«La rentrée de l'Aire libre», une exposition dont l'énergie qui s'en dégage illumine les œuvres et soutient les propos, tout en menant celui qui regarde là où l'artiste désire le conduire. L'espace d'arts plastiques Aire libre d'El Teatro a inauguré, mardi dernier, sa rentrée culturelle avec une exposition foisonnante de 60 œuvres réalisées par 36 artistes, qui, toutes techniques confondues, nous livrent leur fougue artistique, leur imaginaire affectif et nous entraînent, chacun à sa manière, dans un univers à part. A travers cette exposition, le visiteur peut apprécier la variété des couleurs et des disciplines artistiques qui dialoguent entre elles. L'abondance créative est admirable, les techniques d'expression plastiques sont aussi riches que variées, allant de la sculpture au dessin, du collage à la peinture, de la céramique à la photographie. Et on y trouve de tout: l'abstrait, le figuratif, la technique mixte, le poétique, le pop art, le graphisme, le numérique, etc. Chacun de ces artistes nous offre une vision singulière du réel, son «ressenti» pictural de la réalité, du monde. On est confronté à différentes personnalités, à une multitude de richesses émotionnelles et intellectuelles, toutes rapprochées et magnifiées par le biais de l'art. Parmi les exposants, citons Hafedh Jerbi, qui, à travers ses tableaux, expérimente la subtilité des motifs et l'élasticité des idées. A travers ses portraits irréels, il raconte des histoires comme on raconte les restes d'un rêve au réveil. Par bribes de ce qui revient comme sensations, images, étrangeté, manque de logique. Les œuvres de Ghada Chamma donnent à voir des mélanges de tonalités, tour à tour, joyeuses, mélancoliques, lascives, toniques... Un point de départ sur lequel elle intègre des motifs, des petites empreintes de son imaginaire, des détails enfouis pour rythmer l'ensemble et guider l'observateur vers des ambiances magiques, fantastiques où les mots ne sont plus nécessaires. Outre l'abstraction lyrique, d'autres toiles exposées sont de véritables rhapsodies colorées nées sous les feux des acryliques, qui permettent aux peintres de s'inventer de nouvelles architectures de l'espace. Quant au travail de Houssem Khelil, l'essentiel de ses sculptures en résine, telles que «Inflation», «L'homme enchaîné», «Sauvez notre Tunisie» et «Hommage à Siliana», est une sorte d'évocation ou de reconstruction d'une réalité vécue. Ses œuvres sont la représentation sensible et subjective de l'actualité et du monde qui nous entoure. Il s'agit de traduire des impressions, des idées et des valeurs à travers la matière, son noble et sage messager. Nous trouvons aussi un ensemble de photographies — certaines en noir et blanc, le cas des photographies numériques de Rock Raven; d'autres en couleur, comme celles de Lilia Ben Zid — qui sont le fruit du hasard ou de l'instant d'une randonnée photographique appliquée et raffinée. Une série de clichés à la composition sobre et équilibrée, jetant sur le monde un regard fait de liberté et de grâce. Une exposition à voir jusqu'au 1er décembre 2014.