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«mon pays a fait de moi ce que je suis, je lui donne sans attendre de retour...»
l'Entretien du lundi: Sonia M'barek :
Publié dans La Presse de Tunisie le 20 - 10 - 2014

Très «attendue», l'édition 50e anniversaire du Festival international de Carthage est finalement arrivée «à bon port». La directrice, Sonia M'barek, nous en parle ici. Personnalité forte, riche profil (musicienne et chanteuse de haut niveau, DEA en «Sciences-po», chercheur universitaire en sciences politiques et musicologie, conseillère artistique pour la promotion de la culture et des arts arabes auprès de l'O.N.G américaine «Albustan Seeds of Culture» depuis 2012, membre exécutif du prix Zyriab en 2014), nous en «profitons» pour faire le tour intégral de la question. Interview.
Bravo d'abord, d'aucuns pensaient que l'édition du 50e anniversaire de «Carthage» n'était pas tellement « à votre portée». C'est démenti. Mais dites-nous : «les sceptiques» étaient-ils contre la femme en général, ou spécialement contre Sonia M'barek ?
Je ne sais pas. J'espère personnellement que nous avons passé ce stade en Tunisie, car homme ou femme nous devons assurer. Mais il faut croire cependant qu'il y a encore des idées reçues lorsqu'une femme dirige tout court, de surcroît lorsque la femme en question est une artiste. Peut-être que cela se rapporte tout simplement aux difficultés que nous avons en Tunisie à accorder «le bénéfice du doute».
C'était déjà le cas lors de votre nomination à la direction du festival de la musique tunisienne... non ?
Le domaine musical est très complexe, jusqu'à aujourd'hui la reconnaissance sociale de la profession est problématique. Cet état de fait conduit à la frustration que vivent un nombre considérable d'artistes et engendre une certaine méfiance, voire défiance (déjà existante entre les artistes eux-mêmes) face aux institutions culturelles qui se doivent d'assister l'artiste, même dans le cas où son projet musical est absent. Je n'ai pas eu beaucoup de temps pour cogiter là-dessus.
Ce que je sais, c'est, par contre, qu'en acceptant la mission qui m'a été confiée, à savoir la direction de la 50e édition de «Carthage», je devais déployer tous mes efforts pour être à la hauteur de cet événement, de mon pays. Bref, de répondre à une obligation de résultats minimum.
Pour cela, il a fallu dresser des objectifs clairs et réalisables, en trois mois seulement, et m'entourer d'une équipe pertinente et efficace.
Et quels objectifs pensez-vous avoir réussi à atteindre au terme de cette session?
Trois principaux :
1/ Un festival au cœur de la cité. Un espace de rencontres artistiques et de partage, favorisant le dialogue entre les peuples et les cultures via des performances d'artistes, et l'accès à la culture et aux arts à tous et partout.
2/ La valorisation du label artistique que représente le Festival international de Carthage (pluridisciplinité maintenue, diversité des genres intégrée).
3/ La mise en exergue des créations artistiques tunisiennes innovantes.
Vous vous doutez, en revanche, de ce que l'on vous prédit maintenant que vous avez passé le «cap» de la carrière bureaucratique, voire politique: de renoncer, tôt ou tard, à la musique et au chant...
Je n'ai jamais couru derrière les postes administratifs pour la simple raison que le statut d'artiste dont je me revendique est incomparable à tout autre statut, c'est un statut d'exception au même titre que celui du philosophe ou du savant, il me permet de rester libre; d'exercer une passion sans limites. Chanter est vital pour moi...
...Néanmoins, j'estime que j'ai des responsabilités envers mon pays où j'ai grandi et où je suis devenue l'artiste et l'universitaire que je suis ; lorsque mon pays a besoin de moi, je dois être présente, et lui donner sans attendre de retour, cela n'a rien à voir avec le choix de faire ou de ne pas faire une carrière politique.
D'ailleurs, je n'ai intégré aucun parti, je suis indépendante et mon parti c'est mon pays. Et cette indépendance, j'y tiens aussi, car je m'identifie au concept gramscien, disons «d'artiste organique» (proche du public, proche du peuple), ce qui me permet de garder mes distances vis-à-vis du pouvoir.
Croyez-vous, vraiment, vous-même, à ce stade des choses, que vous allez garder votre préférence à l'Art ?
André Malraux disait que l'art est «le plus court chemin de l'homme à l'homme», j'adhère parfaitement à ces dires. Jamais je ne pourrais me dispenser de mon art, car je redécouvre à travers l'art musical toute mon humanité ; de plus, en chantant, en composant, j'ai un autre regard sur le monde et sur l'Homme.
Une évaluation globale de «Carthage 2014» maintenant, à «distance»...
Je dirai :
- 30 spectacles au théâtre antique de Carthage (musique dans tous ses genres, spectacles de danse, théâtre et cinéma).
- 5 spectacles à thème au musée antique de Carthage
De très grands artistes internationaux aussi comme George Benson, Stromae, Natasha St-Pier, Chimène Badi, etc.
Je dirai :
Une session 50e anniversaire avec 50% de participation tunisienne de qualité.
Je dirai aussi :
Les fusions artistiques à l'instar de Nagouz 2014 qui réunissait Mounir Troudi et Erik Truffaz le 10 août ou encore Riadh Fehri et Pedro Eustache le 4 août. Autres moments forts qui enchantèrent les amis du festival : Youssou Ndour et Marcel Khalifa, en plus d'un spectacle de danse.
Je dirai encore : «Carthage hors les murs» avec des projections spéciales de quelques soirées sur des écrans géants à l'intérieur du pays, le «Carthage pour tous» (une première!) réalisé avec nos partenaires, Tunisie Télécom et l'Ertt, nous les en remercions vivement.
Je dirai enfin, l'évaluation budgétaire, très encourageante, nous avons réalisé une recette record, plus de 2 millions de dinars, grâce à un taux d'affluence général avoisinant les 100.000 spectateurs. La balance budgétaire du festival est équilibrée, nous ne serons donc pas déficitaires.
Quelle est l'influence d'un festival de haut niveau, tels Carthage, Hammamet, ou autres, sur le niveau culturel moyen de la population? Travaillons-nous assez, en amont, sur les structures culturelles de base, sur l'éducation, sur l'initiation, sur la diffusion, pour que toute cette belle activité en aval (les grands festivals en premier) ait son juste répondant à l'échelle de toute la société ?
Vous vous référez, sans doute, aux années 70, d'une certaine homogénéité socioculturelle, existe-t-elle encore ? N'était-elle pas, à vrai dire, la résultante d'un contexte politique, culturel et économique marqué par un équilibre entre le processus de modernisation choisi par la Tunisie et la préservation et la promotion de la culture tunisienne, mais qui a perdu toute sa consistance au fil des années? N'oublions pas l'évolution qu'a subie la notion même de culture à partir des années 80 : la standardisation des références culturelles, le développement technique et technologique, ayant eu des répercussions sur le statut des artistes, voire sur le public en Tunisie.. Dans ces conditions, oui, la question culturelle reste au cœur du festival. Comment?
Il faudrait, d'abord, procéder à la reconstruction de notre identité culturelle pour raffermir nos référents culturels et mieux nous approprier la culture comme mode d'innovation.
L'artiste joue, aussi, un rôle essentiel dans l'évolution sociale et culturelle de toute politique festivalière. Pour cela, il faudrait, je pense, mettre, en commun, une politique festivalière participative. Il faudrait considérer le festival non plus comme un événement ponctuel mais comme une institution inscrite dans un «réseau de coopérations». La restauration des maisons de la culture et des jeunes qu'a entamée M. le ministre de la culture peut constituer un levier très important pour la constitution d'un monde de l'Art au sens de Howard Becker, où l'art serait une œuvre collective capable d'enclencher une véritable chaîne de coopération, dont l'artiste serait l'élément central.
Si vous restez à sa direction, quelles modifications apporteriez-vous, en toute priorité, au Festival international de Carthage ?
— En première urgence : le statut du festival. La mutation du festival vers une institution indépendante, dotée d'une personnalité juridique et morale travaillant dans la régularité, est un impératif pour sa viabilité et son évolution.
Le statut pourrait s'inscrire dans la lignée d'un établissement public à caractère non administratif au même titre que le centre de musique arabe et méditerranéenne ou du centre culturel de Hammamet.
— Le réseau FIC, de même : le «FIC» représente un enjeu politique, économique, culturel, touristique très important ; à ce titre, il mérite d'être soutenu par des institutions nationales, hormis le ministère de la culture, comme les ministères du tourisme, des affaires étrangères, de l'Education, de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique qui sont directement concernés, à mon avis, et internationales telles que l'IMA, l'Unesco, l'alecso, etc.
— La participation au développement social, économique et culturel local, aussi, en mettant en place :
— Une politique de sensibilisation active en lien avec le théâtre, la musique, le cinéma. Des accords de coopération sont possibles et fort souhaitables, entre FIC et JMC, le Festival de Carthage pourrait organiser un spectacle pour le lauréat des JMC par exemple.
— La diversification des moyens de financement du FIC (de même), à travers :
- Les partenariats publics (ministère de la Culture, ministère du Tourisme, collectivités territoriales, ministère des affaires étrangères, etc.)
- Les partenariats privés (sponsoring, mécénat culturel).
- Les fonds propres (la billetterie, les cotisations et le merchandising, etc.).
Enfin, la communication ! Le positionnement du festival dans le paysage médiatique national et international passe inévitablement par une visibilité constante, pertinente et dynamique. Par une campagne de l'avant, pendant et l'après-festival avec le même dynamisme. Par la constitution d'une base de données identifiant l'histoire du festival. Par la diversification des moyens de communication en s'appuyant sur les plus modernes d'entre eux.


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