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Musique savante, dites-vous ?
Festival de Carthage - Hymne à l'amour et à la paix
Publié dans La Presse de Tunisie le 17 - 08 - 2014

C'était jeudi au soir. Plus de cinquante personnes étaient sur scène, dont quinze jeunes qui formaient la chorale. Le chef d'orchestre, Mohamed Mejri, donnait le la...
La chanson tunisienne a connu, au siècle dernier, des temps de gloire qui ont marqué sa vie. S'il est vrai que, de tout temps, les Tunisiens ont chanté, et si ce chant a tenu tête aux invasions de toutes sortes depuis des siècles, il n'en reste pas moins vrai que la musique, chez nous, a pris de l'histoire ce qu'elle avait de plus sensible, de plus influent, de plus humain. Cela n'a pas toujours fait l'unanimité et les hommes ont lutté contre certaines influences qui, à leur goût, dénaturaient et dénaturent encore « notre identité ». Grande question à laquelle les intellos, les mélomanes et les gens du métier répondent chacun à sa façon. La naissance de la Rachidia en 1934 — de la radio nationale en 1938, la création des festivals de Carthage et de Hammamet en 1964 - année, hélas, du décès de Khémais Tarnane, considéré comme le père de la chanson tunisienne —, tout a répondu en partie au besoin des uns et des autres, d'autant plus que des voix sont venues donner au grand public le plaisir, l'authenticité et la sensibilité de cette chanson.
Parmi les moments forts, il y a eu les années quatre-vingt. Des poètes, des compositeurs et des voix nouvelles sont venus rendre à la chanson tunisienne ses lettres de noblesse. Il y a eu de tout. Mais le hasard a voulu qu'il y eût Adnane Chaouachi, Lotfi Bouchnaq, Amina Fakhet, Najet Attia, Nawel Ghachem, Latifa Arfaoui, Soufia Sadok, Chokri Bouzaiène et bien d'autres voix, en même temps que des compositeurs de talent : Abdelkrim Shabou, Mohamed Allam, Abderrahmen Ayadi, Naceur Sammoud, Ezzeddine Ayachi et j'en oublie. Il y avait aussi un certain Mohamed Mejri, qui n'a pas manqué de graver son nom dans la mémoire collective avec des chansons qu'on n'oublie pas. Sonia Mbarek, à l'époque « une petite qui avait tout d'une grande », n'a pas oublié non plus « mahla el hayat lamma tedh'hak lina ». Le dossier Mohamed Mejri est accepté à Carthage, et cela ne se passait pas sans risque...
Hymne à l'amour et à la paix
Plus de cinquante personnes sur scène, dont quinze jeunes, forment la chorale. Le chef d'orchestre Mohamed Mejri donne le la. Un morceau musical succulent : Ichraqat , joli nom pour ce « rast » dont il a le secret, suivi, d'un nachid : « Tounès fakhr el watan el arabi ». Le ton est donné. Asma Ben Ahmed, joliment habillée, lumineuse et belle comme une étoile, vient déclamer l'amour de Sghayer Ouled Ahmed, mais aussi le sien et le nôtre, pour un pays si cher : « nouhibbou lbiled kama lé youhibbou lbileda ahad ! » (Nous aimons ce pays comme personne ne saurait l'aimer !). Nous pensons à Soufia Sadok qui n'a pu accompagner son compositeur ce soir-là. Amina Fakhet aussi. On aurait tant aimé les voir rendre hommage à Mohamed Mejri. Mais, en contrepartie, Asma, avec beaucoup de sensualité, vole haut avec « tir elhamam majrouh », sur un texte de Hatem Guizani et la composition du maître de cérémonie. Elle clôt avec un texte saoudien chanté à l'époque par Amina « taw waqt iji » , chanson difficile que Asma interprète à merveille.
Le « soldat Lotfi Bouchnaq » prend place sous les applaudissements nourris, salue, mais les traits du visage sont graves. La bronchite ne l'a pas empêché de répondre présent en hommage à son ami de toujours. Nous avons eu une grande émotion dès le départ, avec un hommage de Lotfi à Mejri, mais surtout au grand poète Ahmed Loghmani, à qui on souhaite un prompt rétablissement : « atleq emelak », avant de réciter de mémoire un long poème de Adam Fathi « touba li ghazza », un hommage à Gaza où il dit : « Parce que nous voulons la paix, préparons-nous à la guerre »... Mahmoud Dérouiche est également présent par son célèbre poème : « abiroun » (vous ne faites que passer...). Il est à rappeler que Mohamed Mejri a composé tout un album à Bouchnaq où figurent ces deux chansons.
Najet dans la dentelle
Une robe qui ne passe pas inaperçue, rouge, à la dentelle si belle... Najet retrouve son éclat. Heureuse, à l'aise, presque trop, la voix sensuelle d'antan est là... L'humour de l'enfant gâté ne change pas, non plus. Des admirateurs : Raouf et Madame Ben Amor, Mohamed Ben Cheikh, Nazek, Hichem... Ils sont là parce qu'elle a besoin d'amour ! « ya Khatwiti addi », chanson nouvelle qui rappelle trop « tir el hamam », puis « ya qalb ech eddek ». Le clou de la soirée pour notre ami Khaled Tébourbi : « akhaf alik », un de ses succès avec Mejri. Il est vrai que Najet a une nostalgie folle pour les chansons longues et difficiles. Aussi, s'y est-elle promenée comme au bord du Lac Majeur, oubliant le temps, et défiant la nuit. Avant de quitter la scène, elle rend hommage au compositeur qui, avec Shabou, a bâti une des plus belles carrières de la chanson tunisienne : celle de Najet Attia.
Cette réussite, nous la souhaitons aussi à Mohamed Dahleb, venu chanter un poème de Nizar Qabbani, que Mejri avait composé pour Slim Damak. Khaled Tébourbi, qui a suivi la carrière du compositeur de très près, nous rappelle que Kadhem Essaher l'a composée et chantée bien après. Abdallah Chami, de Syrie, interprète un poème de Dérouiche : « abhathou an balad ».
La soirée se termine sur un air si cher à nos cœurs, un poème de Aboulqacem Chebbi qui est entré plusieurs fois dans l'histoire. Presqu'un hymne national. Après la voix de Souad Mohamed, composition de Riadh Sombati, et de Halim Erroumi par la suite, Mohamed Mejri se fait plaisir en ajoutant une voix soprano à sa composition chantée par la chorale.
Hymne à l'amour mais aussi hommage à Mejri
L'affluence pour ce spectacle n'a pas battu les records. Loin de là. Peu importent les raisons de « mauvaise propagande » ou d'oubli. Le compositeur et chef d'orchestre est dans une position où il tourne le dos aux gradins. Il regarde vers ses musiciens (avec lesquels les répétitions n'ont pas été sans difficultés). Il regarde vers ses partitions si valeureuses, vers son monde où l'art est synonyme d'immortalité. La musique offre cette chance. Grâce à la musique, Mohamed Mejri, qui a quitté le pays il y a vingt ans, revit ce soir un moment magique. Une grande part du public habitué de Carthage n'était même pas encore née à cette époque... Il va de soi que nous ne pouvons rien reprocher au public mais qu'un retour sur la scène musicale et médiatique s'impose pour Mejri.
Quant à cette musique dite savante, elle peut plaire ; elle plaît. Certains morceaux sont succulents. Eh oui, il y a besoin de renouveau, de modernité, de recherche. Mais il faut de tout pour faire un monde. Carthage a su honorer un des nôtres. Demain, ce sera un autre grand de la musique sur cette scène magique. Et, au diable les recettes. La reconnaissance nationale est un des droits de l'artiste.


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