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Une superwoman face aux injustices d'un monde machiste
Femme rurale
Publié dans La Presse de Tunisie le 13 - 08 - 2014

Selon une enquête réalisée en décembre 2013, 32% des femmes rurales sont illettrées et 26,6% confient avoir suivi des cours de lutte contre l'analphabétisme. D'autant plus que 19,7% d'entres elles disposent de ressources financières qui se limitent aux faibles salaires d'une main-d'œuvre agricole ou encore aux pensions de retraite
Elle s'adonne, le dos courbé, aux interminables activités agricoles, au détriment de son bien-être et de sa santé. Sarclage des mauvaises herbes, récolte de fruits, soins du bétail, la femme rurale ne perd pas une miette de son temps et de son tonus. Elle contribue également à la sauvegarde de l'artisanat typique de sa région, se déplace jusque dans les marchés et souks locaux et régionaux pour proposer des produits agricoles et artisanaux. A ces corvées, qui demandent patience et persévérance, s'ajoutent d'autres missions tout aussi épuisantes. La femme rurale enfante, élève sa progéniture, se charge, grâce à un bon sens inné, de l'approvisionnement de sa famille en denrées alimentaires et ne recule point face à des tâches encore plus accablantes comme le transport de l'eau potable et la collecte de bois ; des tâches vitales pour subvenir au droit de sa famille à l'eau et aux mets mijotés.
Une véritable superwoman qu'est la femme rurale ! Une militante qui met au pied du mur tous ces préjugés machistes qui sous-estiment ses capacités et l'enferment dans un moule dégradant de dépendante, de subordonnée à l'homme et d'un être vulnérable, faible et secondaire.
La femme rurale s'impose avec mérite dans le monde rural et à l'échelle nationale. Elle travaille non sans acharnement afin de gagner son pain, réussir l'équilibre budgétaire de son ménage et contribuer au développement de son milieu naturel, pourtant hostile à son épanouissement socioéconomique. Son amour et sa dévotion inconditionnés pour la terre restent, hélas, et jusqu'à nos jours, mal récompensés. Exploitée comme main-d'œuvre agricole ou comme main-d'œuvre artisanale, la femme rurale continue à être privée de maints droits pourtant basiques et légitimes. Selon une enquête, réalisée en décembre 2013 par le secrétariat d'Etat chargé des Affaires de la femme et de la famille au sein du ministère des Affaires sociales et des Tunisiens à l'étranger, et en collaboration avec l'Agence espagnole de coopération internationale pour le développement, une enquête axée sur la situation de la femme tunisienne en milieu rural, des indicateurs alarmants dévoilent une réalité amère. Les descendantes de la Kahina, de Aziza Othmana et de la reine Didon continuent de subir des injustices d'ordre social, économique et culturel.
Illettrée, elle sera toujours
opprimée
La présente enquête touche un échantillon représentatif de la communauté rurale comptant 2.016 interviewés, dont 70% des femmes. Cet échantillon correspond à 11 gouvernorats, à savoir La Manouba, Ben Arous, Zaghouan, Nabeul, Jendouba, Siliana, Mahdia, Tozeur, Gafsa, Kébili et Médenine. Le choix de ces régions s'avère être judicieux dans la mesure où elles représentent 41% de la population rurale. Les questionnaires et les focus groupes assurés par l'équipe enquêtrice montrent que 32% des femmes rurales sont analphabètes. Un taux choquant, qui correspond au double par rapport au taux d'analphabétisme relatif à la gent masculine et qui dit long sur l'injustice sociale basée sur le genre. La domination masculine dans un milieu rural conservateur se traduit par la privation de la femme de son droit au Savoir et par son exploitation économique.
Illettrée, la femme rurale se trouve, du coup, désarmée, incapable de prendre connaissance de ses droits et encore moins de les revendiquer. Mais la ténacité reste à jamais son point de force, ce qui la motive d'ailleurs et l'incite à se rattraper. Et pour preuve : 26,6% des femmes interviewées confient avoir suivi des cours de lutte contre l'analphabétisme, contre seulement 10,8% des hommes.
Aux lourdes corvées,
une faible rémunération
Sur le plan économique, la femme rurale stagne en deuxième position, devancée par son partenaire, l'homme. Ce dernier détient les arènes de l'aisance économique. Il continue à accaparer les terres et les domaines. Il faut dire que la femme y est pour beaucoup dans cette injustice socio-économique. Par méconnaissance de ses droits légitimes en matière d'héritage et d'acquisition de domaines, mais aussi par peur de la réaction d'une société patriarcale et masculine par excellence, la femme rurale cède souvent son droit à l'héritage en faveur d'un père prédominant, d'un mari intransigeant ou d'un frère au tempérament redoutable... Aussi, les seules ressources économiques dont elle dispose se limitent le plus souvent aux salaires minimes, destinée son statut de main-d'œuvre agricole, fixe ou temporaire. Les résultats de l'enquête montrent que seulement 19,7% des femmes disposent d'un salaire ou d'une pension de retraite. Il est utile à noter que, selon une enquête réalisée en 1990 par la FAO, 23,5% de la main-d'œuvre agricole et 34,7% de la main-d'œuvre agricole temporaire sont des femmes. Ce qui dénote la mésestimation de son mérite et son exploitation dans les activités les moins rémunérées. Malgré tous ces obstacles socioéconomiques, la femme rurale ne garde pas les bras croisés. Elle n'hésite point à frapper à toutes les portes pour améliorer sa situation. Les résultats de l'enquête de 2013 montrent que 15,5% des femmes interviewées ont eu recours à la formation professionnelle, dans l'espoir de s'investir dans un secteur plus rémunérant, qui leur garantit une certaine autonomie financière. D'autant plus que 44% d'entre elles ambitionnent de monter des projets et sortir ainsi du modèle sociétal patriarcal.
Santé : prestations
inaccessibles
S'agissant du droit de la femme rurale à la santé, l'enquête révèle de flagrantes lacunes liées au critère de proximité des soins. En effet, la distance moyenne que parcourent les femmes pour accéder au dispensaire le plus proche est de 4,12 kilomètres ; soit plus d'une heure de trajet. Une femme sur deux s'y rend à pied. Cet inconvénient justifie, à lui seul, la réticence des femmes par rapport aux prestations médicales. Le nombre des consultations médicales annuelles se limite à six dans les dispensaires, à 3,6 dans les hôpitaux régionaux et à 3,5 dans les hôpitaux locaux.
Manifestement, les conditions sociales, économiques, culturelles et politiques convergent, d'une manière directe et indirecte, vers la non-autonomisation de la femme dans le milieu rural et vers sa privation de ses droits. La femme continue à jouer son rôle et assumer les tâches les plus rudes. Elle le fait par conviction, par nécessité et par passion. Ce qui ne l'empêche pas de rêver d'une situation meilleure et de militer afin de pouvoir, un jour, voler de ses propres ailes.


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