En dépit des investissements publics et privés, la proximité du marché algérien, les ressources naturelles, culturelles et humaines disponibles, le tourisme dans le nord-ouest, particulièrement la zone Tabarka-Aïn Draham, n'a jamais pu prendre son envol. Aujourd'hui, la situation a empiré. La région est une zone sinistrée. La situation n'est pas des plus reluisantes à Tabarka. Une ville touristique qui connaît de grandes difficultés, déjà avant la révolution. Des difficultés qui ont empiré, après 2011, sans qu'aucune mesure ne soit prise en faveur de la promotion de la région. Et pourtant, ce ne sont pas les atouts qui manquent, notamment pour l'organisation d'évènements à même de drainer des touristes, aussi bien internationaux que locaux. Selon les dernières données de la Fédération tunisienne de l'hôtellerie (FTH), après la révolution, plusieurs unités hôtelières ont soit fermé carrément leur portes, soit tournent au ralenti. Ce qui n'est pas sans impacts sur les emplois générés par le secteur et sur l'ensemble de la dynamique économique de la région. La région regorge d'atouts et de paysages éblouissants : les montagnes de Kroumirie couvertes de forêts de pin maritimes, chêne-liège, mimosas et eucalyptus, font ressortir à merveille le bleu profond de la mer. Sans compter que, du côté de Aïn Draham, une petite ville de montagne au cœur de la forêt, réputée pour ses paysages enneigés l'hiver, et sa station thermale. Mais encore les sites archéologiques les plus réputés : Bulla Regia avec ses villas souterraines, Chemtou et son musée, Dougga qui présente des vestiges nombreux et très bien conservés d'une cité numide puis romaine... Autant d'atouts qui demeurent aujourd'hui encore non exploités et pas du tout mis en valeur. Autre fatalité : il fut un moment où Tabarka et toute la région avoisinante vivaient aux rythmes de festivals intéressants de renommée internationale. Désormais, aujourd'hui, la zone ne connaît presqu'aucun évènement de taille, afin de redynamiser le tourisme. Pourquoi ne pas relancer le Festival International de Tabarka avec une dominante de Jazz et des spectacles éclatés intégrés à l'environnement urbain? Pourquoi ne pas renouer avec les événements qui ont fait les beaux jours du tourisme dans la région et construit la réputation de Tabarka sur les plans national et international?, s'interroge Wahid Brahim, expert en tourisme. Un expert chevronné qui estime que les conditions climatiques de la région ne sont pas des plus favorables et partant, il propose de «recourir à une exploitation saisonnière des unités hôtelières, à l'instar d'autres destinations italiennes ou encore espagnoles». A son sens, cette exploitation saisonnière «permettrait aux nouveaux investisseurs hôteliers de réduire les coûts d'investissement qui deviendraient moins chers». L'expert affirme, à ce titre, qu'il n'est pas nécessaire d'offrir un confort hivernal, alors que l'exploitation ne pourrait être qu'estivale. Personne ne doute que Tabarka a bénéficié d'un investissement important en matière d'infrastructures. En témoigne la construction de l'Aéroport international, d'un golf de 18 trous, d'une marina et d'un port de plaisance. Néanmoins, l'exploitation n'a pas suivi et le tourisme n'a pas réussi à décoller. Aussi, en dépit d'un aéroport doté de tous les équipements nécessaires, et profitant en plus d'avantages fiscaux, avec en prime un open-sky, l'essor escompté n'a jamais suivi. Ni le pavillon national s'est intéressé à relier Tabarka directement aux principales capitales européennes, ni les TO ont développé leurs charters. Car, pour ces derniers, c'est la capacité hôtelière qui fait défaut. Wahid Brahim propose, dans ce contexte, d'ouvrir complètement le «ciel de Tabarka» et de permettre à toute compagnie d'y opérer avec les meilleures conditions matérielles et opérationnelles de compétitivité. Autres propositions de l'expert pour améliorer la situation dans la zone Tabarka-Aïn Draham : décréter la zone Zone Franche Touristique et en faire une sorte d'Andorre maghrébine avec une animation diurne et nocturne non-stop. Et d'ajouter qu'il serait judicieux de «décréter la gratuité totale des visites culturelles dans la région durant 2014 et 2015 et mener une campagne d'information conséquente auprès des agences de voyages et du public. Les recettes générées par le flux national et international seront de loin supérieures aux maigres recettes des droits d'entrée actuellement perçues. Le manque à gagner sera ainsi comblé». Autre atout non exploité dans la région, le tourisme écologique, la plongée à Tabarka, ainsi que les îles de la Galite. Et pourquoi ne pas réhabiliter la ligne de chemin de fer et remettre le «Lézard Vert» en marche, comme le propose l'expert du tourisme Wahid Brahim? Et d'ajouter, dans ses propositions, qu'à côté de ces mesures, associées à une communication adéquate, une publicité et de l'évènementiel ciblé, la région est susceptible de devenir un must à la mode pour la jet-set internationale.