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«Le chantier est à peine ouvert»
Rapport sur le monitoring des médias en période transitoire
Publié dans La Presse de Tunisie le 06 - 05 - 2012

«Les expériences de transition démocratique dans de nombreux pays du monde attestent que les moyens d'information ont toujours été un levier essentiel de cette transition. Le devenir démocratique lui-même n'est pas concevable sans ces moyens». C'est par ces mots que les rédacteurs du rapport final sur le monitoring des médias en période transitoire ont choisi de commencer leur document. Ce dernier a été élaboré par l'Association tunisienne des femmes démocrates (Atfd), l'Association des femmes tunisiennes pour la recherche et le développement (Afturd), la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l'Homme (Ltdh), le Conseil national des libertés en Tunisie (Cnlt) et le Syndicat national des journalistes (Snjt). Ces parties qui croient donc en le pouvoir et le devoir informatif des médias ont voulu éclairer par leur enquête les hommes et femmes de ce secteur ainsi que ses consommateurs, tous les Tunisiens, considérant que «l'observation du comportement des médias pendant les périodes transitoires est d'une grande importance, non seulement pour la société civile et les acteurs politiques, mais également pour le monde de l'information lui-même».
D'aucuns ne doutent point de l'apport des médias en général et en particulier pendant une période comme celle couverte par l'enquête (août-décembre 2011), incluant les élections et les contextes pré et post-électoraux. L'observation est de son côté tout aussi importante. Du point de vue quantitatif, l'approche méthodologique du monitoring vise à mesurer la durée de présence et la surface rédactionnelle octroyées aux candidats. Qualitativement parlant, il s'agit d'analyser la matière informationnelle. Quant à l'échantillon, il compte 17 médias : 7 titres de la presse quotidienne nationale, les quatre chaînes de télévision et une sélection de quatre radios. Le document précise que «les critères de sélection des différents supports tiennent compte du statut juridique du média, de son audience et pour la presse écrite de la langue», tout en rappelant que les objectifs sont le respect des standards internationaux, le professionnalisme, l'intégrité morale, la neutralité et le respect de la déontologie de la profession.
Des résultats non satisfaisants
Par rapport à ces objectifs, le rapport dresse un bilan plutôt négatif du rendement et de la situation des médias pendant la période d'études. Pour la presse écrite, les observateurs ont décelé l'absence criante du journalisme d'investigation. En effet, «durant la période préélectorale, plus de 57,10% de l'information est composée d'articles. Le taux atteint le pic de 81,01% au cours de la campagne électorale, avant de se tasser légèrement au cours de la période post-électorale (79%)». Ce contenu dont le ton commence à changer sans sortir de l'ornière de la simple couverture des événements, toujours selon le rapport, reste concentré sur le gouvernement (période pré-électorale) et la Troïka (période post-électorale), d'où une presse écrite qui a du mal à se débarrasser du poids des années sous un régime politique autocratique. Le rapport continue pour parler d'un manque de professionnalisme, qui se reflète dans le parti-pris. Même si le taux a baissé de 32,06% avant les élections à 18,47% après, les observateurs estiment «qu'on est loin de la neutralité requise», que «la presse d'opinion est encore rare» et que «l'amalgame entre l'information et le commentaire dans la couverture de la chose publique reste perceptible». Qu'il s'agisse enfin de presse écrite publique ou privée, c'est une presse «en mal de déontologie» malgré les efforts fournis jusque-là. La situation est meilleure du côté des stations radio qui «ont globalement observé plus d'équilibre dans la répartition du temps d'antenne entre une vingtaine de partis en compétition». Cela concerne néanmoins la campagne électorale et les élections, au lendemain desquelles l'alliance gouvernementale a accaparé 54,11% du temps d'antenne. Ce que le rapport a qualifié de «crise de transition» reste perceptible dans le cas des stations publiques, d'où l'appel au respect d'un cahier des charges de service public en général. Les chaînes de télévision restent les médias qui ont le plus grand taux de pénétration dans les foyers tunisiens. Pourtant, ils ont enregistré un défaut de neutralité qui est passé de 39,18% à 40,70% puis à 27, 64% avant, pendant et après les élections. Les observateurs leur reprochent également, au même titre que les autres médias, de «ne pas avoir réussi à imposer un authentique débat électoral, autour des vrais enjeux de ces élections». Que ce soit par l'absence d'articles d'analyse ou d'émissions de talk-shows et de débats politiques, le rendement des médias entre août et décembre est jugé non satisfaisant par les observateurs, dans leur rôle d'éclairage de l'opinion publique sur le processus électoral, ses enjeux et ses acteurs.
Un contexte non équilibré
La transition médiatique est un élément déterminant de la transition démocratique. Seulement, force est de constater que pour les médias, il n'est pas facile d'évoluer dans un contexte transitoire, marqué par l'instabilité et le flou quant à leur organisation et celle des institutions qui vont gouverner le pays. D'ailleurs, la première partie du rapport sur le monitoring des médias en période transitoire est consacrée au contexte dans lequel ces médias ont dû travailler. Un contexte qui explique en grande partie le rendement hésitant des médias. «La transition tunisienne a engendré un paysage politique complexe travaillé par des tiraillements entre ses différentes composantes», explique le rapport au début du paragraphe consacré au contexte politique. Un gouvernement de transition auquel les citoyens ont du mal à faire confiance, des partis politiques «incapables d'instaurer un véritable débat politique et institutionnel entre eux», avec «des programmes économiques, sociaux et culturels — seuls à même de fixer des identités politiques différentielles — souvent absents ou interchangeables» ne facilitent pas le travail des médias qui se trouvent confrontés, pendant la campagne officielle, à un contexte «chargé de tensions» et «des listes électorales comme s'il en pleuvait». Après les élections, les médias étaient confrontés aux résultats inattendus, comme ceux de la Pétition populaire, aux changements de discours et aux lapsus de certains partis, dont ils ont dû faire les frais.
Quant au cadre juridique, il a connu la mise en place d'autorités publiques indépendantes : l'Instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, l'Instance supérieure électorale et surtout l'Instance nationale indépendante pour la réforme du secteur de l'information et de la communication. Des médias ont été placés sous contrôle étatique, du fait de leur appartenance à des proches du président déchu (Dar Assabah, Shems FM). Ce qui nous mène au contexte médiatique proprement dit, qui a connu l'apparition d'un nombre considérable de nouvelles publications. La même dynamique n'a pas été constatée dans les radios où une douzaine de nouvelles chaînes sont nées dont la plupart sont à vocation commerciale et n'ont qu'une portée régionale. Encore moins dans l'audiovisuel, où, parmi les cinq heureux élus, «seule Al Hiwar se déclare non commerciale et fidèle à sa ligne militante». Egalement, les médias se sont retrouvés au cœur du conflit entre les patrons et l'Inric et du débat sur la publicité politique, de quoi déstabiliser le paysage médiatique et le maintenir au stade précaire et balbutiant.
Accompagner la liberté de la presse, en amont et en aval
Dans le climat de «liberté» de l'après-14 janvier, les médias se sont souvent retrouvés à tâtonner et parfois à tenter de nouvelles expériences à leurs risques et péril. Dans le même temps, il convient de dire que le professionnalisme est un état d'esprit et une pratique qui ne devraient pas être entravés par un contexte de transition aussi flou soit-il. L'indépendance des médias serait-elle dans ce cas la vraie bataille où «les chantiers sont à peine ouverts», comme l'affirme le rapport de monitoring ? Ce même rapport s'achève sur des propositions de recommandations qui touchent la réorganisation des médias publics et l'organisation de l'audiovisuel, la constitutionnalisation de la liberté d'expression, de presse et d'information, la mise en place d'une autorité publique indépendante à caractère constitutionnel chargée de la régulation du secteur de la presse et de l'audiovisuel et l'ouverture d'un débat national sur le rôle de l'information dans la transition démocratique. Les associations élaboratrices du rapport appellent également les journalistes à apprendre à accéder à l'espace public. Leur travail ne saurai aboutir sans une séparation entre l'administration et les comités de rédaction, propose encore le rapport, qui recommande également la mise en place d'un dispositif juridique qui permette de mesurer le taux d'écoute, l'audimat des chaînes et les orientations de l'opinion publique, la création d'un conseil pour la presse formé de journalistes et de lecteurs, d'un dispositif juridique propre à empêcher la concentration des médias et enfin d'ouvrir un centre de formation continue pour les journalistes.


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