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Lettre ouverte à Monsieur le président François Hollande à propos du génocide à Gaza
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 14 - 08 - 2014

Pourquoi, Monsieur le président, voulez-vous revenir à la date du 5 juin 1967 ?
Par Pr Mustapha ZGHAL
La date du 5 juin 1967 est une date mémorable pour tous les Arabes, puisque c'est le début de la guerre éclair Israël-Egypte qui s'est terminée par le désastre de l'armée égyptienne et la honte des Arabes qui ont cru en leur force pour libérer la Palestine.
Pour moi, cette date porte une marque indélébile dans ma mémoire tant que je vis. En effet, je ne peux l'oublier du fait des circonstances qui l'ont entourée : quelques minutes avant 8 heures, j'étais avec des collègues français dans l'ascenseur du Centre Assas dépendant de l'ancienne faculté de Droit et des Sciences économiques et politiques de Paris (actuellement Université Paris 1, Sorbonne) et nous montons au grand amphi dit amphi mille, pour surveiller l'examen de comptabilité enseignée par le grand professeur Pierre Lassègue ou son collègue Marcel Capet, tous deux amis de la Tunisie puisqu'ils sont venus chez nous enseigner des matières de gestion, plus d'une fois. Dans l'ascenseur, l'un des collègues tenait à la main le journal Le Figaro avec une grande manchette où on lit : «Nasser attaque Israël». Ce titre et cette manchette en noir, je ne peux jamais les oublier. D'abord, c'est la guerre au Moyen-Orient et voilà déjà c'est Nasser qui attaque pour accréditer dans l'opinion publique française que l'Egypte du dictateur Nasser veut anéantir l'Etat d'Israël, seul Etat démocratique de la région et victime du fanatisme religieux des pays arabes et musulmans.
Après ce coup médiatique d'accroche, la population arabe, tunisienne, estudiantine ou travailleuse, a vu de toutes les couleurs. A la radio, à la télé, aux quotidiens on ne cesse de traiter les Arabes comme de méchants loups qui veulent manger le petit agneau, Israël. A la télé, j'ai le souvenir d'un commentateur plein de haine et connaissant la langue arabe qui présente avec un ton moqueur les chaussures des soldats égyptiens en fuite de peur des blindés israéliens au Sinaï. Les Egyptiens, les Arabes, dit-il, sont de pauvres gens qui passent leur temps à écouter leur idole, la cantatrice Om Kalthoum. Le nom était prononcé correctement en arabe comme il est dit en Egypte ou en Tunisie
Bref, en plus du désastre militaire, de la perte de vastes territoires palestiniens en sus des pertes suite au partage de 1948, de l'occupation du Sinaï et de toute la Palestine, nous Tunisiens et Arabes en général, sommes couverts de honte parce que traités d'agresseurs inconscients voulant jeter le gentil Israël à la mer. C'était le comble du malheur du fait de cette incompréhension totale. Cet état de mal-être a duré un certain temps jusqu'au jour où le général de Gaulle prononce un discours magistral dans lequel il rétablit la vérité en traitant Israël d'Etat militaire, dictateur et oppresseur. Cette phrase de la bouche du prestigieux président français et libérateur de la France en 1944, en plus de ses effets bénéfiques sur notre moral, a marqué un tournant dans la politique de la France envers le monde arabe.
Depuis, l'histoire est connue, les présidents qui se sont succédé ont maintenu un certain équilibre avec des variations mineures. Le président Chirac s'est illustré par son voyage à Al Qods occupée où il n'a pas été le bienvenu de la police israélienne et par la déclaration de son ministre des Affaires étrangères, M. de Villepin, au Conseil de sécurité, lors de l'invasion de l'Irak par la coalition conduite par les Etats-Unis d'Amérique sans la France. Les valeurs de la vieille Europe interdisent, dit-il à la France, d'attaquer des pays indépendants. Le président Sarkozy était, peut-être, plus réservé que son prédécesseur, mais il a maintenu le cap dudit équilibre. Sur le plan international, la cause palestinienne a gagné des points grâce à la lutte de l'OLP sous la conduite du feu leader Arafat et grâce à une meilleure communication sur les véritables origines du problème palestinien. En France particulièrement, la société civile et les partis politiques ont évolué vers des positions plus compréhensives envers le droit des Palestiniens à l'indépendance. L'accord d'Oslo, après des négociations laborieuses entre les deux parties, est déjà un grand pas sur le chemin du salut surtout que l'accord des grandes puissances sur la solution finale est accepté par tous : reconnaître deux Etats voisins et indépendants avec des frontières sûres et reconnues.
Alors, après tout ce long chemin, venir aujourd'hui déclarer publiquement que la France est solidaire avec Israël et M. Netanyaho dans sa guerre-génocide des Palestiniens de Gaza qui vivent depuis des années sous un blocus effroyable privant les habitants des éléments essentiels d'une vie normale est totalement surprenant. Que veulent-ils ces Gazzaoui ? De quoi sont-ils accusés ? Le monde sait qu'ils veulent libérer leur pays du joug colonial en brisant le blocus infernal et former avec les Palestiniens de la rive du Jourdain un pays libre et un Etat indépendant vivant en paix avec les pays voisins. Mais comme toujours, les combattants de la liberté sont accusés au départ de terrorisme, cependant ils finiront par être les responsables signataires de toute convention de paix. D'ailleurs, les responsables de Hamas viennent de se mettre d'accord avec l'OLP et le président Mahmoud Abbès pour former un gouvernement d'unité nationale. Le président Abbès, réputé pour sa patience infinie, s'est trouvé finalement «acculé» à rejoindre Hamas dans sa lutte, suite à des négociations avec la partie israélienne sans fin et sans aucun résultat tangible sauf celui de donner aux Israéliens le temps d'installer de nouvelles colonies et occuper de nouvelles terres de la Palestine conquise injustement dès 1948 par des groupes de terroristes venus d'ailleurs alors que la Palestine était sous mandat britannique.
Depuis un mois, les bombes israéliennes tombent sur Gaza et les dégâts sont énormes : environ 2.000 morts, presque 10.000 blessés, des milliers d'unités d'habitations, des centaines d'écoles et de mosquées sont détruites, un demi-million de Palestiniens sont sans abri du fait des destructions ou des menaces de nouvelles frappes aveugles. Malgré cela, la guerre continue. Les Palestiniens répondent par des tirs de missiles qui font aussi des morts et des blessés, ce qui est regrettable aussi, mais il n'y a aucune commune mesure avec les pertes de l'autre côté. Et puis le droit est de quel côté ? Qui est l'agresseur et qui est l'agressé ? Les Palestiniens de Gaza cherchent à vivre et respirer en brisant l'étau dans lequel Israël veut les maintenir comme des prisonniers alors qu'Israël cherche le confort maximum pour ses enfants en opprimant les Palestiniens tout en les accusant d'être de sauvages terroristes.
Voilà, Monsieur le président, la vérité claire et transparente que tout le monde reconnaît, alors pourquoi voulez-vous rendre la France solidaire de l'agression d'Israël et en quelque sorte responsable d'un génocide atroce ? L'histoire n'oubliera pas cette prise de position sur le compte de la France, connue pour ses principes de droit et de justice et des valeurs promues par la grande révolution de 1789, que vous venez de fêter le 14 juillet dernier. Que M. Obama dise qu'il est solidaire avec Israël et même responsable de sa sécurité parce que les Etats-Unis d'Amérique ont pris l'engagement de défendre ce petit Etat dans le Moyen-Orient, cela ne nous surprend plus ; c'est même devenu une habitude. Mais, venant de vous, président de la France, c'est vraiment étrange et surprenant. Quand le peuple français vous a élu président, venu des rangs socialistes, nous, Tunisiens, nous avons espéré beaucoup mieux. Ne l'oublions pas, les Tunisiens sont des amis de la France et sont proches des socialistes.
Je veux terminer cette lettre, en citant une parole de notre Prophète Mohamed (que Dieu bénisse son âme) qui dit ceci : «Défends ton frère, qu'il soit offenseur ou offensé». Cela veut dire en clair qu'il faut aider son prochain quand il défend son droit ou quand il inflige du tort à quelqu'un d'autre. Surpris, ses compagnons (ou apôtres), s'interrogent : «Aider celui qui est offensé et qui est dans son droit, cela se comprend, mais comment aider la personne injuste qui veut faire du mal à autrui ?» Le Prophète répond : en l'aidant à cesser de faire du mal et à le réparer.
Voilà Monsieur le président, si monsieur Natanyahou est votre frère ou ami, aidez-le à arrêter le génocide en lui expliquant que c'est punissable par la loi internationale et que la raison du plus fort n'est parfois pas la meilleure et que le rappel de la fameuse fable de La Fontaine est toujours édifiant.
Pour terminer ma lettre, je vous dis respectueusement, salut Monsieur le président, en vous priant de ne plus reculer l'histoire au 5 juin 1967


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