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la parité n'est pas pour demain
Publié dans WMC actualités le 13 - 03 - 2009

Celles qui ont 40 ans aujourd'hui sont les filles de mères (qui ont autour de la soixantaine) qui n'ont jamais connu la vie sans le Code du Statut Personnel (CSP). Elles prennent pour acquis des droits exceptionnels dans un monde musulman patriarcal. La Tunisie fait partie, bien qu'elle soit l'exception, d'une région du monde où les pressions sociétales restent encore très lourdes bien des décennies après le fameux CSP promulgué en 1957.
"Il s'en est fallu de peu pour que mon destin bascule. Il suffisait de quelques centaines de kilomètres, à droite à gauche ou carrément plus vers le sud", ironise Alya, 37 ans, pharmacienne parmi les 72% de pharmaciennes femmes que comptent le pays.
C'est sans compter que dans ce pays les femmes ont toujours joué un rôle déterminant pour le pays. Pendant 3.000 ans, l'Histoire de la Tunisie s'est toujours liée à des femmes exceptionnelles : mythiques ou réelles, elles représentent le courage, l'honneur et l'âme tunisienne : Didon, Sophonisbe, la Kahena, Aziza Othmana, …
Certains considèrent que la question de la Femme en Tunisie a été instrumentalisée pour cacher des maux bien plus graves, alors que d'autres se complaisent dans «l'exception tunisienne». Les unes revendiquent l'égalité dans l'héritage et veulent aller plus loin, d'autres s'alarment, se déclarant inquiets de ne pas voir la tunisienne suffisamment consciente de ses acquis. «Elles jouent avec le feu et ne s'en rendent pas compte», s'alarme Leila, enseignante, 48 ans devant la recrudescence du port du voile dans le pays.
2007, la Tunisie est en tête des pays d'Afrique du Nord pour ce qui est de l'indice “d'égalité entre les sexes”, calculé par le Forum économique mondial. C'est en évaluant la situation des femmes de par le monde et en comparant leur taux de scolarisation, leur accès à l'emploi et leurs revenus qu'il ressort que la Tunisie est classée au deuxième rang des pays arabes. A l'échelle mondiale, le pays reste dans le peloton de queue, à la 102ème place sur les 128 pays étudiés. L'Algérie se classe au 108ème rang, l'Egypte au 120ème rang et le Maroc au 122ème rang.
D'après le Rapport de 2005 sur le développement humain dans les Etats arabes, publié par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), “l'élaboration, l'application et l'interprétation des lois dans le monde arabe sont avant tout régies par une culture dominée par les hommes”.
En Tunisie, les femmes représentent 59% des étudiantes mais leur taux d'alphabétisme est de 28,7%. Le taux des fillettes à l'école primaire est de 97,4%, contre 97,3% chez les garçons, pour se stabiliser à 59% de présence dans les universités. Les filles sont studieuses, finissent leurs études et gagnent du terrain. Dans la fonction publique, elles sont 20% dans le secteur de la santé. "Les médecins résidentes femmes arrivent en masse dans les hôpitaux du pays. Cela ne peut qu'avoir des répercussions sur la société dans les 10 prochaines années", déclare Dr S.B, chef de service à l'hôpital de la Nutrition. Elles représentent, aujourd'hui, 42% des médecins du pays.
Entre le CSP et la réalité, du chemin reste à faire
Le pays compte 18.000 femmes chefs d'entreprise et 1.500 dirigeantes d'exploitations agricoles avec à leur disposition des structures nombreuses de soutien, d'encadrement et de représentativité. Certains analystes prétendent qu'avec un statut aussi exceptionnel que celui de la Tunisienne, cela ne reflète pas assez le niveau de maturité des femmes du pays. D'autres, bien au contraire, s'extasient devant des performances plus qu'honorables et appellent à conforter l'entrepreneuriat au féminin. De larges programmes sont mis en place pour initier davantage de femmes à la création d'entreprises. En 2008 un programme a concerné 399 bénéficiaires de sexe féminin pour un total de 689 bénéficiaires, soit un taux de 57,9%.
Pour assurer une présence équitable entre hommes et femmes dans toutes les sphères de décision, il ne suffit pas de généraliser l'enseignement et donner un emploi à une femme, il faut chercher à améliorer la vie des femmes. De par le monde, les femmes sont devenues leaders en politique, qu'en est-il dans notre pays ?
Parité dites-vous ?
Dans le secteur public, la règle est "à travail égal le salaire est égal", mais le nombre des femmes qui atteignent les postes de responsabilité reste encore timide. Dans la fonction publique, elles sont 24% des fonctionnaires de l'Etat. Si elles sont 39% à être chefs de service, plus on monte en grade plus les chiffres dégringolent : 12% sont directrices, 4,9% sont directrices générales, 2,6% chargées de missions et 2,5% chargées de missions dans un ministère.
C'est au niveau de leur représentativité au niveau politique que les choses avancent encore moins vite et bien. Tout le monde s'accorde à dire que 22,7% de femmes à la Chambre des députés n'est pas suffisant. A titre indicatif, en Algérie elles sont 20% des membres de la Chambre haute du Parlement (contre à peine 8% en Egypte).
Les Tunisiennes représentent, par ailleurs, 15% des Conseillers, 27% des conseillères aux Conseils municipaux et 18% au Conseil économique et social et 12% aux cabinets ministériels.
La question est simple et directe. Les tunisiennes aiment-elles la politique ? L'univers politique tunisien reste-t-il l'apanage de la gente masculine ? Les femmes sont-elles moins engagées politiquement ou est-ce les hommes qui gardent leurs territoires ?
Au parti au pouvoir, elles sont 26,4% au Comité central du Rassemblement constitutionnel démocratique (RDC), et seule une ministre et 5 secrétaires d'Etat sont actuellement au gouvernement. «Dans notre pays, les femmes sont de plus en plus nombreuses à accéder aux postes de responsabilité. Peut-être pas encore assez au haut de l'échelle. Mais cela viendra. On a déjà bon nombre de chefs de service, sous-directeurs, directeurs. Les PDG femmes sont en augmentation dans tous les domaines. Dans le gouvernement, il y en a ; il y en a eu plus certes, mais il y en aura encore ; dans la diplomatie également», assure Faïza Kéfi, présidente de la Cour des Comptes (lire interview).
Il est vrai que la première femme ministre tunisienne est arrivée au gouvernement en 1983, alors qu'il a fallu attendre 1997 au Maroc pour qu'une femme accède pour la première fois aux hautes sphères du pouvoir politique, en qualité de secrétaire d'Etat du gouvernement. Au Koweït, la première femme à avoir accédé au gouvernement y est parvenue en 2005.
En Afrique, les femmes ne constituent que 9% des parlementaires contre une moyenne internationale de 13,4%, et elles ont, de ce fait, peu de possibilités de participer, d'influencer ou de déterminer les orientations politiques, économiques ou sociales de leurs pays. Selon un récent rapport du PNUD, le taux de représentation des femmes au niveau des assemblées parlementaires au Maroc est de 0,11% contre plus de 50% au Rwanda.
Un pays où la femme peut être juge ...
Les mentalités semblent tarder à évoluer au goût de certains, y compris de l'Etat qui a mis en place une stratégie visant à encourager la participation des femmes dans la politique. Le processus de modernisation du pays est en marche mais des mentalités conservatrices d'une partie de la société tunisienne ralentissent le processus. Dans l'une de ses recherches, la célèbre sociologue tunisienne Dorra Mahfoudh parlait des «attitudes patriarcales qui, si elles tolèrent quelques femmes alibis, relèguent la majorité des autres dans les échelons inférieurs et moyens».
Ce n'est pas ce que dit un sondage Gallup publié en août 2007 et selon lequel 70% des Tunisiens estiment que les femmes devraient occuper des postes de niveau ministériel au sein du gouvernement. La conversion de ces pourcentages tarde à se traduire dans l'exécutif. Le terrain reste envahi et verrouillé par les hommes. «Les femmes se réfugient dans l'associatif et le social. Elles y sont plus libres et moins exposées. La politique comme partout dans le monde demande trop d'alliances, de stratégies et de compromissions», résume Mohamed F., sociologue. Pour certaines femmes qui évoluent dans le milieu politique, pour que les femmes consolident leurs places à ce niveau, il faudrait qu'au départ les taux de participation aux centres de décision politique soient imposés. C'est ce qui a été suivi en Tunisie avant même l'Europe.
D'autre part, la femme a une double responsabilité, celle d'assurer en tant que haut responsable politique et en tant que mère de famille. A partir d'un certain niveau, une femme doit faire ses preuves quotidiennement pour prouver qu'elle n'est pas là par hasard.
En attendant, les Tunisiennes constituent 29% des magistrats du pays, et 31% d'avocats du pays. On a beau dire les choses n'avancent pas aussi vite que l'on le souhaite, mais la Tunisie est le seul pays arabo-musulman où une femme peut juger et envoyer en prison un homme. C'est en 2004 que, pour la première fois dans l'histoire du pays, le président Ben Ali nomme une femme juge pour occuper les fonctions de procureur de la République. Les femmes représentent plus de 500 juges.
De façon plus générale, les femmes représentent la moitié du peuple arabe et ne sont représentées que par 3,5% de députés femmes au Parlement. Elles détiennent aussi un sombre record, celui de l'illettrisme. 75% des femmes des 65 millions d'Arabes qui sont illettrés sont des femmes.
En Tunisie, l'illettrisme tend à être éradiqué. La moyenne nationale de l'analphabétisme est à moins de 10%, et à 1% parmi les jeunes de moins de trente ans. La Tunisie moderne sort des écoles tunisiennes. Les écoles sont-elles habilitées à construire un leadership féminin dans le pays ? La question mérite d'être posée.
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