royaume. La présence des jésuites mathématiciens et astronomes a permis de rentrer au plus près de la cour de l'empereur et de prendre véritablement contact avec lui. Ce dernier était très intéressé par les mathématiques et l'astronomie, et il a réalisé à quel point des émissaires de Louis XIV étaient de qualité et pouvaient apporter à la science chinoise». De cette relation naît une réelle passion pour les objets d'art chinois, importés massivement au XVIIIe siècle par la Compagnie française des Indes orientales, créée par le Roi-Soleil. «C'est sur les vaisseaux de la Compagnie des Indes que circulent les objets dans une quantité astronomique, notamment les porcelaines. Ici, devant la salle dédiée aux porcelaines, il y a une affichette où l'on peut lire la liste des objets qui vont être mis en vente au port de l'Orient après l'arrivée de trois bateaux qui proviennent de Chine. Vous verrez qu'il y a plus de 100.000 pièces de porcelaine». L'engouement est réel, mais pas toujours assumé : «Dans les appartements officiels, les rois de France doivent avoir un goût français, explique la commissaire. C'est leur rôle. Par nature, ils sont protecteurs des artistes français, des manufactures françaises. En revanche, dès qu'on est dans leur appartement intérieur ou dans des résidences de campagne qui leur sont chers, ils peuvent laisser libre cours à leur goût sincère, leur goût privé. On s'aperçoit alors que Louis XV a un goût profond pour les laques d'Extrême-Orient, pour les porcelaines de Chine, pour les papiers peints chinois, pour beaucoup d'objets venant d'Extrême-Orient». Cette attirance pour l'art chinois influence, en tout cas, la production française. On imite, on adapte en ajoutant, par exemple, des montures en or ou en bronze à des vases en porcelaine d'Extrême-Orient. Autant d'objets devant lesquels le visiteur de Versailles passe généralement sans y prêter attention, et qui connaissent leur heure de gloire, avec cette exposition.