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«Je serai au second tour de l'élection présidentielle»
Interview d'Ahmed Nejib Chebbi
Publié dans La Presse de Tunisie le 09 - 09 - 2014

Attendu depuis longtemps sur la liste des candidats à la présidentielle, Ahmed Néjib Chebbi ne cache pas ses ambitions, même s'il se défend d'être un assoiffé de pouvoir. Autant dire qu'il a eu le temps d'affûter son profil de candidat et de construire son discours : un discours qui s'appuie sur le thème de l'unité nationale, sur ce qui rassemble les Tunisiens et non sur ce qui les divise... Candidat malheureux lors des élections précédentes, en tant que leader du défunt PDP, A.N. Chebbi semble confiant en sa bonne étoile pour le prochain rendez-vous : il sera, dit-il, au second tour ! Entretien.
Depuis le 14 janvier 2011, vos positions ont été peu populaires, notamment votre participation au gouvernement Ghannouchi ainsi que votre opposition à l'élection d'une ANC qui a doté le pays d'une nouvelle constitution. N'êtes-vous pas finalement peu représentatif de la volonté populaire ?
Le problème ne portait pas sur la constituante, mais sur la manière de la faire. Les Tunisiens ont été très déçus de la performance de l'Assemblée nationale constituante. A l'époque, j'avais proposé l'élection d'une constituante de six mois, et avec la seule prérogative, celle d'élaborer une constitution. Et si on m'avait suivi, on n'en serait pas là aujourd'hui. Mais ce que les Tunisiens attendent aujourd'hui, ce n'est pas la Constitution en elle-même, mais ce qu'on va en faire. Les Tunisiens ont besoin d'être rassurés sur leur avenir, sur le rétablissement de la sécurité, et de l'autorité de l'Etat, sur la hausse de leur niveau de vie, sur la réforme de l'école qui devient une usine de chômeurs, sur la révision de la carte sanitaire du pays. Les Tunisiens sont donc tournés vers l'avenir : c'est pour cela que je suis candidat à la présidence de la République.
Pour ce qui est de la représentativité, je dirais qu'elle ne se décrète pas. Demain, le peuple tunisien va se prononcer. J'espère qu'il m'accordera son soutien pour garantir à tous les Tunisiens leurs droits, qu'ils soient communistes, islamistes ou destouriens : ils sont tous Tunisiens, ils doivent être unis et associés dans l'accomplissement de ce que la Tunisie attend d'eux. Moi, je serai le président rassembleur des Tunisiens...
Jusqu'à présent, il y a plus d'une quarantaine de candidats déclarés ou probables à la présidentielle. Tous affirment incarner l'unité nationale. Qu'est-ce qui vous distingue de ces personnalités ?
Précisément, c'est ce qui m'inquiète le plus : tout le monde parle d'unité nationale, et moi-même j'appelle à une unité nationale. Mais j'ajouterais que, personnellement, je parle de concorde nationale : une chose qui soit dans le cœur. Cela n'est pas difficile. On peut être communiste, destourien, islamiste ou républicain, mais on ne peut pas diverger sur la réforme de l'école. Comment relever le niveau général de l'enseignement, comment prendre en charge l'élève de 8h00 à 16h00, comment associer l'enseignement technique à l'enseignement général de manière à ce que le produit de l'école réponde aux besoins de l'économie. Donc, on peut être unis malgré les différences idéologiques, parce que la Tunisie n'a pas besoin de divergences idéologiques. Elle a une seule différence : les Tunisiens sont des musulmans modernes. Ils ne sont pas musulmans sans modernité et ne sont pas modernes sans être musulmans. Donc, ce qui me distingue, c'est que je dis que l'unité nationale sans vision s'apparente à des arrangements partisans, sources de tensions et de blocages institutionnels et parfois de confrontation.
Vos compétiteurs n'ont pas de vision ?
Je ne suis pas là pour attaquer mes compétiteurs, mais je ne vois pour le moment aucun programme. J'espère que tous les candidats développeront leur programme devant le public et je pense qu'il y aura suffisamment de dénominateurs communs pour fonder cette union nationale, ou cette concorde nationale, autour d'une vraie collaboration, loin des calculs partisans. Le pouvoir est un instrument au service de l'Etat et non pas un butin qu'on se partage.
L'idée la plus répandue depuis trois années est que Ahmed Néjib Chebbi n'a qu'une obsession, devenir président. C'est pour cela qu'on a du mal à trouver de la cohérence dans vos positions, notamment dans vos rapports avec Ennahdha. Que répondez-vous à cela ?
Rien, dans ma vie, qui a été basée sur l'abnégation, le don de soi, le sacrifice, la lutte pendant 50 ans pour la liberté, rien dans ma vie ne donne le droit à mes adversaires de m'attribuer cette soif insatiable du pouvoir. Mais je dirais oui, je veux devenir le président des Tunisiens, parce que je considère avoir les qualités qui me prédisposent à occuper cette haute responsabilité de l'Etat. Ce ne sont pas les privilèges du pouvoir qui m'attirent : si ce n'était que cela, on m'aurait attiré depuis ma tendre jeunesse. Je veux être le président des Tunisiens parce que je veux défendre la souveraineté nationale. Aucun pays étranger, frère ou ami, n'aura un mot à dire dans les affaires tunisiennes. Je veux défendre la sécurité du territoire tunisien. Je veux défendre le droit de tous les Tunisiens sans discrimination. La démocratie, telle que je la conçois, est une démocratie inclusive : elle n'exclut personne sauf ceux qui brandissent les armes face à la société et à l'Etat. Je veux être le président des Tunisiens pour collaborer sincèrement avec le gouvernement et le Parlement, quelles que soient leurs couleurs, pour que la Tunisie se relève et marche de nouveau.
Avez-vous réussi à avoir les 10 signatures nécessaires pour se porter candidat à l'élection présidentielle ? Certains disent qu'il vous manque quatre signatures ? Vous allez chercher plutôt les 10.000 signatures d'électeurs ?
Je peux vous rassurer : lorsque le temps de dépôt des candidatures sera ouvert, c'est-à-dire le 8 septembre, j'aurais absolument les conditions requises.
Avec les 10 signatures de députés ou les 10.000 signatures d'électeurs ?
Ça peut être l'une ou l'autre ou les deux à la fois : je n'ai aucun problème à réunir les parrainages nécessaires. Le 8 septembre vous verrez ce que j'aurais récolté comme signatures. Il y a une équipe qui s'occupe de cela, je ne suis pas en train de suivre.
Si vous étiez élu président de la République, seriez-vous favorable à une intervention militaire préventive en Libye ?
Je suis un homme qui a vécu le dernier quart d'heure du protectorat français en Tunisie : je sais combien a été chère l'acquisition de l'indépendance. Je suis un homme attaché à la souveraineté nationale et je ne me permettrai jamais de m'immiscer dans les affaires internes des autres pays. Nos frères libyens sont attachés à leur souveraineté, ils sont majeurs et sont en train d'être vaccinés. Je leur fait confiance pour s'inspirer de l'expérience tunisienne et établir un consensus national qui puisse rétablir la paix sociale, l'unité et la mise en place des institutions et de la démocratie.
Vous défendez la souveraineté de l'Etat libyen, même si le brasier libyen menace la souveraineté de la Tunisie ?
Pour les Tunisiens, se prémunir du brasier libyen, c'est réaliser la concorde nationale, c'est donner à la Tunisie sa stabilité. Si elle perd sa stabilité, si elle glisse dans la confrontation, alors la Tunisie n'aura aucune défense face au brasier libyen. Si elle est unie, rien ne peut atteindre la Tunisie. Vous savez, ce sont toujours les conditions internes qui sont déterminantes. Les conditions externes ont de l'effet, dans la mesure où les conditions internes le permettent.
Vous avez appelé à la création d'un service de contre-espionnage pour lutter contre le terrorisme. La guerre contre le terrorisme est aujourd'hui essentiellement une guerre de renseignements ?
Non, il y a l'urgent et le moyen terme. L'urgent, c'est de doter les intervenants dans la lutte contre le terrorisme d'une agence unique de renseignements qui leur permette de partager l'information et d'intervenir clairement. Il faudrait leur donner les moyens nécessaires à tout point de vue : les moyens de transport, les moyens de communication, les moyens d'interception, ainsi que le personnel suffisant. Il faut aussi les encourager en prenant en charge les familles des martyrs. La police et l'armée se sentiront dans ce cas entourées par la population. Donc ce sont là les priorités, et ces priorités doivent être reflétées dans les lois de finances à venir. Il y a également la coopération internationale en matière de sécurité, dans le cadre du respect de la souveraineté des uns et des autres. Aucune immixtion dans les affaires internes ne sera permise, aucun droit de poursuite ne sera accordé : les Tunisiens se chargeront eux-mêmes de défendre l'intégrité de leur territoire et je ne me permettrai jamais, d'ailleurs, d'intervenir sur le sol d'un pays tiers.
Le terrorisme est un phénomène extérieur par son idéologie, qui n'est pas la nôtre, par son financement, par son armement et ses bases-arrière. Mais c'est aussi un phénomène interne : en cause, le désespoir des jeunes qui les pousse à tenter l'aventure sur les bateaux de la mort, à fuir dans la drogue, à s'immoler par le feu ou à rejoindre le jihadisme, qui leur donne un faux semblant de mission divine. Donc, si on ne développe pas les quartiers populaires, si on ne développe pas l'emploi des jeunes et si on ne redonne pas de l'espoir aux jeunes, alors il restera toujours un terreau pour le terrorisme dans notre pays.
Vous avez déclaré être contre l'ingérence des pays étrangers dans les affaires nationales : quelle est, selon vous, la frontière entre la coopération internationale en matière sécuritaire et l'ingérence ?
C'est très simple, l'acteur sur le territoire national doit être exclusivement tunisien et la coopération internationale, sous forme de dons ou de prêts, ne doit comporter aucune condition politique, sauf un intérêt réciproque librement accepté par les deux parties. Je suivrai une politique de coopération tous azimuts avec l'ensemble des pays et, évidemment, nous avons des relations traditionnelles avec l'Europe, avec le monde arabo-musulman, sans oublier les nouvelles économies puissantes telles que les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), l'Asie, mais aussi l'Afrique.
Sur le plan économique, nos partenaires européens sont en crise : allons-nous continuer à nous y accrocher ou bien faudra-t-il se tourner vers les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) ?
Regardez l'histoire du capitalisme sur deux siècles, vous trouverez qu'il évolue par crises successives. Cela est malencontreux mais cela veut dire qu'une crise ne signifie pas la mort d'une économie. D'autre part, nous n'avons pas le choix : nous ne pouvons pas sacrifier un marché de 350 millions de consommateurs. En 2005, nous avions 5% du marché européen du textile, ce qui a aidé à relever le niveau de vie des Tunisiens et à créer des centaines de milliers d'emplois pour les Tunisiens. Aujourd'hui, nous devons regarder plus large encore, nous devons conquérir un monde de libre-échange. Sauf que notre avantage comparatif, dans cette conquête, ne sera pas les bas salaires, mais la grande valeur ajoutée et l'intégration de la haute technologie : une orientation qui permettra de créer des emplois qualifiés. Il est temps que les Tunisiens se remettent au travail.
Un magazine a récemment titré « Néjib Chebbi, le dernier combat ». Si vous perdez la bataille de la présidentielle, vous vous retirez définitivement de la vie politique ?
Vous êtes pressé de le savoir ? Ecoutez, j'ai un combat, je le mène jusqu'à la dernière énergie et la volonté de gagner. Au lendemain des élections, je ferai un choix : je peux choisir le repos vu que j'ai 50 ans de service, mais peut-être que les conditions de mon pays ne me permettront pas de me reposer. Je ne sais pas, je vous le dirai au lendemain du 28 décembre, puisque je serai au second tour de l'élection présidentielle.


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