Les projecteurs seront braqués sur les documentaires nés dans l'urgence et la précarité Demain, 11 octobre, débutent les Douz Doc Days, une compétition nationale du documentaire qui regroupera 10 longs et moyens métrages et 10 courts, pour l'obtention du Dromad'or, récompense suprême de ce jeune festival qui a réussi, en quatre sessions à peine, à créer l'événement. Il faut dire que cette manifestation correspond aujourd'hui à une nécessité puisque la production de films atteint les vingt longs et moyens métrages documentaires par an ce qui constitue un véritable phénomène quand on sait qu'il n'y a pas si longtemps, le système dictatorial ne permettait que la production annuelle d'un seul film de ce genre, alors hautement suspecté. La chape de plomb dissuasive faisait de cette pratique un acte de résistance par excellence. C'est désormais sous le signe de la responsabilité et de l'engagement citoyen qu'une nouvelle génération de réalisateurs prend à bras-le-corps l'outil numérique pour documenter le réel tunisien avec un sens élevé du devoir de mémoire autant que le souci de témoigner et la volonté de comprendre cette période que traverse notre pays. Les Douz Doc Days ont choisi, depuis quatre ans, d'accompagner le mouvement pour favoriser, à moyen terme, l'émergence d'une école du documentaire tunisien. «C'est en fédérant les différents protagonistes de ce secteur d'activité tout en suscitant une saine émulation que nous pourrons placer la barre assez haut», nous dit le réalisateur Hichem Ben Ammar qui se bat avec passion pour que ce festival ait un impact direct et rapide sur l'environnement. «C'est en donnant de la visibilité aux films sélectionnés que nous pourrons progressivement forcer les portes des télévisions qui n'accordent toujours pas aux films nationaux l'importance qu'ils méritent». Les opportunités de diffusion restent en effet très limitées pour le documentaire de création ce qui confère aux Douz Doc Days une indéniable utilité. Nés le plus souvent dans l'urgence et la précarité, les documentaires narratifs sont pour la plupart le fruit d'une initiative personnelle et restent souvent confinés dans des réseaux de diffusion confidentiels. En braquant les projecteurs sur ces films, pour la plupart non formatés, les Douz Doc Days participent à l'émergence d'une nouvelle forme d'écriture de notre histoire. War Reporter de Amine Boukhris, Sept et Demi de Néjib Belkadhi, Sept vies de'Amine BoufaIed et Lilia Blaise, Le Visage de Dieu de Bahram Aloui, Dignité Sans Autorisation de Tournage de Maher Hrizi ou Un Retour de Abdallah Yahia sont autant d'expressions citoyennes qui participent avec pertinence à un débat national.