Bâtie à une altitude de 800 m sur les pentes du Djebel Bir (1.014 m), anciennement camp militaire, centre d'estivage et souk, Aïn Draham est une station de villégiature active depuis la période du protectorat français. Par ses maisons aux toits de tuiles rouges, par sa forêt dense de chênes-lièges, sa richesse giboyeuse, notamment en sangliers. Dans la région de cette station climatique de Kroumirie se trouvent de magnifiques forêts de chêne-liège où rôdaient encore, au début du siècle dernier, lions et panthères. Aïn Draham, «source d'argent», est une station de moyenne altitude (800 m), sur les pentes du Djebel Bir, au milieu d'alpages qui ne sont pas sans rappeler la Suisse ou les Vosges… c'est d'ailleurs à Aïn Draham que l'une des premières unités hôtelières (sinon la première) a vu le jour sous l'ère coloniale. Lieu de villégiature prisé par les Tunisiens en été, Aïn Draham — ville de neige et de brouillard — est réputée en hiver pour ses battues aux sangliers qui pullulent dans cette région boisée de Kroumirie… Les chasseurs de toute l'Europe s'y donnent rendez-vous. Une randonnée pédestre au sommet du Djebel Bir (1.014m) s'impose pour son magnifique panorama. Une seconde mène vers le col des ruines‑: elle offre de beaux paysages de forêts et de rochers — le rocher d'Aboulkacem Echebbi sur lequel notre fameux poète écrivait ses vers en est encore témoin —; du col, la montée à pied au Djebel Fersig (30 mn) permet de découvrir une vue sur toute la région de Kroumirie. Une autre randonnée mène au barrage de Béni Métir et suit la vallée de l'Oued El Lil. Le tourisme écologique, une composante importante dans le paysage touristique de la région, nécessite un intérêt sérieux et particulier de la part des investisseurs. En effet, plusieurs circuits touristiques peuvent être aménagés à l'intérieur des forêts à la faveur de l'intérêt croissant des touristes et des Tunisiens pour le tourisme vert. Chasse, randonnées pédestres et équestres méritent d'être développées et organisées par les professionnels du tourisme. Le thermalisme (station de Hammam Bourguiba, et pourquoi pas Hammam Gouaydia) occupe, également, une bonne place dans les activités touristiques dans la région qui recèle tant de sources thermales. Ceci étant, voici quelques constatations sur l'état des lieux dans la région et les opportunités d'affaires et de projets à proposer ou à relancer afin de profiter et savoir exploiter les multiples richesses de la région et ainsi dynamiser les différents secteurs économiques, qu'ils soient touristique, culturel ou industriel, de toute la région du Nord-Ouest : 1) Faire revivre le secteur de l'artisanat, notamment celui du tapis de Kroumirie — distingué par ses couleurs et ses dessins — et celui de la sculpture du bois, du rotin et de la très typique poterie locale… 2) Reconstruire la maison de la culture (l'une des premières dans le pays), démolie depuis quelques années et en attente d'une reconstruction qui ne démarre pas. 3) Réaménager le stade municipal et l'équiper de tartan (4e génération), pour qu'il puisse répondre aux demandes croissantes et aider les deux complexes (public et privé) déjà installés à accueillir les différentes équipes et sélections de foot nationales et étrangères (du Golfe, du Maghreb et même d'Europe). 4) Construire un institut supérieur des métiers de la médecine sportive et de la rééducation pour qu'il soit proche des centres de stages (idéal pour les stages d'étude pratique), et pourquoi pas un centre de la médecine sportive (le complexe sportif du centre de Aïn Draham accueille tous les sports individuels et collectifs) 5) Revoir le festival de rayhane et penser à lancer un carnaval (d'abord national puis, avec le temps, international). 6) Relancer le projet du téléphérique, à l'instar des pays concurrents au niveau du tourisme tels le Liban ou la Turquie, surtout que le relief de Aïn Draham le permet (et ce sera une attraction pour le tourisme‑local et celui maghrébin). 7) Réaménager le centre de camping de Mrij en le dotant d'infrastructures et des moyens nécessaires pour installer un nouveau mode de tourisme, basé sur le camping et le camping-car (entre autres, asphalter la piste qui mène vers le campement) 8) Aménager les pistes montagnardes et les sentiers forestiers pour organiser des randonnées équestres et pédestres, et là aussi c'est un autre mode de tourisme très prisé par les gens tout au long de l'année : c'est le tourisme vert 9) Réaménager les multiples sources d'eau naturelle dont regorge la région (comme source Aïn Draham, Aïn Boulahia, Aïn Bidha, Aïn Charchara, Aïn Zana, Aïn Boumerchen, Aïn Jmel, Aïn Ticha, Aïn Ramla… et j'en passe) 10) Exploiter le site Hammam-Gouaydiya d'eau naturelle chaude, situé à une quinzaine de km (efficace contre les maladies comme le rhumatisme) pour des fins médicales, en conservant bien sûr le hammam populaire très fréquenté par des gens de tout le pays 11) Aïn Draham se trouve à 20 km de la mer (Tabarka), à 15 km de Hammam-Bourguiba — station thermale unique dans son genre — à 15 km du très beau village de Ben Metir, fier de son barrage, 35 km de Bullarégia et un peu plus de Chemtou, ce qui confère un emplacement stratégique au centre du tourisme écologique, culturel, thermal et classique des plages 12) Agir pour faire renaître la plantation des arbres des fruits des bois, anciennement très répandue dans la région comme le châtaignier, le cerisier, le pacanier, le noyer, l'arbousier, la myrtille, le kaki 13) Etablir une politique de culture biologique qui, d'après des études et vu le climat de la région, reste une opportunité pour les jeunes agriculteurs 14) La culture du champignon pour la consommation locale ou pour l'export (une unité d'usinage et d'export vers l'Europe existait déjà et a été arrêtée pour des raisons inconnues) 15) L'élevage de l'escargot qui constitue un mets très prisé au niveau local ou pour l'export (et là aussi une unité pour l'usinage et l'export s'impose) La réalisation de ces projets et leur exploitation ne devraient pas poser de problème d'accès ou de commercialisation des produits puisque Aïn Draham se trouve à proximité de l'autoroute maghrébine, et à quelques kilomètres de l'aéroport et du port de Tabarka. Aïn Draham peut être le centre d'un tourisme multi facettes, et des créneaux économiques divers qui pourraient changer le visage de tout le Nord-Ouest, longtemps oublié.