Plusieurs entreprises ne sont pas en mesure de payer leurs fournisseurs publics et privés, compte tenu de leur situation financière précaire. A défaut de trouver des solutions à l'amiable, le recours à la justice demeure nécessaire Le recouvrement des créances par les fournisseurs de services ou de produits pose des problèmes épineux qui ont une conséquence fâcheuse sur les équilibres financiers. Ce phénomène a été constaté au cours des dernières années quand de nombreuses entreprises sont passées par des difficultés au niveau de la production, de la commercialisation et de la compétitivité. Ces entreprises ne sont plus en mesure de payer leurs créances dans les délais puisqu'elles ne disposent pas d'assez de ressources financières pour régler les factures en suspens. Pour régulariser la situation de ces entreprises, beaucoup de temps doit être consacré d'autant plus que plusieurs chefs d'entreprise demandent des facilités comme le rééchelonnement ou le report de paiement. Mais ce choix n'arrange pas toujours les fournisseurs. Ces derniers ont pourtant des échéances à respecter pour pouvoir poursuivre leurs activités. Le non-paiement des fournisseurs peut mettre plus d'une entreprise dans une situation critique et même sous la menace de fermeture. Des conséquences graves au niveau social sont alors constatées avec le licenciement des travailleurs. Contactées, les entreprises productrices opérant notamment dans le secteur industriel et les fournisseurs se renvoient la balle, mais sont d'accord pour dire que la situation économique stagnante depuis quatre ans au moins est à l'origine de ces problèmes de paiement qui ont toujours existé, mais qui ont connu une évolution sensible. Des sociétés ont vu le jour pour s'occuper exclusivement du recouvrement, moyennant une commission de la somme retirée. Ces sociétés disposent de tous les moyens de travail et des ressources humaines, leur permettant d'encaisser l'argent dû aux fournisseurs dans les délais impartis, en essayant ainsi de résoudre le problème à l'amiable conformément à la loi en vigueur. Respecter les engagements Au cas où les entreprises bénéficiaires de services ou de produits ne respecteraient pas les nouveaux délais convenus, le recours à la justice devient alors la seule solution possible. Le jugement appliqué est exécuté par l'huissier de justice qui peut mettre en vente les biens mobiliers et immobiliers de l'entreprise —comme les véhicules, les bureaux et les outils de travail et même l'immeuble si la somme due est importante— pour payer le fournisseur. En principe, le chef d'entreprise arrête, chaque année, une liste de biens et services dont l'entreprise a besoin pour poursuivre la production. Certains fournisseurs donnent à l'entreprise ce dont elle a besoin une fois la commande signée en spécifiant en commun accord la date de paiement après avoir reçu une première tranche de la somme totale. Le fournisseur est obligé de travailler de la sorte pour pouvoir toucher le maximum de clients qui ne sont pas en mesure de payer en une seule tranche la totalité de la somme due. Mais l'expérience a montré que si certaines entreprises réussissent à payer le reste de la somme dans les délais, d'autres ne parviennent pas —pour diverses raisons— à respecter leurs engagements. La récession de la demande au niveau national et international, la baisse du niveau de la production et le manque de compétitivité sont souvent à l'origine des problèmes rencontrés par l'entreprise qui n'a pas les ressources financières suffisantes pour payer. A noter que le non-paiement des fournisseurs dans les délais constitue l'une des raisons de la faillite des entreprises, notamment celles de petite et moyenne tailles qui ne parviennent pas à constituer durant leur exercice annuel des fonds propres. De plus, les banques ne sont pas prêtes à aider ou à assister des entreprises en difficulté de paiement dont les perspectives de développement ne sont pas évidentes. Les chefs d'entreprise concernés doivent donc se débrouiller comme ils peuvent pour trouver les ressources nécessaires, leur permettant de régler les créances des fournisseurs. Ces chefs d'entreprise mettent en cause les événements qui ont suivi la révolution et qui ont mis à rude épreuve la machine de la production. Il s'agit d'une force majeure que l'entreprise ne peut pas maîtriser même si certains travailleurs sont animés d'une bonne volonté pour sauver les meubles. Avis de consultation D'ailleurs, l'Etat a fourni une aide aux entreprises après étude au cas par cas des entreprises en difficulté en vue d'éviter leur fermeture définitive. Il s'est avéré que certaines entreprises ont des problèmes de paiement non seulement avec les fournisseurs mais aussi avec les banques qui leur ont octroyé des crédits. Malgré la restructuration en profondeur de ces entreprises, il n'a pas été toujours possible de sortir du tunnel et de reprendre normalement leurs activités. La gestion financière de l'entreprise, faite dans les règles de l'art et sur la base de la transparence, constitue la meilleure preuve expliquant, chiffres à l'appui, approuvés par un expert comptable, que les recettes n'ont pas été au niveau des espérances et aux objectifs fixés. Généralement, les fournisseurs des services et des produits connaissent bien leurs clients avec lesquels ils travaillent depuis de longues années. Une confiance mutuelle est instaurée entre les deux parties. L'essentiel est que l'entreprise bénéficiaire honore ses engagements sans recourir à la justice. Les fournisseurs, eux-mêmes, sont soumis à plusieurs contraintes car ils sont tenus de régler la facture immédiatement. Certains fournisseurs sont spécialisés dans les matières premières diverses, alors que d'autres sont chargés de fournir les équipements de bureau, les machines et les systèmes informatiques. Les fournisseurs travaillent en symbiose pour satisfaire les besoins courants d'une entreprise. Celle-ci peut travailler avec plusieurs fournisseurs en même temps. Il est nécessaire, cependant, de favoriser la solution à l'amiable en cas de litige pour éviter les pénalités qui peuvent alourdir les charges de l'entreprise. Si certaines entreprises privées lancent des avis de consultation pour choisir le ou les meilleurs fournisseurs en termes de qualité/prix, d'autres préfèrent conclure des contrats de gré à gré pour pouvoir collaborer avec un fournisseur de confiance et qui peut patienter en cas de non-paiement dans les délais, en acceptant volontiers de faire un échelonnement de la somme due. Le chef d'entreprise est responsable en partie de la situation financière de l'entreprise et doit anticiper pour pouvoir contourner les obstacles qui se présentent avant même les premiers signes de faiblesse. Réduire le taux d'endettement En effet, un assainissement en profondeur de l'entreprise peut lui éviter beaucoup de surprises. Il est préférable de boucler le schéma de financement de toutes les opérations prévues au début de l'année en s'assurant que les ressources sont disponibles. L'entreprise est appelée à réduire autant que faire se peut le taux d'endettement, à recourir à la Bourse si besoin au lieu de se focaliser sur les banques, de comprimer les coûts en utilisant de façon rationnelle les ressources disponibles. Ainsi, l'entreprise pourra acheter ce dont elle a besoin auprès des fournisseurs sans encourir beaucoup de risques. La stimulation de la vie économique va contribuer certainement à améliorer la situation. Les fournisseurs doivent continuer à travailler malgré les impayés. Les sociétés de recouvrement ont également du travail sur la planche, elles qui sont appelées conformément à la loi d'encaisser les sommes dues auprès des entreprises. Même le secteur public souffre de ces maux depuis des années car de nombreuses entreprises privées sont dans l'incapacité de payer et ce sont les fournisseurs de services publics qui supportent ce manque à gagner. Le souci ne consiste pas à encaisser l'argent mais aussi à préserver le tissu des entreprises afin d'éviter les problèmes sociaux qui s'ensuivent. D'ailleurs plusieurs chefs d'entreprise ont appelé l'Etat à effacer certaines dettes dues aux entreprises publiques pour qu'ils puissent relancer leurs activités dans de bonnes conditions. Pour ce qui est des fournisseurs privés, le paiement doit être honoré dans les délais convenus. L'Etat se trouve parfois dans l'impossibilité d'intervenir auprès d'entreprises dont les activités sont vouées à l'échec et qui supportent des charges financières très lourdes.