* Interview de Moncef Chebbi, membre de la Chambre des conseillers et membre du Bureau politique de l'Union Démocratique Unioniste (UDU) Le bureau politique élargi de l'Union Démocratique Unioniste (UDU), réuni samedi 18 octobre, a recommandé au Conseil national du parti qui se tiendra les 14 et 15 novembre 2008, d'approuver la candidature du secrétaire général du parti Me Ahmed Inoubli à l'élection présidentielle de 2009. Comme Me Inoubli était notre invité le mois dernier, nous avons donc, pour en savoir plus sur cette recommandation qui sera certainement approuvée ; contacté Moncef Chebbi, membre du bureau politique pour nous expliquer la signification de cette proposition et nous parler de la participation du parti aux législatives, de ses rapports avec les autres partis et aussi de la crise financière internationale et particulièrement de la vision socialisante de l'UDU. Interview.
• Le Temps : Le Bureau politique élargi de l'UDU a proposé au Conseil national du parti d'approuver la candidature du secrétaire général Me Ahmed Inoubli à l'élection présidentielle de 2009. Quelle est la signification de cette proposition ? -Moncef Chebbi : La question de la candidature du secrétaire général du parti est une question majeure. Pour cette raison, nous n'avons pas voulu nous précipiter pour prendre une position avant que ne soient réunies certaines conditions. La première est celle de la préparation politique et organisationnelle du parti à assumer un tel choix. Un choix de participation. Nous avons vécu une année de restructuration à l'échelle régionale qui n'a épargné qui n'a épargné aucune de nos fédérations. La deuxième il fallait que se clarifie les positions et les dispositions de nos partenaires politiques concernant le climat qui doit entourer ces élections ainsi que les législatives qui se tiendront simultanément. Nous avons maintenant une idée plus précise sur les candidatures déclarées et sur les candidatures éventuelles,, sur les partis qui vont s'engager dans cette bataille, et nous enregistrons avec satisfaction les promesses faites au plus haut niveau de l'administration et de l'Etat pour les garanties du bon déroulement et de la transparence des opérations électorales. Signe que la concertation et le dialogue entre adversaires-partenaires peut aboutir aux issues les plus fructueuses tant il est clair que au-delà les résultats les élections de 2009, ont une importance nationale. Elles concernent plus le peuple tunisien que des partis en compétition quel que soient leurs positions sur l'échiquier politique. Nous avons le devoir de donner au peuple tunisien le sentiment que la démocratie avance dans le pays et que les joutes électorales ne sont pas vaines. Dans ce contexte la participation de l'UDU parti d'opposition réformiste et attaché au dialogue s'est orienté vers deux décisions essentielles : participer aux élections présidentielles et présenter la candidature de son secrétaire général à l'élection présidentielle. Dans quelques semaines précisément, les 14 et 15 novembre, notre Conseil national se réunira pour avaliser les recommandations du bureau politique élargi du parti.
• Justement, pour les législatives, l'UDU comptera-t-il nouer des alliances avec les autres partis ? -En l'état actuel des choses, l'UDU se prépare à présenter ses propres listes dans toutes les circonscriptions. C'est un acte légitime qui couronne l'effort de restructuration qu'a connu le parti. Concernant d'éventuelles alliances, nous n'avons reçu, à ce jour, aucune proposition.
• Même pas des alliances dans le cadre de la « Rencontre Démocratique », qui regroupe l'UDU, le Parti de l'Unité Populaire (PUP), le Parti Social Libéral (PSL) et le Parti des Verts pour le Progrès ? -Excusez-moi je ne vois pas de quoi vous parler. Revenons aux éventuelles alliances si des propositions sérieuses nous sont faites nous les traiterons très sérieusement comme à l'accoutumée. Nous leurs donnons suite si le contexte national l'exige et si l'impact escompté atteint un niveau historique.
• Mais l'alliance dite de la « Rencontre Démocratique » n'existe plus ? - (...)
• Bon, revenons aux législatives, sur quels critères le parti établira ses listes et surtout choisira les têtes de listes qui, seules auront une chance d'être élues ? -En ce qui concerne la formation des listes, il y a deux critères essentiels. D'abord, celui de la qualité des candidats. Nous allons faire de notre mieux pour présenter des listes composées des membres de notabilité régionale, des cadres et des politiciens aguerris. Le deuxième critère concerne le choix des têtes de liste. Le choix va se faire en deux étapes. Les régions auront leur mot à dire et le débat est ouvert. Mais il est évident qu'en fin de compte, le Bureau politique qui est chargé par le congrès de veiller à la bonne marche du parti et à ses chances en matière de représentativité à la Chambre des députés aura le dernier mot. Démocratie interne et centralisme sont loin d'être contradictoires. Ainsi, nous pouvons améliorer notre participation et donner de notre projet une image plus tangible et plus respectable.
• Suite à vos déclarations concernant le peu de représentativité de certains partis, vos rapports avec le secrétaire général du PSL Mondher Thabet se sont détériorés. Où en sont-ils ? -Mondher Thabet est un frère. Il a parfois l'impression que certaines de mes déclarations portent atteinte à son image. Mais cela n'a aucun rapport, j'ai pour lui beaucoup d'amitié et de considération même quand j'ai l'impression que certains malentendus se glissent dans nos rapports. Il faut les résoudre dans le calme et éviter que les semeurs de troubles les exploitent à des fins politiciennes. Il ne faut pas imaginer que je parle de lui quand je nie l'existence de structures supra-partisanes. Je sais qu'il partage mon opinion à cet égard.
• Mais, vous ne partagez pas la même opinion en ce qui concerne le libéralisme et le socialisme à la lumière de l'actuelle crise financière internationale ? -La crise du libéralisme mondial a animé les débats idéologiques sur la scène tunisienne. Je voudrais préciser que lorsqu'il s'est agi de la chute de l'URSS nous avons entendu dire que c'est la fin du socialisme et que le libéralisme triomphant va mener le monde. Nous avons assisté aux excès de l'impérialisme de l'Amérique de Bush en Irak, en Afghanistan, en Serbie et un peu partout dans le monde. Nous avons toujours eu la certitude que cet élan ravageur et inhumain finirait par se briser et emporter ses propres auteurs dans la tourmente. Que des amis à nous ici en Tunisie continuent de défendre ces orientations qui ont mené l'économie mondiale à l'échec. Nous tenons à leur dire que le libéralisme, cette doctrine qui confie au marché le soin de réguler les rapports économiques par la loi de l'offre et de la demande ne peut pas fonctionner sans l'intervention de l'Etat et sans que l'Etat ne demeure propriétaire d'importants moyens de production de biens et de services et qu'il assure l'attribution d'une part non négligeable du revenu national et de la richesse nationale au profit des couches les plus défavorisées pour garantir la stabilité de la scène politique et sociale et pour perpétuer le bon rythme du développement économique. A l'UDU notre vision du socialisme n'implique pas nécessairement que l'Etat soit propriétaire de tous les moyens de production. Il laisse une place à la libre entreprise qui peut et doit contribuer à relever les défis nationaux de croissance et de développement. Mais qui ne doit jamais se transformer monopolisant les fruits de l'effort national en force de freinage de notre marche vers le progrès. Notre vision est la seule viable. Elle est faite d'équilibre, d'humanisme. Elle a le souci de l'union nationale au moment délicat où la Tunisie se prépare à prendre son envol.