En gestation depuis six mois ou presque, la coalition civile pour les élections a finalement pris forme. Cette nouvelle a été annoncée, hier, lors d'une conférence de presse tenue au siège du Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt), une des parties prenantes de la récente coordination associative qui vient de voir le jour. En réalité, l'initiative, aussi salutaire soit-elle, émanait de la déclaration de Djerba, suite à la 2e édition des assises nationales tenues en décembre dernier. Actuellement, onze associations forment, ainsi, la liste initiale de la coalition, en attendant que d'autres acteurs puissent la rejoindre dans les jours à venir. Il s'agit de la Ltdh, de l'Association tunisienne des femmes démocrates (Atfd), l'Association tunisienne de droit constitutionnel (Atdc), le Snjt, la Ligue des électrices tunisiennes (LET), l'Ordre national des avocats tunisiens, l'Association de recherche sur la transition démocratique (Artd), la Ligue tunisienne pour la citoyenneté (LTC), l'Association des femmes tunisiennes pour la recherche et le développement (Afturd), ainsi que le réseau «Doustourna» et le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (Ftdes). Sachant que ces deux dernières organisations sont déjà partenaires dans une mission capitale, la «redevabilité politique» pré et post-élections. Maintenant, elles sont doublement impliquées, aux côtés de leurs pairs, dans l'observation du processus électoral, partant des campagnes partisanes, la délibération des résultats jusqu'à la période de la législature. Une étape cruciale qui devrait finir avec le transitoire qui n'a que trop duré. «Cette coalition si importante au niveau quantitatif est un motif de fierté, d'autant plus qu'elle est révélatrice d'un certain degré de conscience et de maturité dont la société civile fait aujourd'hui preuve», ainsi s'exprimait le chef du réseau «Doustourna», M. Jawhar Ben Mbarek. Selon lui, la logique de l'alliance repose essentiellement sur l'idée d'observation exhaustive et systématique de toutes les composantes de l'opération électorale : campagnes médiatiques, bureaux de vote, processus de scrutin, contentieux électoral, et redevabilité des élus. Dans ce contexte, M. Ben Mbarek s'est fixé un schéma directeur qui doit le mener dans huit gouvernorats à l'intérieur où l'accent sera mis sur les besoins réels des citoyens auxquels les candidats politiques en lice devraient ainsi répondre à travers leurs programmes électoraux. Pour les élus potentiels, préconise-t-il, l'enjeu ne semble pas aussi facile, car promettre c'est réaliser. Dans ce cas, les élections du 23 octobre 2011 devraient servir de leçon de morale pour que les failles et les dépassements d'hier ne se reproduisent pas. « Nous avons choisi six partis parmi les grands éligibles pour les suivre tout au long du parcours électoral. Ce sera notre manière d'agir dans l'immédiat, afin que les promesses politiques déclarées soient tenues», a-t-il révélé. S'étant félicité de cette nouvelle coordination associative, M. Néji Bghouri, président du Snjt, a donné la raison de la création d'une telle coalition : se mobiliser pour des élections libres et transparentes. Pas de démocratie dans l'absolu, dit-on. Mais, il faut apprendre à l'exercer dans la politique. La participation du Snjt, aux dires de son président, se distingue par la création en son sein d'un observatoire des règles déontologiques dans la couverture médiatique de l'opération électorale. «C'est en quelque sorte un des mécanismes garantissant l'équité et l'égalité des chances entre tous les candidats», estime-t-il. De son côté, Mme Traki Chebbi, de la Ligue des électrices tunisiennes, a insisté, dans sa brève allocution, sur l'apport de la coopération associative, la concertation et l'échange des expertises dans le suivi et le contrôle du déroulement des élections. «Notre association prévoit, en effet, la formation de jeunes observateurs», a-t-elle affirmé. L'essentiel est de resserrer les rangs pour créer l'unité nationale. Tour à tour, les intervenants représentant ladite coalition n'ont pas manqué de souligner l'importance du rôle que la société civile doit jouer pleinement dans la redevabilité politique. Cette mission exige que les tâches soient bien réparties selon un plan d'action bien précis: cellules d'observation, genre, redevabilité, monotoring des médias et cellule juridique. Le tout pour réunir les conditions optimales de réussite des prochaines élections. Reste que la conférence prévue le 26 de ce mois donnera lieu à une stratégie de travail claire et prospective.