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Bourguiba, diplomate pragmatique, et la cause palestinienne
OPINIONS
Publié dans La Presse de Tunisie le 15 - 03 - 2011


Par Mahmoud MAAMOURI *
Jean Daniel, au cours d'une émission télévisée, a déclaré que si les pays arabes et Israël avaient accepté le plan de Bourguiba de 1965, le problème palestinien serait aujourd'hui résolu; mais il n'a pas dit en quoi consistait ce plan.
Il m'a semblé opportun, pour les générations qui n'ont pas connu cette époque, d'expliquer, brièvement, les grandes lignes du plan de Bourguiba pour résoudre la question palestinienne.
Je rappellerais, d'abord, que le président Bourguiba a défendu la cause palestinienne à la réunion de la commission anglo-américaine sur la Palestine, tenue au Caire, le 6 mars 1946, quelques mois avant la résolution des Nations unis qui devait adopter le partage de la Palestine, et dix ans avant l'indépendance de la Tunisie.
Au printemps de l'année 1965, le président Bourguiba décida d'effectuer des visites officielles dans certains pays arabes, en Yougoslavie et en Grèce. En Egypte, premier pays qu'il visita, il eut un long entretien avec le président Nasser à qui il exposa son plan pour résoudre le problème palestinien.
La stratégie que les pays arabes avaient adoptée pour régler le problème palestinien et qui était basée sur la guerre n'a pas donné de résultat. En effet, la première guerre israélo-arabe de 1948- 1949, perdue par les Arabes, permit à Israël d'étendre les territoires sous son contrôle, au sud jusqu'au désert du Néguev, à l'est jusqu'à la mer Morte et au nord jusqu'à la frontière libanaise.
La crise du Canal de Suez déclenchée en 1956 par Nasser qui voulait fermer le Canal afin d'asphyxier l'Etat l'hébreu donna lieu à la formation d'une coalition regroupant Israël, la France et la Grande-Bretagne qui infligea aux pays arabes et tout particulièrement à l'Egypte une grave défaite. Il fallait donc, pour les pays arabes, initier une nouvelle diplomatie comportant les points suivants:
Bien que la création de l'Etat d'Israël constituât une injustice manifeste, il fallait baser la stratégie arabe sur la légalité onusienne. La résolution votée par l'ONU sur le partage de la Palestine, en 1947, comportait deux volets : un volet géographique et un volet humain.
Le volet géographique prévoyait le retour aux frontières établies par l'ONU, ce qui obligeait Israël à restituer les territoires palestiniens occupés pendant la guerre de 1948.
Le volet humain donne aux Palestiniens qui ont quitté leur pays le droit au retour.
Si les Arabes et les Israéliens acceptent ce plan, la paix reviendra et, pourquoi pas, Israël deviendra un pays du Moyen-Orient, ce qui pourrait donner lieu à une coopération bénéfique pour tout le monde. Si les Arabes acceptaient ce plan et que les Israéliens le refusaient, ceux-ci deviendraient les agresseurs et les pays arabes bénéficieraient de la sympathie des pays qui leur étaient hostiles, c'est-à-dire des pays occidentaux.
Nasser trouva ce plan raisonnable et ne vit aucun inconvénient à ce que Bourguiba l'expose en public; ce qui fut fait dans un discours mémorable prononcé à Jéricho en plein territoire palestinien, le 21 avril 1965 et qu'il termina par cette phrase : «Si j'étais un leader palestinien, je n'hésiterais pas et j'accepterais de rencontrer les représentants de Tel-Aviv»
Ce plan ne fut accepté, ni par les Arabes qui rejetèrent toute forme de négociation avec Israël, ni par les Israéliens qui refusèrent le principe même du retour des Palestiniens; les Arabes furent les plus virulents dans leur hostilité à Bourguiba qu'ils traitèrent de valet de l'impérialisme et du sionisme. De violentes manifestations anti-tunisiennes éclatèrent à Damas, Jérusalem et Beyrouth. Au Caire, l'ambassade de Tunisie fut incendiée. Le président égyptien qui encouragea Bourguiba à exposer son plan se retourna contre lui, donnant ainsi satisfaction à l'opinion publique de son pays et de celle des Arabes, lui qui se considérait déjà le leadeur du monde arabe.
Le chef de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Ahmed Choukheri, réclama l'exclusion de la Tunisie de la Ligue arabe. Celle-ci ne l'avait pas suivi.
Bourguiba dut interrompre sa tournée dans les pays du Moyen-Orient et rentrer en Tunisie en passant par Belgrade où l'attendait le maréchal Tito pour une visite officielle en Yougoslavie. Au cours d'un entretien des deux présidents auquel j'ai assisté en ma qualité d'ambassadeur de Tunisie, Tito, après avoir écouté le président Bourguiba, proposa sa médiation entre les deux chefs d'Etat, tous deux fondateurs du Mouvement des pays non-alignés, Bourguiba accepta la médiation qui, du reste, n'a pas eu lieu et les relations diplomatiques entre l'Egypte et la Tunisie furent interrompues, pour ne reprendre qu'en 1973, après la guerre de Kippour.
La guerre des Six-jours (du 5 au 10 juin 1967) qui opposa Israël à une coalition formée par l'Egypte, la Jordanie, la Syrie, perdue par les Arabes, permit à l'Etat hébreu de tripler son territoire. L'Egypte perdit la bande de Gaza et la péninsule du Sinaï, la Syrie fut amputée du plateau du Golan et la Jordanie de la Cisjordanie et Jérusalem-Est et la cité des trois religions du Livre devint la capitale de l'Etat hébreu.
Depuis des années, les Palestiniens et les Arabes réclament une solution conforme à la résolution des Nations unis, c'est-à-dire, en fait, ce que leur a proposé Bourguiba à Jéricho, sans pouvoir l'obtenir. Bien au contraire, le problème se complique encore par l'installation des colonies israéliennes dans les territoires conquis par Israël. Ce qui a fait dire à Jean Daniel, si les Israéliens et les Arabes avaient accepté le plan de Bourguiba, on n'en serait pas là aujourd'hui. Et il avait raison.
* (Ancien ambassadeur)


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