Au Mont Gilles, entre les arbres et les villas, se trouve un coin, agréable et discret, qui bouillonne de culture...depuis, bientôt, une trentaine d'années. C'est bien le Centre des arts vivants de Radès. Comme chaque année, c'est l'exposition des travaux des "étudiants" qui s'y tient actuellement depuis le 25 juin. Un nombre important d'"œuvres" est présenté au public, représentant plusieurs spécialités : céramique, peinture, gravure, sculpture, photo,...s'étalant sur les murs des deux grandes salles et se prolongeant jusqu'au beau jardin, dernièrement aménagé. A dire vrai, pas la peine de mettre le terme œuvre entre guillemets. Car honnêtement, les travaux exposés sont d'une grande qualité. Certains dépassent même de loin ceux que nous voyons parfois dans les galeries d'art, "produits" des peintres du dimanche et de pseudo artistes! En continuant sur le même chemin et surtout en développant davantage leurs cachets personnels, ces férus d'art, jeunes et moins jeunes, que sont les élèves du Centre des arts vivants de Radès, n'auront certainement rien à envier aux artistes dits professionnels. Sans surprise... Nous avons eu l'occasion d'être présents ces dernières années à l'exposition annuelle du Centre, et le constat est toujours plus ou moins le même. Cela est sans surprise. La nature même du Centre y est, nous le pensons, pour beaucoup. Il n'est pas sans oublier que cette structure a été fondée en 1982 par Safia Farhat (1924-2004), artiste de la première heure, première directrice tunisienne de l'école des Beaux-Arts de Tunis et figure emblématique de la scène des arts plastiques, qui en a fait don à l'Etat. Le Centre des arts vivants de Radès est donc actuellement géré par le ministère de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine et dirigé par Aïcha Filali, à ne plus présenter, et qui se trouve être aussi la nièce de Safia Farhat. L'art pour tous. C'est le credo de cet établissement dont la mission est de "donner la possibilité à tout un chacun de s'adonner aux arts plastiques" sans limite d'âge ni de niveau d'instruction, dans la limite de la capacité d'accueil. Loin d'être un club comme il y en a un peu partout, le Centre des arts vivants de Radès offre trois types d'activité. D'abord, la formation dans différentes spécialités d'arts plastiques au sein d'ateliers dirigés par des artistes compétents, dont une bonne partie d'universitaires (cours pour adultes, tous les jours, et un atelier d'éveil plastique hebdomadaire pour enfants). Ensuite, il y a les résidences d'artistes. En effet, le Centre accueille chaque année trois artistes qui bénéficient d'une bourse, d'un atelier individuel et des différents équipements pour concrétiser un projet artistique qui sera exposé en fin de séjour. D'ailleurs, plusieurs plasticiens connus et reconnus ont fait leur passage par le Centre. La dernière activité consiste dans l'animation plastique et l'organisation d'expositions (de fin d'année et de fin de résidence) ainsi que des workshops. "Nous avons la prétention de permettre à chaque personne d'apprendre une ou plusieurs activités plastiques à condition de jouer le jeu et d'être ouvert aux orientations des enseignants, responsables des ateliers afin d'amener chacun selon ses possibilités, à comprendre et à pratiquer un art d'aujourd'hui. Plusieurs personnes viennent au début avec des idées arrêtées de paysages et de bouquets de fleurs et évoluent très agréablement vers le dépassement de ces stéréotypes associés à la pratique de la peinture", précise la directrice des lieux, dont les partis pris esthétiques et les orientations artistiques transparaissent ici et là, à son insu même peut-être. La nouvelle, c'est que le Centre est actuellement en train de mettre sur pied un musée (en voie de finition) qui abritera une collection permanente (celle du centre) ainsi que des expositions temporaires thématiques. Du sérieux et beau travail se fait donc au Centre des arts vivants de Radès. Les idées ne manquent pas, il faudrait maintenant que le budget suive...